Alors que le gouvernement s’apprête à lancer une nouvelle réforme de l’assurance chômage, patronat et syndicats se donnent rendez-vous pour un ultime round de négociations ce lundi. L’enjeu ? Trouver un terrain d’entente sur l’emploi des seniors et éviter une imposition législative potentiellement explosive.
Entre espoir et résistance, le dialogue de la dernière heure
C’est une véritable course contre la montre qui se joue. Les syndicats et les représentants du patronat tentent de forger un accord autour du « contrat de valorisation de l’expérience ». Ce dispositif, initialement nommé « CDI seniors », propose une solution pour l’embauche des chômeurs âgés, mais il reste très controversé en raison de sa clause permettant la rupture du contrat dès l’âge de la retraite à taux plein. Une « ligne rouge » pour les syndicats qui y voient une précarisation déguisée des travailleurs âgés.
Le projet de réforme, à peine retouché par rapport à sa première mouture, inclut également des mesures sur la reconversion professionnelle et les entretiens de carrière, mais il est loin de satisfaire les attentes syndicales exacerbées par la récente réforme des retraites.
Un contexte de réforme globale et de crispations
Le dialogue social, rendu obligatoire dans les entreprises de plus de 300 salariés, et l’absence remarquée du Compte épargne temps universel (Cetu) dans les propositions patronales, ajoutent à la tension. La CFDT et la CFE-CGC soulignent que le projet actuel offre « plus de lisibilité pour l’entreprise et moins de droits pour les salariés », un constat amer qui résume le sentiment général de régression sociale perçue par les syndicats.
Pendant ce temps, le Premier ministre Gabriel Attal et la ministre du Travail Catherine Vautrin préparent le terrain pour une réforme plus dure de l’assurance chômage, prévue pour 2024, dans l’espoir de rendre le système français « plus incitatif » au retour à l’emploi. Cette perspective, alignée sur des modèles comme l’allemand, envisage des conditions d’indemnisation plus strictes et a déjà suscité l’hostilité de nombreuses factions tant politiques que syndicales.
Vers une conclusion incertaine
Le compte à rebours est lancé. Les partenaires sociaux ont jusqu’au 15 avril pour signer un avenant sur l’indemnisation des seniors, prolongeant les allocations pour certains âges dans l’espoir de faire passer l’accord paritaire. Mais avec une réforme de l’assurance chômage déjà dans les tuyaux, cet accord pourrait devenir obsolète avant même d’être appliqué.
La question reste entière : les négociations de la dernière heure permettront-elles de trouver un consensus, ou assisterons-nous à un passage en force législatif qui risque de bouleverser encore plus le paysage social français ? Le futur de nombreux travailleurs seniors en dépend, et le climat de défiance actuel ne présage rien qui vaille. Le dialogue est plus que jamais nécessaire, mais le temps, cruellement, manque.