Barnier, un Premier ministre à la merci du Président ?
Ce n’est un secret pour personne que Michel Barnier, l’homme qui a négocié le Brexit, est un technocrate reconnu. Mais dans cette arène, face à Macron, il semble plus piégé que stratège. Depuis sa nomination le 5 septembre, il jongle entre ses propres ambitions et les exigences impérieuses du président. Il n’est plus question de politique ici, mais de pouvoir.
Imaginez un instant Barnier, coincé entre ses choix personnels et le veto présidentiel, dépliant des noms avec l’espoir qu’ils passent le filtre élyséen. « Pas mon gouvernement », aurait lâché Macron. Cette phrase résonne comme un coup de tonnerre dans les cercles politiques. Elle montre à quel point le président est insatisfait, mais aussi à quel point Barnier n’est qu’un pion dans cette partie d’échecs.
Et pourtant, Barnier a cédé. Il a accepté d’exclure Marleix et Bas. La question se pose : quel Premier ministre peut tenir tête à un président aussi omniprésent ? Dans cette situation, Barnier semble plus manager que leader, appliquant des consignes plutôt que d’imposer une vision. Dans le fond, Barnier n’a pas formé son gouvernement, mais bien celui que Macron lui a laissé.
Quand Macron se sent « en terre inconnue »
Mais ce n’est pas tout. Macron a exprimé son mécontentement, assurant en privé qu’il n’avait pas choisi les ministres de chez lui et que ce gouvernement penchait dangereusement à droite. Pour un président qui se targue de transcender les clivages politiques, c’est une gifle.
Ici, Macron n’est pas le stratège fin et calculateur que l’on connaît. Il est un homme furieux, en terre inconnue face à ce qu’il perçoit comme une trahison de son Premier ministre. L’histoire nous rappelle d’ailleurs les tensions entre François Mitterrand et son Premier ministre Michel Rocard, où chaque décision, chaque nomination était l’objet de tensions internes. Ici, c’est un peu le même scénario qui se rejoue : un Premier ministre qui veut marquer son empreinte, et un président qui refuse de lui laisser le champ libre.
Une situation explosive
La relation entre Macron et Barnier est désormais marquée par la suspicion, la frustration et, osons le dire, une bonne dose de rancune. Pour Macron, ce gouvernement représente un échec personnel, une équipe qui ne reflète pas ses choix. Et quand un président se sent dépossédé de son propre gouvernement, la stabilité politique est en danger.
Les prochains mois s’annoncent explosifs. Macron laissera-t-il à Barnier la liberté de manœuvre dont il a besoin, ou renforcera-t-il encore son emprise sur l’exécutif ? Une chose est sûre : ce n’est pas simplement un remaniement ministériel, c’est une bataille pour le contrôle, et c’est Macron qui semble décidé à la gagner.
Dans cet entre-deux, ce sont les Français qui risquent de payer le prix de cette guerre d’ego. Parce qu’au fond, ce qui devrait primer, ce n’est pas la vanité des uns ou des autres, mais bien l’intérêt général. Malheureusement, il semble que cette fois-ci, la politique ait encore une fois échoué à placer les citoyens au cœur des décisions.