par | 3 Nov 2025

Boulazac écrase Paris à Roland-Garros : la claque inattendue du basket français

Sous le toit de Roland-Garros, Boulazac a fait vaciller la capitale. Le promu de Dordogne a infligé à Paris Basketball une défaite historique, 96-80, dans une ambiance électrique et un décor inédit.
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Quand le promu s’invite dans la cour des grands

Paris aime se penser invincible. Capitale des lumières, du style, des startups… et désormais du basket avec son club vitrine, Paris Basketball, qui empile les ambitions comme les affiches publicitaires sur le périph. Sauf que le 21 septembre 2025, sous le soleil écrasant du court Philippe-Chatrier à Roland-Garros, un invité a décidé de renverser la table : Boulazac Basket Dordogne. Le promu, revenu de Pro B, a mis une raclée à la capitale, 96 à 80, dans ce qui devait être une « petite finale » tranquille de la SuperCoupe LNB. Un match sans enjeu, disaient-ils. Une humiliation nationale, au final.

Le décor : Roland-Garros transformé en arène de basket

Pour sa grande fête d’ouverture de saison, la Ligue Nationale de Basket avait vu grand. Un terrain installé sur le mythique court Philippe-Chatrier, des gradins bondés, une production digne d’un show NBA, des stars invitées et des écrans géants partout. Le projet : montrer que le basket français peut s’offrir du prestige, du storytelling et du spectacle.
Sur le papier, tout était écrit : Paris, le champion en titre, devait laver l’affront de sa défaite en demi-finale la veille contre Le Mans. Boulazac, lui, arrivait comme figurant : petit budget, promu de province, presque un intrus au milieu des géants Monaco, Paris et Le Mans. Mais c’est souvent dans ces scénarios écrits d’avance que le sport retrouve son ADN : celui de la surprise pure.

Paris se croit tranquille, Boulazac plante ses crocs

Le début du match donne raison aux Parisiens : rythme maîtrisé, adresse correcte, avantage logique à la pause. Le public applaudit mollement, convaincu que la logique fera le reste. À la mi-temps, Paris mène largement, sûr de sa force. Le show, le son, les caméras : tout va dans son sens.
Mais quelque chose bascule après la pause. Une tension, un déséquilibre subtil. Les passes parisiennes deviennent molles, les tirs se coincent sur l’arceau, les visages se crispent. En face, les Boulazacois accélèrent, mordent, plongent au sol, et jouent chaque possession comme si c’était la dernière. En quelques minutes, l’énergie change de camp.
Boulazac inflige un 14-0 violent en début de dernier quart-temps. Paris ne comprend plus rien. Le promu les pousse dehors, physiquement et mentalement. Et le public, d’abord hilare, commence à sentir le malaise.

Un massacre en chiffres

Le score final, 96 à 80, ne raconte même pas toute la violence du match. Boulazac termine avec plus de 55 % de réussite au tir, contre à peine 40 % pour Paris, et une domination écrasante au rebond. Le meneur Jacob Grandison – le genre de joueur qui d’habitude passe sous les radars – plante 25 points, prend 9 rebonds, distribue 5 passes et finit meilleur joueur de la rencontre.
Côté Paris, c’est la panne sèche : pertes de balle à la chaîne, tirs précipités, communication absente. On a vu des visages durs, des regards vides. L’équipe qui se voulait vitrine du basket français a semblé fatiguée, presque hautaine, comme si elle découvrait que le talent ne suffit pas sans l’envie.

Une humiliation symbolique

Ce n’est pas qu’un score : c’est un symbole. Paris Basketball, avec son budget colossal, son marketing léché et ses ambitions européennes, vient de se faire battre par Boulazac, club de Dordogne qui vit à mille kilomètres de cette frénésie urbaine. C’est le contraste total : d’un côté, le modèle business, de l’autre, le collectif pur.
Sur le court, on voyait deux philosophies s’opposer : la planification contre l’instinct, le clinquant contre la sueur. Et pour une fois, c’est le basket des champs qui a mangé celui des grandes avenues.
Ce genre de match, ça dépasse le sport. C’est un rappel brutal que les hiérarchies vacillent, que les « petits » peuvent bousculer les trônes dès qu’ils croient assez fort à leur place. Et dans une ville comme Paris, où tout doit toujours briller, voir l’imprévu triompher a quelque chose de presque poétique.

