L’art du minimalisme… ou du vide ?
En entrant, tu te retrouves face à un bar qui transpire l’épure. On est loin des bars sombres et encombrés du Marais où les bouteilles se disputent l’espace. Ici, les murs sont tapissés de parchemin d’âne (oui, t’as bien lu), le cuir crème s’étale sur les sièges comme une couverture molletonnée et, cerise sur le gâteau, un immense comptoir bordé de tabourets carmin. Mais ce qui saute aux yeux, c’est cette salle de dégustation planquée au fond, sous une fresque signée Gérard Garouste (du lourd), dédiée aux vins rares. Pour une atmosphère qui se veut minimaliste, c’est plutôt chic.
Sauf… cette faute de goût monumentale : des tables en faux travertin sous les majestueux lustres Art déco. Sérieux ? Dans un endroit aussi haut de gamme, on balance du « faux » pour meubler ? C’est comme foutre une pochette Gucci dans les rayons de Zara. Allez comprendre…
Des cocktails aux parfums d’audace
Mais ne nous laissons pas distraire par les détails. Ce qui nous intéresse, ce sont les cocktails, n’est-ce pas ? Et là, Margot Lecarpentier envoie du lourd. On est dans l’artisanat, l’orfèvrerie du verre, avec la sublime verrerie Baccarat qui fait briller chaque création. Mais attention, on n’est pas dans l’excès de sucre ou les cocktails Pinterest-friendly. Ici, on parle de sophistication.
Prends l’Épinal, par exemple. Imagine un mélange audacieux de gin infusé au pignon et au parmesan. Oui, tu as bien lu, parmesan. Rajoute à ça du vermouth, de l’olive et du petit-lait. Le tout servi dans un verre asymétrique qui te rappelle que, non, ici, rien n’est « normal ». Mais soyons honnêtes, c’est pas un truc que tu commandes après une journée de boulot. Non, ça, c’est le genre de cocktail que tu sirotes lentement, histoire de comprendre chaque nuance de goût, comme si t’étais dans une galerie d’art contemporain, à essayer de piger ce que l’artiste veut te dire. « Comme un pesto à boire », qu’ils disent. Un pesto à boire ? On touche le summum du hipsterisme culinaire, là.
Le prix de l’exclusivité
Et que serait ce type d’endroit sans la petite claque financière qui va avec ? Parce que oui, le cocktail est bien travaillé, mais prépare-toi à lâcher 28 € pour un sandwich au bœuf mariné et sauce tartare. À ce prix-là, je veux le bœuf qui me parle en cinq langues et la sauce qui fait des claquettes. Mais bon, faut bien payer pour être dans la hype, non ?
Négroni au champignon, vraiment ?
Parlons des autres créations. Si l’Épinal t’a surpris, attends de voir le Negroni au champignon. Oui, tu as bien entendu. Le cocktail préféré des italiens remixé avec des champignons. Ça pourrait passer pour une mauvaise blague, mais non, ici c’est sérieux. La création se veut « tellurique », c’est-à-dire qu’elle va te ramener aux racines, à la terre. Si t’es plus branché caféine, l’Expresso Martini(que) te proposera un twist à base de rhum et de liqueur de gomme. Mais si tu te pointes avant 18h, oublie les cocktails signatures et fais-toi une raison : tu devras te contenter de trois prémix. Pas la même vibe.
Verdict : perles rares ou attrape-nigauds ?
Alors, Midi-Minuit, c’est quoi au juste ? Un repaire de snobs qui aiment claquer leur argent dans des cocktails aux ingrédients improbables ? Peut-être. Mais c’est aussi un laboratoire où la mixologie atteint des sommets. On aime ou on déteste, mais on n’en sort pas indifférent. Lecarpentier a misé sur l’audace, le défi, là où la majorité des bars préfèrent jouer la sécurité avec des classiques réchauffés.
Si t’as le portefeuille bien rempli et que t’aimes sortir des sentiers battus, fonce. Mais si t’es juste en quête d’un bon cocktail après une longue journée, passe ton chemin et garde tes 30 balles pour un truc plus terre-à-terre.
Et au final, c’est ça qui rend cet endroit à la fois fascinant et frustrant. Parce que Midi-Minuit n’est pas là pour plaire à tout le monde. C’est un endroit pour ceux qui aiment prendre des risques, pour ceux qui cherchent l’inattendu. Alors, prêt à plonger dans l’inconnu ?