Il y a des jours où l’on se demande si les décideurs vivent sur la même planète que nous. La réforme de l’assurance-chômage, ce dernier caprice des politiques, pourrait bien être le coup de grâce pour l’écosystème entrepreneurial en France. Mais pas de panique, on nous assure que tout ira bien. Vraiment ?
France Travail, ange gardien ou bourreau ?
France Travail, l’ex-Pôle Emploi pour ceux qui ont encore un pied dans la réalité pré-2023, se pose en sauveur des futurs entrepreneurs. « France Travail est le premier business angel des entrepreneurs », clame Thibaut Guilluy, chiffres à l’appui. En 2022, près de 150 000 allocataires ont profité des dispositifs d’indemnisation chômage pour lancer leur entreprise. C’est beau, c’est grand, c’est même un peu émouvant.
Mais ne nous y trompons pas. Derrière ce tableau idyllique, le ciel s’assombrit. La réforme de 2023 a déjà raccourci la durée d’indemnisation de 24 à 18 mois. Et devinez quoi ? La nouvelle réforme pourrait réduire cette durée à 15 mois. Une réduction qui fait grincer des dents chez les créateurs de start-ups, ces rêveurs en quête d’un Eldorado entrepreneurial.
La fin des rêves ?
Raccourcir la durée d’indemnisation, c’est comme dire à un marathonien qu’il doit sprinter tout du long. Patricia Lexcellent, déléguée générale d’Initiative France, souligne que ce durcissement pourrait pousser certains entrepreneurs à précipiter leur projet. Mal préparés, ils risquent de se brûler les ailes. Sophie Jalabert du réseau BGE ne dit pas autre chose : les allocations chômage sont souvent le dernier filet de sécurité avant le grand saut dans le vide.
Ce qui est en jeu, c’est la survie des projets solides mais encore fragiles. Les start-ups qui doivent prouver leur concept pour lever des fonds seront les premières victimes. La France, ce pays où les mots « innovation » et « création » sont souvent brandis comme des étendards, pourrait bien voir ses plus prometteuses idées mourir dans l’œuf.
Accompagnement : la clé du succès
Thibaut Guilluy reste optimiste : « Au-delà des questions d’allocations, nous avons des enjeux autour de l’accompagnement. » Ah, l’accompagnement ! Le mot magique censé tout résoudre. France Travail entend renforcer ses liens avec les réseaux d’aide à la création d’entreprise et promet un continuum plutôt que des silos. Mais est-ce suffisant ?
Le repérage des entrepreneurs potentiels est une première étape. Ensuite, des ateliers et des prestations d’appui sont organisés pour aider les porteurs de projet à concrétiser leurs idées. C’est beau sur le papier, mais dans la réalité, combien de ces ateliers finissent en réunions stériles où les mêmes vieilles idées sont ressassées encore et encore ?
Et maintenant ?
La vérité, c’est que ces réformes ressemblent à une course d’obstacles sans fin pour les entrepreneurs. Oui, certains réussiront à sauter par-dessus, mais combien trébucheront avant même d’avoir pu essayer ?
Alors, que reste-t-il à faire ? Continuer à croire en nos rêves malgré tout, à se battre pour nos projets. Parce qu’au final, le vrai moteur de l’entrepreneuriat, ce n’est pas une réforme ou une allocation, c’est la passion, la détermination, et un brin de folie.
Et c’est justement cette folie qui fait avancer le monde. Les réformes passent, les idées restent. Tant que nous serons là pour les défendre, rien ne pourra vraiment les arrêter. Allez, on respire un grand coup et on repart de plus belle. Qui sait, peut-être que ce monde de fous finira par nous donner raison.