Quand la culture devient une variable d’ajustement
50 millions d’euros. Ça peut sembler abstrait, mais pour le secteur culturel, c’est le genre de chiffre qui laisse des traces. Prenez les festivals de cinéma, les expositions itinérantes ou encore les compagnies de théâtre de province : ce sont souvent eux, les premières victimes de ces coupes.
Ce budget amputé, c’est un doigt d’honneur bien maquillé à tous ceux qui défendent l’idée que la culture est une colonne vertébrale, un ciment social. Mais visiblement, dans les hautes sphères, l’art ne sert pas à grand-chose si ce n’est à remplir des salles le samedi soir, entre un blockbuster et un concert de reprises des années 80.
Une vision étriquée : le fast-culture comme modèle
Le problème, ce n’est pas seulement l’argent. C’est l’idée qu’on se fait de la culture. Aujourd’hui, elle est réduite à un produit à consommer vite fait, bien fait, entre deux livraisons Amazon. À l’image des séries Netflix conçues pour être binge-watchées et oubliées dans la foulée.
Cette réduction budgétaire n’est pas qu’un coup de rabot, c’est un signe. Celui d’un État qui considère la culture comme un gadget, un « bonus » qu’on peut supprimer pour gratter quelques euros à réinvestir ailleurs.
La double peine pour les artistes
Parce qu’on en parle peu, mais ce sont les artistes eux-mêmes qui prennent tout de plein fouet. Déjà précarisés, déjà contraints de cumuler les petits boulots, ils voient désormais leurs projets annulés, leurs subventions fondre comme un glaçon dans un mojito parisien.
Et pendant ce temps, on continue à vendre du rêve : des discours sur la « création française », sur l’importance de nos talents à l’international. Hypocrisie totale quand on leur coupe les moyens de vivre, de travailler, de rêver.
Mais pourquoi 50 millions ?
La vraie question, c’est pourquoi ce chiffre précis ? 50 millions, c’est à peine un jour de dépense dans certains autres secteurs. À croire qu’on a gratté là où ça faisait le moins de bruit. Parce que oui, taper sur la culture, c’est facile. Pas de syndicats qui bloquent les routes, pas de manifestations massives. Juste des artistes qui s’indignent sur Twitter et organisent des performances silencieuses devant des ministères.
Rêver malgré tout
Pourtant, la culture résiste. Elle a traversé les guerres, les révolutions, les crises économiques. Et si l’État se désengage, la créativité, elle, continue de bouillonner dans les ateliers, les cafés-théâtres, et même sur les réseaux sociaux.
Mais ce n’est pas une raison pour accepter cette situation. Parce qu’un pays sans culture, c’est une société sans âme. Alors qu’on nous explique comment justifier cette saignée à blanc, parce que personne ne danse dans un vide sidéral.
En attendant, les artistes continueront. Par passion, par révolte. Et parce que créer, c’est tout ce qui leur reste. À nous de ne pas les oublier.