Les têtes bien faites, nouveau Graal de la séduction ?
Le virage intellectuel de Gad Elmaleh reflète une tendance plus large. Dans une société saturée par les corps parfaits et les filtres Instagram, il semblerait que l’intelligence redevienne sexy. TikTok regorge de vidéos vantant les vertus des « lectures du dimanche », des analyses de Virginia Woolf et des décryptages des œuvres de Platon. Résultat : posséder une bibliothèque devient aussi sexy qu’un abonnement à une salle de sport.
Mais attention, séduire par l’intellect ne veut pas dire que tout le monde se jette sur les derniers essais de Bourdieu. Il y a un spectre, et il oscille dangereusement entre le sincère et le performatif. Gad Elmaleh est-il le porte-étendard de cette révolution de l’esprit ou juste un touriste curieux qui s’est perdu dans les rayons philo de la FNAC ? Mystère.
Ce que ça dit de nous
Au-delà des blagues, la confession de Gad pose une vraie question : pourquoi sommes-nous obsédés par l’idée de tout étiqueter, même nos attirances ? Dans les années 2000, on parlait simplement d’être attiré par des gens « intéressants ». Aujourd’hui, il faut une étiquette sexy, un label à la sauce néo-moderne. Sapiosexuel, démisexuel, écosexuel… Bienvenue dans l’ère de la segmentation des désirs.
Et si la mode sapiosexuelle nous parlait surtout d’un profond désenchantement envers l’hyper-visualisation de tout ? On en a marre des corps parfaits, marre de la fausse authenticité des influenceurs qui posent avec des cafés froids à Saint-Germain-des-Prés. L’intellect, c’est le dernier bastion de résistance, une zone où la plastique cède enfin le pas à la réflexion. Ou du moins, c’est ce qu’on veut croire.
Alors, Gad, révolutionnaire ou stratège ?
Il serait facile de balayer la déclaration de Gad Elmaleh comme une tentative de faire parler de lui, mais peut-être qu’il touche juste. Après tout, séduire par l’esprit, c’est aussi se rappeler que l’humour et l’intelligence ont toujours été ses armes secrètes. Mais attention, Gad : la sapiosexualité, c’est une promesse à tenir. Pas de place pour les clichés faciles ou les réflexions creuses sous couvert de grands mots.
Et nous, dans tout ça ? Peut-être qu’on ferait bien de lever les yeux de nos écrans et de se poser une vraie question : qu’est-ce qui nous excite vraiment ? Les lignes d’un livre ou celles d’un visage ? Moi, je dirais les deux. Mais encore faut-il que le livre soit bon. Quant à Gad, qu’il continue à nous surprendre. Parce qu’après tout, le plus sexy, c’est peut-être bien ça : ne jamais savoir à quoi s’attendre.
