Un jackpot inattendu
Au départ, les pronostics tablaient sur un équilibre budgétaire tendu, voire sur de légers déficits. Finalement, une billetterie hallucinante (plus de 12 millions de billets vendus, dont certains à prix d’or), des partenariats plus lucratifs que prévus et un contrôle des coûts digne d’un commando anti-gaspi ont propulsé les recettes bien au-delà des attentes. Entre les gradins archi-pleins, les reventes fulgurantes et les sponsors qui ont mis la main au portefeuille, c’est tout le prestige de Paris qui a joué les amplificateurs financiers.
Un plan de match clair
Maintenant que les chiffres sont gravés dans le marbre, comment répartir ce pactole ? 80 % (soit environ 61 millions) resteront pour des projets en France, tandis que 20 % partiront à l’international, gérés par le Comité international olympique.
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Sur le territoire français, c’est le fonds de dotation Paris 2024 — réunissant le CNOSF, la Ville de Paris, l’État, la Région Île-de-France et la Métropole du Grand Paris — qui pilotera la majeure partie de la somme.
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Le reste sera directement confié au CNOSF pour soutenir des initiatives nationales, et une part sera fléchée vers des programmes d’héritage pour les futures candidatures, comme les JO d’hiver des Alpes 2030.
Résultat : un héritage durable et stratégiquement pensé, pour que l’argent ne serve pas seulement à éponger des coûts, mais à générer un vrai impact sur le terrain.
La vasque, star prolongée
Vous pensiez que la vasque installée aux Tuileries disparaîtrait avec la cérémonie de clôture ? Détrompez-vous ! Elle fera son grand retour chaque été, du 21 juin au 14 septembre, pendant les trois prochaines années. Un spectacle urbain à 60 m de hauteur, qui transformera de simples flâneurs en spectateurs hypnotisés. Plus qu’un gadget photo Instagram, cette vasque revisite l’espace public et rappelle que le sport peut aussi être un formidable objet de design et de fierté collective.
Des programmes sociaux renforcés
Loin des paillettes, cet excédent va surtout alimenter des dispositifs à forte portée sociale :
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“Savoir nager”, qui a permis à des milliers d’enfants de Seine-Saint-Denis de gagner en confiance aquatique,
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Les 30 minutes d’activité physique à l’école, pour ancrer dès la primaire le réflexe sportif et contrer la sédentarité,
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La Journée paralympique, fer de lance de l’inclusion et de la sensibilisation aux handisports.
Ces initiatives, nées pour accompagner les Jeux, vont devenir pérennes : elles seront financées plusieurs années de plus, garantissant un effet de levier social et éducatif sur des territoires souvent délaissés.
Les athlètes au cœur du dispositif
Au-delà des infrastructures et des animations, une partie du gâteau est dédiée aux sportifs eux-mêmes. Après la liesse olympique, beaucoup voient leur notoriété retomber aussi sec, sans sponsor ni contrat majeur. C’est pourquoi un fond d’accompagnement sera créé : formation à la reconversion, coaching en communication, aide à la gestion de carrière… Un rattrapage nécessaire pour que ces champions, parfois méconnus, ne soient pas abandonnés dès l’extinction des projecteurs.
Un héritage sous tension
Malgré l’enthousiasme, redistribuer 76 millions d’euros n’est pas une partie de plaisir. Les discussions sont houleuses entre la Métropole, la Région et l’État, chacun revendiquant une part plus grosse du gâteau. À l’échelle locale, certains quartiers — notamment en Île-de-France — exigent une juste restitution pour réparer des décennies de sous-investissement sportif. Sur le plan national, la coupe budgétaire de 174 millions d’euros imposée au sport dans la loi de finances 2025 fait craindre que ces fonds ne compensent pas entièrement les coupes sombres déjà réalisées.
Mon verdict : un pari audacieux
Qu’on se le dise : décrocher du vert avec un tel montant au-delà du prévisionnel était impensable. Et pourtant, Paris 2024 montre qu’il est possible d’organiser un événement global, spectaculaire et rentable, sans sombrer dans l’ultra-dépense.
D’un côté, la vasque et ses étincelles Instagram vont continuer de hanter vos stories jusque tard dans la soirée. De l’autre, les programmes “Savoir nager” et “30 minutes” entrent dans la cour des grands dispositifs publics, avec les moyens d’amorcer un vrai changement de mentalité. Quant aux athlètes, ils bénéficieront enfin d’un filet de sécurité pour naviguer entre médailles et vie pro.
Alors la prochaine fois que vous enfilerez vos baskets, pensez à ces 76 millions et à tout ce qu’ils promettent. Et si vous croisez la vasque au détour d’un chariot au marché des Tuileries, offrez-lui un sourire complice : c’est un bel exemple de ce qu’un JO peut laisser de tangible et d’inspirant.