La TNT, ce royaume du déjà-vu
L’idée d’interchanger les chaînes pour redonner un souffle à l’audiovisuel public, c’est comme repeindre une épave en croyant qu’elle redeviendra un voilier de luxe. France 4, reléguée en 2021 à un quasi-abandon, revient donc avec la mission (sacrée ?) de séduire toutes les générations, de la Gen Z aux boomers. Mais soyons honnêtes : combien d’entre nous se souviennent encore de cette chaîne qui oscillait entre les replays d’ »Intervilles » et les émissions éducatives sur fond de budget serré ?
La vraie question est la suivante : dans une époque où les TikTok durent 15 secondes et où Netflix balance des saisons entières en une nuit, France 4 a-t-elle une place ? Ou pire encore, veut-on vraiment qu’elle en ait une ?
De l’éducation à la comédie : une ligne éditoriale en crise existentielle
Le positionnement annoncé semble surfer sur un mélange improbable : éducation, divertissement, comédie… bref, un patchwork qui sonne comme un brainstorming de dernière minute. Si France 4 a marqué des points avec des contenus éducatifs pendant la pandémie, est-ce suffisant pour capter un public habitué aux masterclass de vulgarisation sur YouTube ou aux podcasts percutants de Spotify ?
Là où ça devient croustillant, c’est leur ambition de relancer la comédie française, ce bastion du « faut rire parce qu’on est français. » Entre stand-ups qui datent et sketchs usés jusqu’à la corde, espérer rajeunir une audience avec ce genre de contenu, c’est un peu comme essayer de relancer le Minitel : nostalgique, mais désespéré.
La culture sur la TNT : un mal-aimé qui persiste
Il faut quand même leur accorder un point : faire de la place à la culture sur la TNT, c’est un acte de bravoure. Dans un monde où les chaînes de télé peinent à survivre face aux plateformes, maintenir une programmation axée sur l’éducation et la culture ressemble à un acte de résistance, voire à une ultime croisade. Mais encore faut-il savoir captiver l’audience.
La TNT, c’est un peu le dernier rade pour les naufragés du zapping, un endroit où on tombe plus souvent sur un téléfilm des années 90 que sur du contenu original et percutant. Si France 4 veut réellement jouer dans la cour des grands, il faudra bien plus qu’une stratégie bancale et des « expérimentations ». Spoiler alert : nous, les jeunes, on veut de l’audace, pas des rediffusions.
Ce que ça dit de notre rapport à la télé
Au-delà de France 4, ce retour pose une question plus large : la télévision a-t-elle encore un avenir ? Si l’audiovisuel public tente de reprendre la main sur la culture et l’éducation, c’est aussi un aveu implicite : ils ont peur. Peur de devenir aussi obsolètes qu’un CD-ROM, peur d’être totalement bouffés par les GAFA, peur que leur public vieillisse sans jamais se renouveler.
Mais soyons honnêtes : peut-on leur en vouloir ? Dans une société où tout doit être consommé rapidement et jeté encore plus vite, relancer une chaîne comme France 4, c’est un peu comme essayer de ramener la mode du lecteur cassette.
On mate ou on zappe ?
Alors, qu’est-ce qu’on fait ? On se donne rendez-vous en juin pour voir si France 4 saura renaître de ses cendres, ou on laisse le canal 4 à sa lente agonie ? Peut-être qu’entre deux vidéos de chats sur Instagram, on jettera un œil. Mais pour l’instant, c’est surtout un mélange de curiosité cynique et d’indifférence qui domine. Parce qu’au fond, la télé, c’est bien… sauf qu’elle arrive toujours un écran trop tard