Un jeudi sous acide noir : Jenna débarque sans prévenir
Paris, 31 juillet 2025. Devant le musée d’Orsay, là où les Bobo-touristes viennent poser avec leur smoothie à 12 balles et leur tote bag “Amour toujours”, une faille temporelle s’est ouverte. De cette brèche est sortie Jenna Ortega, reine millénaire du malaise stylé, suivie comme une ombre par Tim Burton, ce vieux vampire du cinéma qui ressuscite tous les dix ans pour injecter un peu de mélancolie dans la pop culture.
Mais ils n’étaient pas seuls. Alfred Gough et Miles Millar, les deux cerveaux derrière le revival macabre de Mercredi, les accompagnaient — visiblement peu habitués à l’humidité des quais de Seine mais ravis de communier avec les fans. On les aurait confondus avec des profs de fac échappés d’un amphi si on ne savait pas qu’ils dirigent l’une des séries les plus vues de l’histoire de Netflix, rien que ça.
Jenna, elle, était là comme une apparition : mini-look goth sobre, regard mitraillette, humour sec comme une biscotte oubliée. Elle a servi des glaces. Des vraies. Pas des trucs véganes à la lavande : des boules glacées façon RIP l’été, avec les happy few invités par Netflix qui faisaient mine de ne pas suer comme des cochons.
Paris Plages s’offre son enterrement en noir
Forget les animations zumba et les tournois de pétanque pour papys en claquettes. Cette année, Paris Plages a sorti la faux : le « Beach Club Mortel » s’est installé pile devant Orsay, comme si les cendres de Baudelaire venaient de tweeter “j’existe encore”.
On y retrouve tout ce que Mercredi a rendu cool : concerts de violoncelle dépressifs, séances de méditation pour te reconnecter à ta misanthropie, acupression pour relâcher ton karma moisi, et bingo drag pour ceux qui aiment le noir mais avec des paillettes. Chaque mercredi (of course), les animations tournent comme un rituel païen organisé par un CM fan de Lovecraft.
Et attention, les déglingos : le 27 août, c’est concours de cosplay, avec des mini-Mercredi, des oncles Fester et des Enid à paillettes prêtes à s’écharper pour une photo avec le jury. Rien à gagner, si ce n’est le droit de dire “j’étais là”, comme ceux qui ont vu Daft Punk au Pulp ou Stromae à Montmartre en 2010.
Un casting de freaks, de vrais, de purs
Si Jenna a capté la lumière (façon de parler : elle la rejette comme un vampire), le reste du cercle mortel n’était pas en reste. Tim Burton, fidèle à lui-même, a sorti la punchline qui résume bien tout le délire : “On m’a toujours dit que j’étais bizarre. Cette série, c’est juste mon quotidien.” Ça tombe bien, c’est aussi celui de la moitié des gens présents sur place, qui transpiraient le sarcasme jusqu’au cou.
Pas de trace visible d’autres membres du cast comme Catherine Zeta-Jones (Morticia), Luis Guzmán (Gomez) ou Emma Myers (Enid), mais pas grave. Leur absence a permis à Ortega de briller seule comme une étoile noire dans un ciel plein de néons TikTok.
Ce qu’elle a dit sur scène ? “J’ai beaucoup appris de Mercredi. On a le même humour, la même dégaine, et le même air constipé.” Une phrase culte instantanée, qu’on imagine déjà brodée sur une veste oversize ou tatouée derrière une oreille chez les fans hardcore.
Netflix sort les crocs pour l’été
C’est pas une promo, c’est une messe. Netflix, en bon maître du marketing cannibale, a transformé une série en ambiance, une ado bizarre en messie de la Gen Z, et une venue d’actrice en rituel gothico-touristique. Tout ça pour préparer le terrain à la saison 2 de Mercredi, dont les quatre premiers épisodes sortent le 6 août. Et oui, le premier sera diffusé gratuitement (gratuitement, t’as bien lu !) sur écran géant en plein Paris Plages, là où certains mataient Plus Belle la Vie l’été dernier.
Et si ça te fait marrer, imagine que pendant qu’un DJ balançait Creep en acoustique, des gosses de 10 ans déguisés en Mercredi distribuaient des sucettes en forme de cercueil. C’est ça, 2025. Un grand carnaval absurde où l’ironie a remplacé la météo.
Je suis passé par là. J’y allais pour juger. J’y suis resté deux heures. J’ai mangé une glace noire, j’ai médité entre deux goths en marcel et j’ai failli pleurer pendant un morceau de violoncelle sur « Paint It Black ». C’était à la fois ridicule, ultra marketé… et étrangement sincère.
C’est peut-être ça le génie de cette opération : transformer Paris, même pour un mois, en terrain de jeu pour freaks lucides. Et si le monde va droit dans le mur, autant y aller avec un sourire sarcastique et un cornet glacé à la main.