Suspense tarifaire : Paris se mord les ongles
Lundi, lโannonce-surprise avait mis un shoot dโadrรฉnaline dans les veines des marchรฉs : luxe, bagnoles allemandes et banques ont bondi comme si le champagne รฉtait gratuit. Mais sitรดt la poussiรจre retombรฉe, la rue Vivienne retrouve son flegme nรฉvrotique. Pourquoi ? Parce quโavec Trump, la moitiรฉ des proclamations finissent dรฉchirรฉes avant mรชme de sรฉcher. Les nรฉgociations avec Bruxelles ressemblent ร un match de tennis oรน la balle serait une grenade dรฉgoupillรฉe. Le meilleur scรฉnario : statu quo. Le pire : un mur douanier qui ferait passer les ยซ gaffes ยป de 2018 pour un pique-nique sur pelouse synthรฉtique.
Dollar en chute libre : le roi est nu
Pendant que les geeks de Wall Street se demandent quelle IA รฉcrira leurs prochains algos, le Bloomberg Dollar Spot Index se dรฉleste de prรจs de 9 % depuis janvier โ flirt mortel avec les abysses que la Fed avait jurรฉ dโรฉviter. Plus personne ne veut de billets verts qui sentent la dette ร plein nez : dรฉficits jumeaux, tax-cuts ร rallonge, et Washington qui joue les pyromanes fiscaux. Rรฉsultat : lโeuro bombe le torse, le yen mange son tofu en ricanant, et mรชme la roupie indienne se paie le luxe dโun uppercut. Pour les importateurs franรงais, cโest lโaubaine ; pour LVMH qui facture ses sacs ร New-York, cโest un cauchemar parfumรฉ au cuir tannรฉ.
Nvidia, lโoracle en silicone que tout le monde guette
Mercredi, la planรจte finance retiendra son souffle comme un fan devant la finale de la Star-Ac : Nvidia publie ses rรฉsultats, avec un jackpot anticipรฉ de +66 % de chiffre dโaffaires โ excusez du peu. Dans les back-offices, on parle dรฉjร de โJensen-maniaโ : si le fabricant de GPU confirme lโorgasme numรฉrique, le Nasdaq pourrait sโembraser et, par ricochet, filer une poussรฉe dโadrรฉnaline au CAC via STMicro et consorts. Sinon ? On rangera les confettis et on ressortira les mouchoirs. En attendant, Paris joue la statue de sel : pas question de se positionner avant le verdict de Santa Clara.
La rue Vivienne entre cafรฉ serrรฉ et sueurs froides
Sur le parquet, les cambistes comparent Trump ร un influenceur TikTok : mรชme besoin dโattention, mรชme capacitรฉ ร retourner sa veste en dix secondes et mรชme allergie aux manuels dโรฉconomie. Les banquiers privรฉs, eux, tentent de rassurer leurs clients : โNe paniquez pas, diversifiezโ. Facile ร dire quand on facture 2 % de frais. Pour le petit porteur qui a misรฉ son PEA sur Sanofi (qui vient de signer le rachat de Dren Bio pour 1,9 milliard de dollars) ou Elis (promesse de marges grassouillettes) la volatilitรฉ actuelle, cโest un peu comme un manรจge ร la fรชte foraine : fun tant quโon ne vomit pas sa barbe ร papa.
Pendant ce temps, au Palais Brongniart dรฉsaffectรฉ, les statues nรฉoclassiques regardent ce cirque avec stoรฏcisme. Cent cinquante ans quโelles en voient dรฉfiler, des crises : la guerre de 14, les chocs pรฉtroliers, la bulle internet, et maintenant Trump en clown rouge. Paris reste Paris : un mรฉlange de cynisme raffinรฉ et de panique sublime.
Et maintenant, on fait quoi ?
Soyons clairs : personne nโa le cheat-code. Si Trump dรฉcide demain que la Tour Eiffel doit payer une dรฎme ร Mar-a-Lago, les algos saigneront du nez et les stratรจges rรฉรฉcriront leur note de synthรจse faรงon Sudoku. Mais cโest justement lร que le jeu devient jouissif : la Bourse de Paris nโest jamais aussi vivante que lorsquโelle flirte avec le prรฉcipice. Alors, ouvre lโลil, garde ton second degrรฉ vissรฉ au cลur et, surtout, nโoublie pas que derriรจre chaque graphique qui dรฉvisse se cache un trader en sueur et un stagiaire qui fait chauffer Excel. Si tu veux sentir le pouls de cette jungle, plante-toi devant le panneau des cotations ร 8 h 59, respire lโodeur du mรฉtal et du croissant tiรจde, et laisse le rideau se lever. Rien de tel quโun petit frisson boursier pour pimenter ton mardi.