par | 17 Juin 2024

Le TIG à Paris : une nouvelle page blanche cool et utile

Le travail d'intérêt général à Paris, c'est bien plus qu'une alternative à l'incarcération. Grâce à l'agence parisienne du TIG, les condamnés ont une opportunité unique de se réinsérer socialement et professionnellement. Plongée dans une initiative audacieuse où l'humain est au cœur des préoccupations et où chaque mission est une chance de plus pour repartir du bon pied.
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L’agence parisienne du travail d’intérêt général (TIG) et de la prévention de la récidive, c’est un peu comme le dernier épisode d’une série culte qui remet les pendules à l’heure. Lancée en juin 2023, cette initiative vise à organiser et optimiser l’accueil des TIGistes, ces personnes qui ont été condamnées à des peines alternatives à l’incarcération. Le but ? Offrir une deuxième chance loin des barreaux, en misant sur des missions utiles à la communauté.

Et devinez quoi ? Pour la première fois, un Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) parisien a ouvert ses portes à deux TIGistes début 2024. L’Ehpad Annie Girardot, dans le 13e, accueille B., 24 ans, qui y effectue ses 210 heures de TIG au service restauration. B. bosse deux jours par semaine dans cet Ehpad, car le reste du temps, il a un job qu’il ne peut pas lâcher. 

Un « feeling » nécessaire entre le candidat et la structure

L’agence parisienne du TIG joue les entremetteurs entre les établissements comme l’Ehpad Annie Girardot et les TIGistes. C’est une sorte de Tinder pour le boulot d’intérêt général, mais en mieux, parce que là, le « match » doit être parfait. Franck Oudrhiri, le directeur de l’Ehpad, en est convaincu. Après une réunion d’information, il a décidé de tenter l’aventure. Il a envoyé deux fiches de poste à l’agence: une pour la restauration, l’autre pour la lingerie. Le casting est soigné : pas question de placer un TIGiste condamné pour violence auprès de personnes vulnérables.

Le processus est clair: une fois le candidat trouvé, un entretien a lieu pour s’assurer que le courant passe. Pas de forcing, c’est le feeling ou rien. Si tout le monde est d’accord, le TIGiste démarre sa mission une fois que le service judiciaire a donné son feu vert. Et là, c’est parti pour une expérience humaine intense.

« Nous sommes dans une posture de réalité »

On pourrait croire que tout se passe toujours comme sur des roulettes, mais non. Catherine Jouaux, la boss de l’agence, est la première à l’admettre: il y a des succès et des échecs. « Si ça doit s’arrêter, ça s’arrête », dit-elle. La réalité, c’est que tous les TIGistes ne s’intègrent pas forcément bien. Mais l’important, c’est de donner une chance.

Une histoire qui fait chaud au cœur, c’est celle de K., un TIGiste qui a bossé à la lingerie de l’Ehpad en février-mars 2024. Encadré par Nathalie Boussard, il s’est tellement bien intégré qu’il a envisagé de passer le concours pour bosser dans ce domaine. 

Une expérience humaine forte

Franck Oudrhiri est convaincu par l’expérience et envisage déjà d’accueillir d’autres TIGistes dans divers services de l’Ehpad. Pour lui, c’est une manière de contribuer à la réinsertion sociale et professionnelle des personnes condamnées. Le TIG, c’est une « peine intelligente », comme le disait Robert Badinter, parce qu’elle permet de se rendre utile tout en offrant une deuxième chance.

Les tuteurs ne reçoivent aucune aide financière, mais ils gagnent en compétences et en humanité. Encadrer un TIGiste, c’est aussi une manière différente de manager ses équipes en créant des dynamiques nouvelles.

Un investissement sur la base du volontariat

Avant l’agence, c’était le bazar: les services judiciaires fonctionnaient en direct avec quelques structures habituées à recevoir des TIGistes. Aujourd’hui, l’agence reçoit des candidatures et propose des affectations à travers toute la ville. C’est un changement de paradigme: un système plus équitable, où les opportunités sont élargies.

L’agence se déplace dans les différentes directions de la Ville pour vendre son dispositif. C’est du boulot, c’est sûr, mais le jeu en vaut la chandelle. L’objectif? Établir des passerelles vers l’insertion professionnelle et prévenir la récidive. Une mission ambitieuse, mais nécessaire.

Pour finir, l’engagement dans le TIG, c’est avant tout une question de choix et de volonté. Un pari sur l’humain, une main tendue vers ceux qui cherchent une nouvelle voie. C’est ça, le vrai visage du TIG : une deuxième chance qui ne se prend pas, mais se mérite. Alors, qui a dit que la justice ne pouvait pas être cool et humaine ?

Thomas

Tom, rédacteur passionné chez ANousParis 🖋️. Je couvre toute l’actu parisienne – culture, événements, et tendances de la Ville Lumière! 🗼