Emily et son appart : le rêve immobilier à 8 000 balles
L’appartement d’Emily dans le 5ᵉ arrondissement, avec sa vue de carte postale et ses murs colorés, est une véritable anomalie parisienne. En vrai, le loyer d’un tel bijou dépasserait allègrement les 8 000 euros mensuels. Oui, 8 000 euros. Autrement dit, la moitié de l’héritage que ta grand-mère te laisse pour payer ta vie entière.
Et pourtant, la série nous fait croire qu’une stagiaire fraîchement débarquée de Chicago peut se payer cet écrin de rêve en jonglant avec des hashtags sur Instagram. Spoiler alert : la seule chose que tu peux te permettre avec un salaire junior à Paris, c’est une chambre de bonne où le lit est aussi ton plan de travail.
Bienvenue dans le vrai Paris : rats, loyers et radiateurs en panne
Pendant qu’Emily savoure son croissant du matin sur son balcon (qui, rappelons-le, est plus grand que la salle commune de ton coliving), le Parisien moyen, lui, lutte pour ne pas mourir de froid dans son 15 m² mal isolé. Selon une récente étude, le loyer médian pour un studio à Paris est de 1 100 euros. Ce qui représente environ 40 % du salaire moyen. À ce rythme, autant vivre directement dans un Starbucks : au moins, tu as le Wi-Fi gratuit et du chauffage.
Et ne parlons pas des charges invisibles : rats dans les cages d’escalier, ascenseurs en panne depuis 2004, et voisins qui ont transformé le mur mitoyen en piste de danse. C’est ça, le vrai Paris. Un charme brut qu’Emily ne verra jamais entre deux cocktails avec des pseudo-intellectuels du Marais.
Quand Netflix vend l’illusion du Paris « à la française »
Ce qui est fascinant avec Emily in Paris, c’est sa capacité à gommer la moindre aspérité du quotidien parisien. Pas de grèves RATP, pas d’odeur suspecte dans le métro, pas de factures EDF à payer. On dirait presque que la série a été réalisée dans une réalité parallèle où Paris n’est qu’amour, paillettes et soirées sur des rooftops.
Mais Paris, c’est aussi ses galères. C’est le gars de la ligne 13 qui hurle au téléphone, les 20 minutes de queue pour une baguette « tradition » et les prix exorbitants pour un café tiède sur les Champs-Élysées. Et ça, Emily ne le montre jamais, parce qu’évidemment, ça vend moins de sacs Chanel.
Pourquoi on continue de rêver à ce Paris inaccessible
Malgré tout, on regarde Emily in Paris avec une fascination coupable. Peut-être parce que cette version édulcorée de la ville nous rappelle pourquoi on est tombés amoureux de Paris à la base. La beauté des immeubles haussmanniens, les lumières qui scintillent sur la Seine, et cette sensation unique d’être au centre du monde.
Mais soyons honnêtes : vivre comme Emily est un fantasme destiné à rester sur nos écrans. Pour les vrais Parisiens, la vie ici ressemble davantage à une série HBO dramatique qu’à une comédie romantique Netflix. Ce n’est pas toujours joli, mais c’est authentique, brut, et étrangement addictif.
Alors, même si je râle, je ne changerais Paris pour rien au monde. Même avec ses galères, ses loyers absurdes et son chaos ambiant, cette ville reste magique. Mais peut-être pas au point de claquer 8 000 euros pour un balcon où faire poser mon croissant.