par | 28 Juil 2025

Législative à Paris : duel de vieux lions sur fond de rancunes, ambitions et règlements de comptes

Paris 2025. Deux noms. Deux egos. Une circonscription. Et une droite qui se regarde toujours autant le nombril pendant que le reste du pays crame.
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Ce lundi, pendant que le soleil écrase les pavés et que les Parisiens rêvent de clim à 19°, Les Républicains, ces vétérans du sabordage politique, s’apprêtent à choisir leur champion pour une législative partielle qui ressemble plus à un épisode raté de House of Cards qu’à une quelconque volonté de redonner vie à la démocratie. Deux finalistes : Michel Barnier, le technocrate aux yeux de cendre, et Rachida Dati, la panthère du bitume qui griffe d’abord et parlemente ensuite.

Ce qui aurait pu être un choix logique, désigner le plus populaire, le plus implanté, celui ou celle qui connaît les codes et les coins de la 2e circo de Paris, s’est transformé en tragédie bourgeoise, à mi-chemin entre Les Liaisons dangereuses et Plus belle la vie. Le genre de téléfilm que même France 3 ne voudrait plus diffuser.

Une droite toujours aussi amoureuse de ses démons

L’histoire commence avec l’inéligibilité de Jean Laussucq, député macroniste par défaut, viré du jeu comme un candidat de Koh-Lanta qui oublie d’éteindre le feu. Soudain, cette bonne vieille 2e circonscription parisienne, ce petit fief chic qu’on croyait à droite pour l’éternité, redevient terrain de chasse.

Michel Barnier y voit une divine opportunité. À 74 ans, l’ancien VRP européen en Brexit recyclé en patriarche LR pense encore qu’il a une chance de rejouer dans la cour des grands. Il se lance officiellement le 15 juillet, soutenu par Bruno Retailleau, ce moine-soldat de la droite réac qui rêve d’une France où la morale serait plus dure qu’un sermon dominical à Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

Mais voilà : Rachida Dati, toujours ministre de la Culture malgré son procès pour corruption et trafic d’influence en embuscade, ne compte pas se laisser doubler sur l’échiquier parisien. Elle a l’Hôtel de Ville en ligne de mire et les ambitions bien affûtées. La voir jouer la figurante dans une législative parachutée ? Très peu pour elle.

L’investiture façon crêpage de chignon de luxe

Le parti, qui devrait normalement être un arbitre neutre, fait tout sauf cacher ses préférences. La Commission nationale d’investiture, pimpée en douce il y a un mois, ressemble davantage à un fan club de Barnier qu’à une instance démocratique. Et Éric Ciotti, l’homme au charisme d’un classeur beige, a déjà béni le Savoyard. À ce stade, même un lancer de dé aurait eu plus de suspense.

Pour calmer les esprits et éviter que la droite ne finisse encore une fois à la cave électorale, une réunion de la dernière chance s’est tenue dimanche. Dati, Barnier et Retailleau autour d’une table. Probablement pas pour partager des macarons. Il s’agissait de faire croire qu’ils étaient capables de jouer collectif. Spoiler : non.

Pendant ce temps, la gauche, ragaillardie par ses percées surprises en 2024, se frotte les mains. L’an dernier, elle avait frôlé le second tour dans une circo que la droite considérait comme “imperméable aux gauchistes”. Comme quoi, à force de se regarder crever entre notables, on finit par laisser passer les squatteurs.

Derrière les sourires crispés : le poison des ambitions

Le nœud du problème, c’est que tout le monde ment, surtout à soi-même. Barnier jure qu’il n’a aucune intention de viser la mairie de Paris. Bien sûr. Et Marlène Schiappa ne veut pas écrire un nouveau livre. Quant à Dati, elle s’est réinscrite chez LR après son passage dans le gouvernement d’Attal, comme une ex qui revient traîner chez son ex par pure stratégie. L’amour ? Foutaises. Il n’y a que la conquête qui vaille ici.

La vérité, c’est que Barnier veut s’asseoir quelque part. N’importe où, tant qu’il peut encore prendre la lumière. Et Dati, elle, n’acceptera jamais d’être sacrifiée pour satisfaire les plans de carrière d’un ancien ministre qui a plus de kilomètres qu’un taxi parisien. Son avenir s’écrit en majuscules, avec ou sans LR, et surtout sans Barnier sur son passage.

Mais plus que les ambitions personnelles, c’est l’état de la droite qui claque sous la lumière de cette énième crise. Incapable de se renouveler, de parler à une génération née après La Haine ou le CPE, elle s’accroche à ses mythes et à ses vétérans comme un naufragé à une planche pourrie.

Paris n’est plus leur terrain de jeu

Ce qui est fascinant, c’est que cette histoire ne passionne plus personne dans les rues de Paris. Entre deux coups de chaleur, les passants n’ont plus rien à faire de ces gladiateurs d’un autre siècle. Les jeunes électeurs, déjà désenchantés par la politique comme un ado face à une boîte de thon, ne voient en Dati et Barnier que deux noms qui sentent la naphtaline.

Pendant que les autres partis inventent, tentent, se plantent, au moins ils avancent. LR, lui, refait les mêmes erreurs. Encore. Encore. Encore. À croire qu’ils préfèrent mourir lentement plutôt que de faire peau neuve.

Ce petit théâtre politique parisien aurait pu être divertissant, presque cocasse, s’il ne révélait pas un vide abyssal. Pas seulement un vide de vision, mais un vide de courage. De celui qui consiste à dire : stop. On arrête les guerres d’ego. On arrête de se disputer des ruines. Et on bâtit autre chose. Mais à force de préférer les intrigues de cour aux batailles de terrain, ces barons finissent seuls dans leurs palais désertés.

Et pendant ce temps-là, la ville attend. Elle n’a plus besoin de promesses. Juste de gens qui se mouillent. Qui n’ont pas peur de parler vrai. Et qui n’ont pas oublié que la politique, c’est pas un trophée, c’est un service public.

Tom, rédacteur passionné chez ANousParis 🖋️. Je couvre toute l'actu parisienne - culture, événements, et tendances de la Ville Lumière! 🗼