Mettons tout de suite les points sur les « i », la société du transport en commun ne rigole plus. On parle de 5 300 postes ouverts, dont 350 réservés aux futurs conducteurs de métros déjà rodés à la ligne droite infinie de leur vie monotone. Y a-t-il une meilleure métaphore du néant contemporain que la perspective de traverser d’un bout à l’autre le ventre plein de béton de notre belle capitale jusqu’à la fin des temps ? Je ne pense pas.
Recrutement XXL au Stade de France : Ernst & Young et KPMG ont du souci à se faire.
Et si l’ennui abyssal des tunnels obscurs et la chaleur gluante des wagons remplis à ras bord pendant l’été ne sont pas votre tasse de thé, la SNCF recrute également… 400 conducteurs de RER et trams-trains. Mais pas de panique, vous n’allez pas arrêter d’être anonyme du jour au lendemain. Les entretiens d’embauche se déroulent dans l’enceinte champêtre du Stade de France lors d’un glorieux « forum de recrutement XXL ». Ah, ces néo-managers et leurs formules pétillantes…
Devinez quoi ? Le nombre de candidatures explosent ! Les désœuvrés affluent de partout comme des mouches affamées sur un tas de merde. C’est la grande ruée vers l’or du XXIème siècle, mes ami(e)s ! Sauf que l’or, c’est un Smic horaire, et le Far West, c’est les banlieues désertiques desservies par le RER D.
Du volant à la SNCF : Quand Mario Kart devient réalité
Et pourtant, ce tourbillon de recrutements n’est pas un miracle divin. Le patron de la RATP a annoncé qu’il souffrait d’un « manque criant » de personnel, suite à une baisse significative de la qualité du service depuis le milieu de l’année dernière. Vous savez, ce genre de phénomènes inexplicables comme le sourire narquois d’une vieille caissière de Franprix ou le doux mélange de sueur et de mépris dans le regard d’un contrôleur de la SNCF.
Pour ceux qui aiment le contact humain et l’échange sincère, il y a aussi 900 postes d’agents de station. Oui, je parle bien de ces héroïques vendeurs de ticket, qui chaque jour se sacrifient pour la paix sociale et la fluidité du trafic. Alors que penser de tout cela ? Eh bien, en tant que jeune désabusé de la vie active, je n’ai qu’un conseil à donner : choisissez bien votre métier, car une fois coincé dans les intestins de notre belle capitale, on ne fait pas marche arrière.
En tout cas, si vous envisagez une reconversion professionnelle, vous savez vers qui vous tourner ; Monsieur Castex sera ravi de vous accueillir à bras ouverts. Et surtout, n’oubliez pas de lui passer le bonjour de ma part.