Braquage façon cartoon sur les grands boulevards
Il est 9 h 12 quand les caméras de surveillance repèrent ces apprentis Lupin du climat. Deux femmes, un homme : casting paritaire, touche street-smart. Ils enlèvent leurs sweats de touriste, passent des vestes siglées « staff », décrochent manu militari le double de cire — qui, comme d’hab’, n’était pas scellé : Grévin version portes ouvertes. Valeur catalogue : 40 000 €. À peine assez pour un pavillon à Neuilly, mais bien assez pour ridiculiser la sécu du musée.
Dépôt express boulevard Lannes
Direction le 16ᵉ, 40 boulevard Lannes : l’ambassade de Russie. Le cortège roule paisible, ni sirène ni course-poursuite. À 10 h tapantes, le Macron wax débarque sur le trottoir, planté face aux grilles et aux uniformes russes, tel un totem de contradiction diplomatique. Selfies affolés, reporters en ébullition : Paris découvre que même la cire peut devenir arme de communication massive. Quelques heures plus tard, deux militants sont coffrés — contrôle d’identité ambiance cool, pas de menottes façon show-off.
Le double jeu énergétique en chiffres qui piquent
Pourquoi ce cirque ? Pour rappeler que la France reste l’un des plus gros importateurs européens de GNL russe – un tiers de ses cargaisons en 2024, contrats verrouillés jusqu’en 2041 avec TotalEnergies et consorts. Pendant qu’on applaudit Kyiv à Bruxelles, on achète encore gaz, engrais et uranium à Moscou. Voilà le « double discours » que flingue Jean-François Julliard, boss de Greenpeace France : on soutient l’Ukraine à la tribune, on alimente le tiroir-caisse du Kremlin au port méthanier.
Un musée Grévin entre satire et stupeur
Ironie suprême : la statue, inaugurée en 2018, avait été moquée pour sa tronche « trop botox », « yeux de poisson », « sourire crispé ». Le directeur du musée avait même juré de la refaire pour éviter la honte virale. Bref, ce n’est pas la première fois que le faux-Macron fait rire jaune. Cette fois, il quitte le paradis des selfies pour devenir étendard anti-pétrodollars. Autant dire que la direction de Grévin, déjà traumatisée par les memes de 2018, tire la gueule plus fort qu’un enfant privé de barbe à papa.
Pourquoi ce coup de com nous regarde tous
Les activistes promettent de « rendre l’emprunt » quand Paris coupera le cordon ombilical énergétique. Autant dire jamais, ou du moins pas avant la présidentielle 2027. Entre-temps, la statue sert de miroir grossissant : un président figé – au sens propre – devant l’inertie diplomatique. Rien de tel pour réveiller un public qui scrolle plus vite qu’il ne trie ses poubelles.
Ma claque personnelle — et alors ?
J’ai quand même savouré le geste : problème structurel + mise en scène potache = mix parfait pour secouer la capitale qui bâille. Que les bonnes âmes hurlent au sacrilège culturel, je signe la pétition inverse. On crie au vandalisme ? On oublie que les pipelines financent des missiles réels, pas en cire. Alors oui, allez voir la place vacante au Musée Grévin ; matez le podium vide, sentez le malaise dans les files d’attente japonaises. Et si par hasard la statue revient, écoutez le silence gêné qu’elle imposera aux guides touristiques.
Je parie ma prochaine tournée de spritz que ce kidnapping sucré-salé restera dans les annales. Et si vous m’croisez boulevard Montmartre, on ira compter ensemble combien de selfies les gens prennent avec Brad Pitt plutôt qu’avec un président fantôme qui sent la cire froide.
