Un geste qui fait jaser
L’Assemblée nationale, temple de la démocratie française, est récemment devenue le théâtre d’un spectacle haut en couleur, grâce à Rachel Keke, députée de La France Insoumise (LFI). En agitant un drapeau palestinien en pleine séance des Questions au gouvernement, elle a provoqué une suspension de séance, ajoutant du piquant à une session autrement routinière. Keke et ses collègues Insoumis ne s’en excusent pas, bien au contraire. Leur message est clair : tant qu’il n’y aura pas de cessez-le-feu à Gaza, le drapeau palestinien continuera de flotter dans l’hémicycle.
La droite en furie
Les réactions ne se sont pas faites attendre. À droite, c’est l’indignation totale. Eric Ciotti, leader des Républicains, ne mâche pas ses mots, qualifiant les Insoumis de « bande d’extrémistes dangereux » et appelant à un coup d’arrêt face à leurs « provocations ». On est loin de la courtoisie parlementaire ici, les mots sont tranchants, la tension palpable. Pierre-Henri Dumont en rajoute une couche, dénonçant un « foutoir géant » orchestré à des fins électoralistes. Pour eux, LFI cherche simplement à séduire une minorité de la population, quitte à transformer l’Assemblée en champ de bataille.
Des sanctions record
La législature actuelle est sans doute la plus tumultueuse depuis la naissance de la Ve République en 1958. Avec 109 sanctions prononcées, elle bat tous les records. Et devinez quoi ? La majorité de ces sanctions concerne des députés Insoumis. La République en Marche et les Républicains sont décidés à sévir, mais pour Mathilde Panot, cheffe des députés LFI, les sanctions ne sont qu’un obstacle de plus à contourner. Pour elle, le drapeau palestinien est plus qu’un symbole ; c’est un acte de résistance.
Le théâtre de l’absurde
Il est fascinant de voir comment un simple drapeau peut secouer toute une institution. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, compare la scène à un match de foot ou un théâtre, rappelant que l’hémicycle est avant tout un lieu de débat démocratique. Mais soyons réalistes, la politique est souvent plus proche d’un théâtre absurde que d’un échange courtois d’idées. Chaque geste, chaque mot est calculé pour marquer des points, pour choquer, pour mobiliser.
Mon point de vue : la guerre des symboles
En tant que spectateur de cette tragédie comique, difficile de ne pas se sentir pris entre deux feux. D’un côté, la passion des Insoumis qui, à défaut de convaincre tout le monde, réussissent à faire parler d’eux. De l’autre, la rigidité d’une droite qui peine à comprendre que la politique n’est plus ce qu’elle était. Aujourd’hui, tout est affaire de symboles, de coups d’éclat, de messages chocs. La guerre des idées se joue autant dans les médias sociaux que dans les arènes politiques.
Et puis il y a nous, le peuple, qui regardons ce cirque avec un mélange d’amusement et de désespoir. Qu’on le veuille ou non, ces gesticulations parlementaires reflètent une réalité plus large, celle d’une société en quête de repères, de voix fortes, de symboles. Alors, qu’ils brandissent leurs drapeaux, qu’ils s’insultent et s’accusent. À la fin, c’est nous qui déciderons si cette pièce mérite une ovation ou des huées. Parce qu’au fond, la politique n’est rien sans le regard critique de ceux qu’elle prétend servir.