Rendre plus accessible et désirable la réparation et le reconditionnement des appareils électroménagers, c’est la mission que se sont donné Sylvain Bozoc et Nicolas Foenix en créant Ripaired, une entreprise spécialisée dans la réparation de cartes électroniques. Retour sur leur parcours et le programme Positiv’ Incuba’School qui les a accompagnés.
Une idée née d’une frustration quotidienne
C’est après avoir passé plusieurs années dans de grands groupes comme METRO, Saint-Gobain et Deloitte que Sylvain Bozoc et Nicolas Foenix ont décidé de lancer leur projet entrepreneurial avec la volonté de générer un impact positif sur l’environnement et la société. Le déclic ? Une simple histoire de fournitures de bureau. « Ma souris d’ordinateur s’est retrouvée inutilisable. Pour éviter de la jeter, j’ai d’abord tenté de la réparer. Après quelques recherches, j’ai trouvé la pièce à changer, disponible en 200 exemplaires sur un site chinois, avec un délai de livraison de trois semaines. J’étais donc face à une solution chère, polluante et lente. Rien n’était fait pour m’encourager à réparer », se rappelle Sylvain, co-fondateur de Ripaired.
L’électroménager : un secteur clé à réinventer
Face à ce constat, les deux jeunes hommes se sont fixé un objectif clair : prolonger la durée de vie des appareils en valorisant la réparation comme une solution fiable, économique et attractive. Pour générer un impact significatif, ils ont choisi de se concentrer sur un marché spécifique : celui du gros électroménager, et plus particulièrement les cartes électroniques. « Très souvent, elles tombent en panne en premier et coûtent entre 30 % et 60 % du prix de l’appareil neuf. Avec 10 millions d’appareils gros électroménager jetés chaque année en France, nous nous sommes dit qu’il était temps de trouver des alternatives économiques et écologiques. » Leur mission ? Rendre la réparation de cartes électroniques viable et désirable pour leurs clients : reconditionneurs, réparateurs et SAV professionnels. C’est ainsi que Ripaired, première plateforme BtoB de réparation de cartes électroniques, est née !
Construire un projet à impact environnemental
Pour les deux entrepreneurs, un projet à impact est avant tout un projet viable dans le temps. Ils se sont donc attachés à construire un projet solide en s’assurant de son modèle économique et de sa traction client. Ripaired a pour ambition de transformer le processus de réparation historiquement artisanal et coûteux, en une réparation industrielle et digitalisée : « La donnée et son usage, notamment via de l’intelligence artificielle, ainsi que l’expertise de réparation sont au cœur de notre modèle pour gagner en productivité. » Aujourd’hui, l’entreprise est capable de réparer une carte électronique en 24 heures, avec un prix de réparation 30 % à 50 % moins cher qu’une carte neuve, tout en offrant une garantie de deux ans.
Un impact carbone mesuré
Afin de s’assurer de l’impact positif de leur démarche, les fondateurs ont réalisé un travail de quantification. En s’appuyant sur les données de l’ADEME, ils ont calculé l’impact carbone de leur démarche en équivalent CO2, une mesure servant à comparer les impacts des différents gaz à effet de serre en matière de réchauffement climatique : « Lorsque l’on répare la carte électronique d’un lave-linge, qui est arrivé aux trois quarts de sa vie, on a la capacité d’éviter 171kg eq CO2 par carte. Ce calcul prend en compte le poids écologique des composants utiles à la réparation, mais également tout le CO2 évité par l’achat d’une machine neuve. »
En continuant sur cette lancée, l’entreprise espère éviter 290 tonnes eq CO2 dès sa première année d’activité, soit l’équivalent de 1,5 million de kilomètres parcourus en voiture. Avec une volonté de contribuer à l’attractivité des réparateurs et reconditionneurs de proximité, présents partout en France, le projet se veut également engagé sur son territoire.
Positiv’ Incuba’ School : être accompagné dans son projet à impact
Pour transformer leur projet en entreprise à impact dans un écosystème favorable à la création, les co-fondateurs de Ripaired ont bénéficié d’un accompagnement de six mois par l’incubateur Positiv’ Incuba’School, créé à l’initiative du département des Hauts-de-Seine et de la CCI du 92.
Pour Sylvain et Nicolas, cet accompagnement a été l’occasion de structurer et de cadrer la construction de leur projet tout en s’imposant des échéances claires et précises. Ils le perçoivent également comme un moyen d’éviter la solitude que peuvent vivre les jeunes entrepreneurs face aux difficultés : « Et elles sont quotidiennes ! Il y a parfois des hauts et des bas dans une même journée, pouvoir en parler et partager les expériences communes nous a guidés et parfois rassurés sur la direction que l’on prenait », témoigne Sylvain Bozoc.
Aux côtés d’une dizaine d’experts et d’un réseau de partenaires financiers, l’incubateur a permis aux entrepreneurs de confirmer le lancement de leur projet. Aujourd’hui en pleine recherche de financements, les co-fondateurs se sont formés à l’électronique, ce qui leur a permis de décrocher leur tout premier contrat. Leur prochaine étape ? S’associer avec un électronicien pour élargir progressivement leur offre aux équipements professionnels.
Ripaired n’est pas qu’un projet, c’est une révolution dans notre manière de consommer et de penser l’électroménager. Dans une société où l’obsolescence programmée règne en maître, il est temps de riposter avec intelligence et durabilité. Parce que chaque appareil réparé est une petite victoire contre le gaspillage, une avancée vers un futur plus vert. Qui aurait cru qu’une souris d’ordinateur défectueuse serait à l’origine d’une telle prise de conscience ? Alors, la prochaine fois que votre appareil rend l’âme, pensez Ripaired.