Le mythe du budget maîtrisé s’effondre en direct
À l’origine, les organisateurs nous avaient juré la main sur le cœur : ces Jeux seraient un modèle d’économie. Du recyclable, du local, de la sobriété, un événement éthique façon quinoa bio et bilan carbone optimisé. En vrai, c’est plutôt barbecue géant de billets de 500, ambiance potlatch néolibéral.
Selon les dernières estimations, le coût public réel grimpe à plus de 6 milliards d’euros. Et encore, c’est sans compter les cadeaux planqués sous le tapis. À titre de comparaison, on parlait d’un budget trois fois plus petit à l’époque des promesses. À ce stade, ce n’est plus un dépassement, c’est une fusée qui décolle sans compte à rebours.
Sécurité, transports : les lignes qui saignent
Dans cette grande kermesse des dépenses, la sécurité tient la tête du peloton. Plus de 660 millions d’euros rien que pour les primes, les renforts de troupes, la logistique militaire et les fouilles au corps à volonté. Si tu croises un flic, c’est normal : ils seront jusqu’à 35 000 mobilisés chaque jour, avec en bonus les renforts de l’armée. Oui, les JO de la paix et du vivre-ensemble se déroulent sous un petit goût de loi martiale.
Et puis il y a les transports, cet enfer climatisé qu’on tente de rendre digeste pour les touristes : près de 570 millions d’euros claqués pour faire croire à une RATP fonctionnelle pendant trois semaines. Salaires boostés, métros repeints à la va-vite, lignes prolongées dans l’urgence. Bref, un lifting bâclé à coups de millions.
Des dépenses déguisées en héritage
Alors pour faire passer la pilule, on nous sort le storytelling de l’héritage. Oui, mais un héritage à qui ? À Paris-Plage ? Parce que le village olympique, le centre aquatique ou les réaménagements urbains sont tous facturés pleine balle et imputés aux JO. Même les trottoirs refaits dans certains quartiers sont déclarés comme “infrastructure olympique”.
On parle d’équipements “durables” censés profiter aux générations futures. Peut-être. Mais en attendant, tout est financé maintenant, avec de la dette, des subventions et ton fric, petit contribuable. Sans même te demander ton avis, évidemment.
Jeux de dupes et poker de chiffres
Le Comité d’organisation, ou ce qu’il en reste (il est en train de se dissoudre, comme les bonnes résolutions du Dry January en terrasse en juin), refuse les chiffres de la Cour des comptes. Selon eux, c’est une mauvaise méthode de calcul. Il ne faudrait pas inclure certains travaux, certaines primes, certains aménagements. Bref, tout ce qui coûte.
Le discours est simple : “on vous a fait un joli événement, alors arrêtez de chipoter”. Sauf que quand la facture est démesurée, et que la moitié du pays rame pour finir le mois, il y a de quoi grincer des dents. Pendant ce temps-là, on claque 34 millions pour filmer des épreuves de tir à l’arc, parce que bon, faut bien faire joli à la télé.
Une vitrine de papier mâché
Tout cela aurait encore pu passer si l’économie en sortait réellement gagnante. On nous vante 9 milliards de retombées économiques, mais personne ne sait vraiment d’où sort ce chiffre. Un PowerPoint, un consultant zélé, une boule de cristal ? Le Cojo s’indigne qu’on parle trop des dépenses et pas assez des gains. Mais au fond, ce sont des bénéfices conditionnels, hypothétiques, projetés à long terme. Et ça, c’est exactement ce que les promoteurs immobiliers racontent quand ils vendent des studios mal isolés à Saint-Ouen.
Et ne compte pas sur l’image de la France pour rentabiliser tout ça. En 2025, on ne vend plus des cartes postales mais des likes sur Instagram. Et les hashtags #InstaParis n’effaceront pas les factures.
La ville lumière… sous projecteurs thermiques
Ce qui devait être une démonstration de modernité, une capitale qui rayonne dans le monde entier, se transforme en laboratoire de dépenses déguisées. Oui, les JO font rêver. Mais le réveil s’annonce brutal. Ce rêve à 6 milliards n’est pas gratuit. Il a un prix, et ce prix, c’est nous tous qui le payons.
Le tout pendant qu’on ferme des classes, qu’on refuse des budgets aux hôpitaux et qu’on explique aux jeunes de “faire des efforts”. Tu vois le tableau ?
J’ai toujours eu un faible pour les grands événements. Les foules, l’énergie, les exploits. Mais là, on n’est plus dans l’exploit, on est dans l’escroquerie budgétaire déguisée en fête populaire. On nous promet un été magique, une fête planétaire, un moment d’histoire… Peut-être. Mais si l’histoire doit retenir quelque chose, ce ne sera pas seulement le nombre de médailles. Ce sera l’ampleur du déni, et la puissance du vernis posé sur la réalité. Alors oui, je regarderai peut-être la cérémonie d’ouverture. Mais pas sans un petit goût amer dans la gorge, et sûrement pas sans vérifier ma feuille d’impôts en arrière-plan.