Et si 2026 marquait la revanche d’un rassemblement tardif mais stratégique
La gauche francilienne vient de choisir son champion pour le grand rendez-vous de mars 2026 : Emmanuel Grégoire a été désigné candidat du Parti socialiste (PS) pour diriger la capitale. Ce choix n’est pas anodin. Il survient après une rivalité interne intense, et dans un contexte politique parisien qui se joue à quitte ou double. Si ce scrutin tourne mal, on pourrait bien assister à un basculement majeur.
Une désignation qui ne passe pas sous silence
Le 30 juin 2025, 1 534 adhérents du PS parisien ont voté. Emmanuel Grégoire est arrivé en tête avec 52,61 % des voix, devançant notamment Rémi Féraud (44,33 %) et Marion Waller (3 %). Cette victoire met fin à une campagne larvée entre pro-Hidalgo et indépendants, où la maire sortante Anne Hidalgo n’a pas caché son hostilité à l’égard de son ancien premier adjoint. On voit ici une gauche qui tente de se rassembler tardivement, mais qui affiche un objectif clair : reconquérir Paris.
On est pourtant loin d’une route dégagée. Le contexte est complexe : la droite est mobilisée, les questions de sécurité, de transport, d’urbanisme montent dans les préoccupations des Parisiens. La gauche ne peut plus compter uniquement sur son bilan d’urbanisme ou son image « progressiste ». Elle doit convaincre.
Les enjeux de 2026 pour Paris
Pour Paris, les municipales de 2026 s’annoncent comme un tournant. Plusieurs éléments expliquent cela. D’abord, la loi « PLM » (Paris-Lyon-Marseille) modifie le mode de scrutin pour ces grandes villes, ce qui change les règles du jeu. Ensuite, l’usure du pouvoir se fait sentir. Après deux mandats, la gestion d’Anne Hidalgo est jugée mitigée par une partie de l’électorat. Enfin, l’aspiration à un « Paris pour tous » contre un Paris d’élites fait désormais partie du débat.
Ainsi, Grégoire doit se positionner sur des thèmes clivants : sécurité, propreté, logement, transports. Il ne suffit plus de proposer des mesures symboliques. Il faut des résultats. Et surtout, il faut rassembler une gauche éclatée. Car aujourd’hui, la gauche parisienne n’est pas réellement unie. Elle se débat entre écologistes, socialistes, insoumis et société civile. Le défi est énorme.
Grégoire : profil et défis
Emmanuel Grégoire, député depuis 2024 et ancien premier adjoint de la maire de Paris, apparaît comme le candidat de l’apaisement, du rassemblement. Il incarne la continuité, mais aussi une ouverture possible à un renouvellement. Il dit vouloir « réconcilier les Parisiens ». Ce positionnement est stratégique. La capitale n’attend plus simplement de la modernité : elle attend de l’efficacité.
Mais le parcours n’est pas immaculé. Sa proximité passée avec la maire sortante pose question : saura-t-il incarner le changement nécessaire ? De plus, les critiques affirment que la gauche mise trop sur un candidat interne, peu populaire auprès des Jeunes, des quartiers populaires ou des électeurs sceptiques. Le vrai test sera de réussir à mobiliser au-delà des adhérents socialistes.
Pourquoi la droite n’est pas en reste
Pendant que la gauche manque peut-être d’élan, la droite observe. La candidature annoncée de figures comme Rachida Dati ou le retour de Michel Barnier sur la scène parisienne alimentent déjà les scénarios. La droite veut frapper un grand coup à Paris, là où elle n’a plus la majorité. Elle compte sur des thèmes forts : sécurité, ordre, pouvoir d’achat. Elle a un message, peut-être plus simple.
Face à ce positionnement, la gauche se doit d’éviter l’auto-satisfaction. Elle doit sortir de l’équation gestionnaire pour redevenir une force de projet. Car Paris ne peut pas simplement se contenter d’être gérée : elle doit être habitée, aimée, renouvelée.
Le défi de la communication et de l’image
On le sait, dans une métropole comme Paris, l’image pèse autant que le programme. Les Parisiens veulent du concret, mais aussi du symbolique. La gauche souffre d’un déficit d’incarnation. Elle doit proposer un récit nouveau. Grégoire devra incarner ce récit. Le temps de la « gauche de Paris toujours victorieuse » est révolu. Elle doit faire face à la réalité urbaine : logements trop chers, mobilités complexes, insécurité ressentie.
En parallèle, la droite doit faire la démonstration qu’elle connaît réellement Paris et pas seulement le Paris « riche ». Car la capitale est diverse, parfois conflictuelle, souvent exigeante. Le candidat qui saura parler à la fois au trader de la Défense, à l’étudiant du 19ᵉ et au commerçant du Canal-Saint-Martin aura un avantage décisif.
Pourquoi ce scrutin est un miroir national
Les municipales à Paris ne sont pas seulement locales. Elles résonnent nationalement. Paris est un symbole. Qui gouverne Paris influence la perception de la France. C’est pourquoi cette campagne attire autant les médias, les militants, les partis nationaux. Le choix de Grégoire par le PS n’est pas un simple fait interne : c’est un signal envoyé au pays.
En 2026, la gauche ne pourra plus se permettre d’être en position défensive. Elle doit être offensive. Le message est clair : « nous sommes prêts à diriger Paris, à la rendre plus juste, plus verte, plus sûre ». Mais encore faut-il que les Parisiens y croient. Et pour cela, mobiliser, raconter, réformer.
L’échéance approche, le compte à rebours est lancé
La date de mars 2026 se précise. Il reste peu de temps pour bâtir une coalition solide, un programme crédible, une image renouvelée. Chaque mois compte. La gauche doit aller au-delà des adhérents, rallier les électeurs modérés, inspirer les jeunes. Elle doit surtout éviter les querelles internes publiques. Le moment est grave.
Paris attend un tournant. Un renouveau de la ville, mais aussi un renouveau politique. Emmanuel Grégoire porte cette ambition. Il ne s’agit plus seulement de préserver, mais de transformer. Et la gauche parisienne sait que cette fois, elle n’aura pas droit à l’erreur.