Un spectacle décalé pour la jeunesse… et leurs parents en quête de magie
C’est le duo Matthieu Burnel et Romain Thunin qui signe cette production originale, à la croisée du théâtre et de l’épopée fantastique. Imaginez la scène : Léonard, coincé dans le Paris contemporain, doit faire équipe avec des enfants pour reconstruire des inventions éparpillées et reprogrammer son retour à la Renaissance. Plutôt ironique pour un homme dont l’une des phrases célèbres fut “apprenez à voir”. Lui qui était maître de l’observation et de l’ingénierie se retrouve ici, en 2024, désarmé face aux téléphones portables et à l’agitation citadine. Le Voyage de Léonard, c’est l’occasion rêvée de réconcilier les petits et les grands avec l’inventivité, mais sans l’ennui qui peut parfois coller aux biographies trop sérieuses.
Alors oui, les enfants pourront découvrir Léonard de Vinci autrement, pas seulement comme le vieux barbu coincé dans un tableau de musée. Ici, on parle de cascades, de magie, et surtout de l’humour : l’inventeur se retrouve face à un monde bien plus complexe qu’il n’aurait imaginé. Pas de carpe diem moralisateur, juste du fun, des machines volantes, et une course contre la montre, pour que Léonard ne finisse pas par errer en jogging à Châtelet. Les metteurs en scène ont clairement pris le parti de l’irrévérence, et ça marche !
Le prix de l’aventure : entre inventions et immersion totale
Côté billets, la Comédie de Paris mise sur un tarif accessible, entre 9,50 et 20 euros selon l’âge. Pour un show aussi immersif, où les enfants deviennent acteurs à part entière, c’est presque donné. On aurait aimé voir les grandes institutions culturelles françaises, habituées aux tarifs prohibitifs, en prendre de la graine. C’est ça, la véritable démocratisation de l’art : permettre à toutes les familles de plonger dans l’univers d’un géant de la Renaissance, sans avoir besoin de casser la tirelire.
Et au-delà du prix, c’est l’expérience qui est unique. Ici, on n’assiste pas, on participe. Le Voyage de Léonard casse le quatrième mur pour transformer la scène en véritable laboratoire. Alors que le Louvre exhibe la Joconde derrière une vitre pare-balles et à coups de vigiles, ce spectacle, lui, a décidé de rapprocher Léonard de Vinci du public. Les enfants sont invités à interagir, à poser leurs questions – et peut-être même à inventer leur propre version de la machine volante ! Un pied de nez rafraîchissant à l’austérité des musées.
Léonard de Vinci, l’idole inépuisable : quand le passé et le présent se téléscopent
Pourquoi Léonard de Vinci continue-t-il de fasciner, plus de 500 ans après sa mort ? Peut-être parce que son esprit touche à quelque chose de profondément humain : l’envie d’aller toujours plus loin, de défier les lois de la nature et de l’époque. Son voyage temporel dans ce spectacle pourrait presque être vu comme une métaphore de l’inventivité humaine : même hors de son époque, Léonard s’adapte, réinvente, se transforme.
Et en 2024, on a bien besoin de cette piqûre de rappel. À l’heure où les progrès techniques s’accélèrent, mais où la créativité semble parfois s’enliser dans le numérique, ce Voyage de Léonard nous rappelle que le génie se cache aussi dans les petites mains qui s’amusent et expérimentent sans limite. Alors, au lieu d’enseigner Léonard comme une icône figée, la Comédie de Paris nous propose de plonger dans sa vivacité, dans ses échecs, dans ses folles ambitions.
En bref, ce spectacle familial parvient à ressusciter le plus grand inventeur de tous les temps de manière inattendue, joyeuse et décomplexée. On est loin des discours magistraux ou des expositions solennelles. Le Voyage de Léonard, c’est une bouffée d’air frais qui dépoussière l’histoire et offre aux nouvelles générations un héros auquel elles peuvent vraiment s’identifier – car qui n’a jamais rêvé, comme Léonard, de s’envoler vers de nouvelles aventures ?