Un décor qui en jette
Dès qu’on franchit le seuil de Cuba Compagnie, c’est comme si on changeait de dimension. Ce restaurant-bar a compris une chose : l’ambiance, c’est 80 % de l’expérience. Ici, on ne lésine pas sur les vieux posters de propagande cubaine, les vieilles radios ou les tables en bois patiné. On croirait presque que Fidel Castro pourrait faire son entrée à tout moment pour une tirade bien sentie – mais rassurez-vous, ce ne sont que des apparences. Ce kitsch maîtrisé flirte délicieusement avec le bon goût, créant un contraste savoureux avec l’authenticité approximative du lieu.
Entre cuisine et mojitos, la salsa dans l’assiette
Question papilles, on s’y perdrait presque. Les plats sont un clin d’œil à la tradition cubaine, avec des spécialités comme les croquettes, les accras de morue, et même le fameux plat « ropa vieja » — ce mijoté de bœuf qui a l’air aussi vieux que son nom l’indique. Est-ce de la haute gastronomie ? Probablement pas. Mais c’est l’occasion de se faire plaisir et de découvrir des saveurs souvent plus proches de la caricature que de la réalité. En bref, c’est le genre de bouffe qui parle aux âmes fatiguées d’un Paris qui ne dort jamais.
Mais que serait Cuba Compagnie sans ses cocktails ? Si le mojito est ici roi, on s’essaie aussi aux daiquiris et autres inventions maison qui, entre nous, valent le détour. Cependant, n’espérez pas une révolution gustative : la formule reste simple et accessible, parfaite pour les amateurs de fraîcheur qui cherchent à se la couler douce sans exploser leur budget.
Le clin d’œil culturel : la nostalgie au service de l’évasion
Cuba Compagnie, c’est finalement une échappatoire aux allures d’un épisode vintage de James Bond. Ce bar semble avoir pris en compte le besoin de ses visiteurs : décrocher des contraintes de la réalité parisienne et faire un saut dans une époque fantasmée où les cigares, la musique salsa et l’insouciance étaient de mise. Ce rêve éveillé du Parisien en quête de dépaysement nous rappelle que, parfois, la meilleure manière de voyager, c’est de se perdre dans une culture réinventée. Ici, les codes cubains sont revisités avec une touche de liberté parisienne, un peu comme si Hemingway avait décidé de passer un weekend prolongé à République.
Alors oui, on pourrait chipoter sur l’authenticité discutable ou sur le caractère un peu cliché de cette Havane de pacotille. Mais en réalité, Cuba Compagnie nous permet d’échapper au quotidien d’une manière légère, en un clin d’œil exotique qui vaut bien le détour.
En somme, Cuba Compagnie est un mirage, un instant suspendu, un endroit où l’on vient avant tout pour le spectacle, le décor et, bien sûr, la compagnie.