Les Français, ces cyniques professionnels
Ce n’est un secret pour personne : les Français cultivent un scepticisme presque artistique envers leurs dirigeants. Le fossé entre le pouvoir et le peuple s’est transformé en canyon. Entre les gilets jaunes, les manifestations monstres contre les réformes des retraites, et les apéros de « RIC » dans les cafés, tout semble indiquer que les Français en ont ras-le-bol de la comédie institutionnelle.
Et qui pourrait les blâmer ? Quand on regarde les enquêtes, comme celle du CEVIPOF qui montre que 72 % des Français n’ont plus confiance en la politique, on se demande comment la nouvelle star de Matignon va pouvoir apaiser les tensions. Distribuer des chèques énergie ne suffira pas, cher Premier ministre.
La politique spectacle : un mauvais remake
À force de promesses non tenues, les responsables politiques ont transformé la démocratie en un mauvais soap opera. Le public n’est pas dupe. On connaît la trame : une élection, des promesses, un mandat, des scandales, et à la fin, rien ne change. En 2024, cette mécanique est devenue insupportable. Même Netflix propose plus de suspense.
Ce qui manque, c’est une vision. Pas celle qu’on déclame devant les caméras dans des meetings soporifiques, mais celle qu’on incarne réellement. Le vrai courage politique, ce n’est pas de prendre des décisions impopulaires et de s’en vanter sur Twitter ; c’est d’écouter, de comprendre, et de réagir avec une vraie empathie. Mais cette qualité semble aussi rare dans le paysage politique que l’honnêteté chez les influenceurs vendant des abonnements à des VPN.
Retisser le lien : mission impossible ?
Retisser le lien avec le peuple ? Ça ressemble à un slogan marketing de mauvais goût. Pourtant, la clé est là. Les Français ne demandent pas l’impossible : juste des dirigeants capables de les respecter, de les écouter et de mettre leurs priorités au centre des débats. C’est dingue comme ça semble compliqué.
Les solutions ne manquent pourtant pas. Pourquoi ne pas introduire un peu de démocratie participative pour de vrai, avec des assemblées citoyennes aux pouvoirs réels ? Pourquoi ne pas miser sur une refonte complète du système électoral, avec une dose de proportionnelle, histoire que chaque voix compte ? Pourquoi ne pas faire le ménage dans les privilèges des élus, pour prouver qu’ils ne sont pas des demi-dieux au-dessus des lois ?
Mais soyons réalistes. Tout cela nécessite du courage. Et le courage, en politique, ça ne court pas les rues. La peur de perdre des voix, de froisser les lobbies, ou pire, de se faire huer par des syndicats en colère, paralyse toute action audacieuse. Alors, on préfère l’immobilisme, sous un vernis de « réformes nécessaires. »
Une jeunesse qui n’y croit plus
Et la jeunesse dans tout ça ? Ce public clé, ce réservoir d’espoirs et d’idées nouvelles, est laissé pour compte. Quand 40 % des jeunes de 18 à 25 ans préfèrent s’abstenir aux élections, ce n’est pas par désintérêt, mais par désillusion. Comment leur reprocher de zapper les débats politiques pour binge-watcher des séries quand tout semble figé ?
Dans une société où la précarité étudiante explose, où le climat devient un sujet de conversations anxieuses et où l’avenir ressemble à un champ de ruines, les beaux discours sur « la grandeur de la France » sonnent comme des blagues amères.
Et maintenant, on fait quoi ?
On pourrait terminer sur une note optimiste, mais ce serait vous mentir. Si le nouveau Premier ministre veut vraiment marquer l’histoire, il devra se salir les mains, aller sur le terrain, et accepter de réinventer une politique moribonde. Cela implique de parler vrai, d’agir vite et, surtout, de ne pas craindre le changement.
Il est temps que nos dirigeants arrêtent de se regarder dans le miroir et commencent à regarder autour d’eux. Sinon, ils continueront à jouer dans une pièce de théâtre désertée par ses spectateurs. Et cette fois, il n’y aura pas de rappel pour sauver l’acte final.