Une programmation qui casse les codes
Dès les premières minutes, ce festival prouve qu’il ne plaisante pas avec la créativité. Par exemple, le spectacle En Forme ! (8-13 avril) propose une immersion bilingue en Langue des Signes Française orchestrée par Audrey Bonnefoy. En associant formes géométriques, couleurs éclatantes et comptines, il réussit le pari fou de faire découvrir la poésie du geste dès l’âge de 3 ans, le tout en bousculant les codes traditionnels. Franchement, qui aurait cru que la LSF pouvait devenir le langage de l’imagination pour les tout-petits ?
Puis, vient Mille Ans (9-12 avril), une expérience qui se veut à la fois poétique et physique. Inspiré d’une histoire vraie – celle d’Aron Anderson – ce spectacle questionne la relation entre l’enfance insouciante et la sagesse des anciens. Sous la houlette de Thibaut Garçon, les artistes Socrate Andzouana, Iris-Aléa Reinald et Adam Saouli transportent le public dans une quête initiatique pleine de sensibilité et de réflexion. Pour ceux qui pensent que le théâtre n’a pas sa place dans le quotidien effréné des citadins, cette pièce prouve le contraire en instaurant un dialogue intergénérationnel qui frappe fort.
Des récits revisités pour petits et grands
Ne pouvant pas se contenter d’une programmation classique, le festival innove avec Boucle Bleue et les Trois Petits Cochons Tout Ronds (14-19 avril). Ici, sous la direction d’Alexandra Shiva Melis et grâce au texte savoureux de Nathalie Loizeau, on revisite deux classiques de la littérature enfantine. Imaginez des marionnettes, du chant et une scénographie qui se joue des codes habituels pour réveiller chez les plus jeunes l’amour du conte et de l’art visuel. Ce spectacle est une bouffée d’air frais dans un paysage artistique souvent trop sérieux.
Enfin, le show Fiesta (16-19 avril) prouve qu’une tempête – oui, vous avez bien lu, une vraie tempête – peut bouleverser une fête d’anniversaire et, par ricochet, transformer la routine en aventure. Sous la direction audacieuse de Fiona Chauvin et Olivier Letellier, et avec un texte incisif de Gwendoline Soublin, cette pièce aborde avec un humour noir et une finesse rare les imprévus de la vie, invitant le public à repenser le concept de fête et d’amitié.
Une expérience résolument urbaine
Installé au Lavoir Moderne Parisien – LMP, au 35 rue Léon dans le 18ème, le festival s’adresse autant aux familles qu’aux écoles et aux habitants du quartier. La richesse de sa programmation, qui allie diversité artistique et innovation scénique, en fait un rendez-vous incontournable du spectacle vivant. Pour moi, c’est un véritable laboratoire d’émotions où l’on découvre que le théâtre peut être à la fois un miroir de notre société et un terrain de jeu pour l’imagination. À travers ces spectacles, la ville se réinvente en offrant une bouffée d’originalité dans un paysage souvent trop englouti par le conformisme.
Avec une programmation aussi audacieuse, Le Lavoir en Famille redéfinit les codes du théâtre jeune public. Les mises en scène innovantes, les récits intergénérationnels et la capacité à transformer des histoires classiques en véritables expériences sensorielles démontrent que le spectacle vivant a encore de beaux jours devant lui. Personnellement, je ne peux que saluer cette volonté de bousculer les conventions et d’ouvrir l’art à tous. Alors, si vous avez envie d’une aventure théâtrale qui sort des sentiers battus, venez tester cette explosion culturelle qui ne manquera pas de vous surprendre et de vous faire vibrer.