par | 28 Mai 2024

Quand l’ossature bois facilite la construction en milieu urbain très dense

Dans les ruelles étroites du XVIIIe arrondissement de Paris, un bâtiment en ossature bois redéfinit la construction urbaine. Ce projet pionnier combine écologie et modernité, prouvant que même dans les espaces les plus confinés, l'innovation peut triompher. Découvrez comment ce joyau architectural montre la voie vers un avenir plus vert.
Temps de lecture : 3 minutes

Une révolution verte dans le XVIIIe

Imaginez-vous serpenter à travers les ruelles étroites et vibrantes du XVIIIe arrondissement de Paris, où chaque coin de rue raconte une histoire. Là, dans le passage Lathuille, un miracle de modernité et de durabilité s’est érigé : un bâtiment à ossature bois qui redéfinit la construction urbaine. Spoiler : on parle de bois, béton, et un coup de maître architectural dans un espace où même un vélo pourrait se sentir claustrophobe.

L’avènement du bois en milieu hostile

Le passage Lathuille est un dédale si étroit qu’on pourrait se demander comment, en 2015, Élogie-Siemp a pu signer un bail emphytéotique pour une parcelle de 155,60 m² sans provoquer une émeute de claustrophobes. C’est un joyau caché entre l’avenue de Clichy et le boulevard de Clichy, destiné à un projet ambitieux : un immeuble R+4 en bois préfabriqué. Oui, vous avez bien entendu, préfabriqué !

Ce projet mené par le cabinet RAMDAM et leurs partenaires démontre qu’on peut faire pousser du bois dans le béton sans embouteiller la moitié de Paris. Une seule façade, un périmètre protégé, des contraintes de sol liées à la présence de gypse antéludien – et malgré tout, ils l’ont fait.

La prouesse logistique

Le chantier, une danse synchronisée de permis de construire, de consultations et de travaux, a été un modèle de précision. Démarré en mai 2021, il a livré ses premiers logements en avril 2023. Un record dans une ville où chaque pierre semble avoir été posée par Napoléon lui-même.

Les fondations et le rez-de-chaussée en béton, les étages en ossature bois préfabriquée : ce mélange judicieux a permis de gagner en légèreté et en rapidité. En trois semaines, les quatre étages étaient montés, défiant les lois de la bureaucratie parisienne.

Le label Biosourcé niveau 3, un Oscar pour le bâtiment

Ce bâtiment est certifié NF Habitat HQE et arbore fièrement le label Biosourcé niveau 3. Le genre de certification qui fait battre le cœur des écologistes et pourrait donner des sueurs froides à Greta Thunberg. Pour obtenir ce niveau, il fallait atteindre un ratio de 18 kg/m² de matière biosourcée. Ils ont fait mieux : 32 kg/m². Un tour de force rendu possible grâce à une structure en bois lamellé-collé, des planchers en bois et une isolation en fibre de bois.

Coût et financement : l’argent, nerf de la guerre verte

On ne fait pas pousser des immeubles en bois sans un solide soutien financier. Coût total de l’opération : 3 126 718 € TTC. Subventions de la Ville de Paris, de l’État, du musée du Louvre, et bien sûr, un prêt de la Caisse des Dépôts. Une symphonie de financement qui ferait rougir un directeur de banque.

Un design audacieux et fonctionnel

Le design est une œuvre d’art en soi. Deux volumétries désaxées, des fenêtres d’angle, des protections solaires en zip, et une façade en enduit à la chaux sur isolation en fibre de bois. Ce n’est pas juste un bâtiment, c’est un manifeste architectural.

Adaptation aux nouvelles régulations

Il est à noter que depuis la conception de ce bâtiment, la réglementation incendie pour les constructions en bois a évolué. Aujourd’hui, il ne serait plus possible de laisser les poutres apparentes dans les duplex. Pourtant, ce bâtiment reste un exemple lumineux de ce que l’on peut accomplir avec un peu de bois, beaucoup de créativité et une tonne de détermination.

Un futur à réécrire

Ce bâtiment est plus qu’une structure ; c’est une déclaration. Il montre que la densité urbaine n’est pas une fatalité et que même dans les espaces les plus confinés, l’innovation et l’écologie peuvent triompher. À une époque où la crise climatique nous force à repenser nos modes de vie et de construction, ce projet est une lueur d’espoir. Paris, avec ses mille défis, prouve qu’il est possible de bâtir un futur durable, un bâtiment à la fois.

Alors, la prochaine fois que vous passez par le passage Lathuille, levez les yeux et admirez cette merveille de bois et de béton. Et rappelez-vous que même dans la ville la plus dense, il y a toujours de la place pour un peu plus de vert.

Tom, rédacteur passionné chez ANousParis 🖋️. Je couvre toute l'actu parisienne - culture, événements, et tendances de la Ville Lumière! 🗼