Le contexte : un championnat en mutation

Le basket français change. Entre les ambitions de Monaco sur la scène européenne, le retour de Paris dans l’élite et l’émergence de clubs de province bien structurés, la Betclic Élite vit une période de transition.
Boulazac, relégué il y a deux saisons, a reconstruit un projet solide autour d’un collectif discipliné, de jeunes prometteurs et d’un coach qui prône le travail avant la réputation.
Cette victoire, en apparence anecdotique, pourrait bien être le signal d’un nouvel ordre. Le basket français a longtemps été dominé par les grandes métropoles. Aujourd’hui, les petites villes montrent les dents : elles recrutent intelligemment, travaillent dans l’ombre, et arrivent avec une rage que les clubs installés ont parfois perdue.

Roland-Garros, théâtre d’un basculement

Choisir Roland-Garros pour accueillir du basket, c’était osé, voire un peu prétentieux. Le lieu sent encore la terre battue et le prestige. En quelques jours, il a été transformé en arène futuriste, avec parquet, gradins et écrans. Et symboliquement, voir un club modeste venir dominer la capitale sur le terrain du tennis le plus chic de France, c’est un petit chef-d’œuvre d’ironie.
Les spectateurs présents ont vu un vrai show, mais pas celui qu’ils attendaient. Pas de spectacle calibré à la NBA, pas de domination des stars parisiennes : un combat, brut, sincère, désordonné. Et c’est peut-être ça, la beauté de l’événement.

L’état d’esprit Boulazac

Ce n’est pas un hasard. Depuis leur retour dans l’élite, les joueurs du BBD avancent avec une mentalité de survie. Budget modeste, peu de stars, mais une envie collective qui compense tout.
Leur victoire face à Paris n’est pas une flèche isolée, c’est le fruit d’une méthode. Travail défensif, confiance dans les rotations, refus de lâcher même à -15.
L’équipe se nourrit de cette image de petit poucet. Et cette victoire ne sera pas qu’un souvenir : elle sera un repère. Chaque fois qu’ils retourneront sur le parquet cette saison, les Boulazacois sauront qu’ils ont déjà fait tomber un champion, dans un lieu mythique, sous les projecteurs du monde.

Paris, la gueule de bois

Pour Paris Basketball, cette défaite pique. Le club, soutenu par de gros investisseurs et considéré comme l’un des projets sportifs les plus ambitieux du pays, se retrouve avec un sérieux problème : la suffisance.
Trop de confiance, pas assez de cohésion, une dépendance excessive aux individualités. On a senti une équipe qui joue son rang plus qu’elle ne le mérite. Cette claque, aussi brutale soit-elle, pourrait servir d’électrochoc. Le genre de rappel qu’aucun budget ne t’épargne la réalité : il faut se battre, à chaque match.

Le message du sport

Ce qui s’est joué ce jour-là à Roland-Garros dépasse le basket. C’est une leçon universelle sur les cycles, la méritocratie et l’imprévisible.
Le sport reste l’un des rares espaces où les hiérarchies tombent sans prévenir. Où un club au budget trois fois inférieur peut, par le simple effet du courage et de la cohérence, faire plier une armée de stars.
Et dans une époque où tout est scénarisé, marketé, prédictible, ce genre de retournement rappelle que le réel a encore du panache.

Une victoire qui redonne du souffle au basket français

Boulazac n’a pas seulement gagné un match. Le club a redonné un peu de fraîcheur à un championnat souvent jugé prévisible. En prouvant qu’on peut bousculer les certitudes, il redonne envie de regarder, d’y croire, de suivre.
Pour la LNB, c’est une bénédiction : le storytelling parfait pour faire vibrer un public jeune, urbain, curieux, parfois détaché du sport national.
Une petite ville, une grande équipe, une capitale qui tombe : difficile de rêver mieux pour relancer la flamme.

Paris devra se relever, Boulazac vient d’entrer dans la lumière

Dans quelques semaines, tout le monde aura repris son train-train. Paris retrouvera ses automatismes, Monaco retrouvera ses trophées, Le Mans ses coups de chaud.
Mais cette journée de septembre restera gravée : celle où le petit a mordu le grand, où le court de Roland-Garros a vibré pour autre chose qu’une balle jaune, où le basket français a retrouvé un peu d’imprévu, d’adrénaline et d’authenticité.

Tom, rédacteur passionné chez ANousParis 🖋️. Je couvre toute l'actu parisienne - culture, événements, et tendances de la Ville Lumière! 🗼