Une ville, des personnages, et beaucoup de nuances
« Ça, c’est Paris », ce n’est pas une carte postale figée, mais un miroir tendu à une ville complexe. Alex Lutz, que l’on connaît pour son sens aigu de la satire, incarne un galeriste dépassé, coincé entre ses ambitions artistiques et les réalités crasses du marché. Charlotte de Turckheim, elle, brille dans le rôle d’une femme qui navigue entre les codes anciens et la modernité imposée.
Leur Paris n’est pas celui d’Amélie Poulain. C’est un lieu où la beauté côtoie la désillusion, où les terrasses chic masquent des angoisses bien réelles. Et c’est précisément là où la série marque des points : elle capture l’âme de Paris, sans tomber dans la caricature.
Paris, star et victime de son propre mythe
Ah, Paris. Ville de l’amour, du vin rouge et des escaliers impossibles à grimper sans souffler. Mais derrière le glamour, il y a aussi les loyers asphyxiants, les gilets jaunes, et les trottinettes électriques en embuscade. « Ça, c’est Paris » joue brillamment avec cette dualité.
Un exemple marquant ? Une scène où Alex Lutz traverse un vernissage mondain rempli d’artistes prétentieux, tandis qu’à l’extérieur, une manifestation s’organise. Ce contraste saisissant illustre à merveille les fractures sociales de la capitale. Une critique mordante qui rappelle que Paris est à la fois un rêve et un cauchemar, selon où l’on se situe sur l’échiquier social.
Une satire grinçante qui touche juste
L’humour noir est l’arme principale de la série, et il est manié avec une finesse rare. Charlotte de Turckheim excelle dans des répliques acérées qui décortiquent le snobisme parisien. Alex Lutz, lui, joue à merveille le rôle d’un homme dépassé par un monde qu’il croyait maîtriser.
Mais la série ne se limite pas à critiquer les bobos et les galeries d’art vides. Elle explore des thèmes universels : le vieillissement, les rêves brisés, et cette quête insatiable d’authenticité dans un monde obsédé par les apparences. Une approche subtile qui la rend aussi pertinente à Nantes qu’à Saint-Germain-des-Prés.
Une mise en scène audacieuse
Visuellement, « Ça, c’est Paris » s’offre une esthétique léchée qui joue avec les contrastes. Les scènes de galeries d’art sont saturées de couleurs froides, presque oppressantes, tandis que les moments plus intimes baignent dans une lumière chaude, comme un clin d’œil à un Paris plus humain.
La réalisation, signée par un duo de jeunes talents, ose des plans longs et des silences qui en disent autant que les dialogues. Une audace rare sur le petit écran, où le rythme frénétique domine souvent.
Paris, ce personnage insaisissable
Au final, « Ça, c’est Paris » réussit là où beaucoup échouent : capturer l’essence insaisissable de cette ville. Une ville qui fascine autant qu’elle exaspère, qui inspire autant qu’elle étouffe. Si vous êtes Parisien·ne, vous reconnaîtrez les petites névroses du quotidien. Si vous êtes d’ailleurs, vous découvrirez une capitale bien différente des clichés touristiques.
Alors, faut-il regarder cette série ? Absolument. Ne serait-ce que pour le plaisir de voir Alex Lutz et Charlotte de Turckheim jouer avec une ville qui est à la fois leur décor et leur adversaire. Parce qu’au final, « Ça, c’est Paris », c’est surtout nous tous.