Une « papesse » des influenceurs en pleine mutation
Magali Berdah a bâti un empire sur la culture de l’instantanĂ© et de l’apparence, dirigeant Shauna Events, l’agence star qui gĂ©rait les contrats des influenceurs. Ce n’est pas rien : des millions d’euros gĂ©nĂ©rĂ©s par des placements de produits, du mascara miracle au rĂ©gime protĂ©inĂ© douteux. Elle Ă©tait, pour beaucoup, la reprĂ©sentante d’une jeunesse obsĂ©dĂ©e par les likes et les stories.
Mais l’image dorée a commencé à se fissurer. Les scandales autour des pratiques trompeuses, les accusations de manipulation et une série de déboires judiciaires ont peu à peu terni sa couronne. Et pourtant, la voilà aujourd’hui aux côtés de figures politiques, esquissant une reconversion étonnante et calculée.
Influence et politique : une alliance toxique ?
L’idée d’un mariage entre le monde des influenceurs et celui des politiques n’est pas nouvelle. Mais Magali Berdah en incarne une version particulièrement visible, presque caricaturale. Quand on la voit en photo avec des figures de la République, on se demande : quel est le message ? Les politiques espèrent-ils capter les jeunes via son audience, ou Berdah cherche-t-elle à redorer son blason avec un vernis institutionnel ?
Soyons réalistes : ces alliances sentent le désespoir mutuel. Les uns cherchent une crédibilité numérique, les autres une légitimité sociale. Le problème, c’est qu’on mélange deux sphères dont les valeurs devraient, en théorie, s’opposer. Une influenceuse ne devrait pas se retrouver à côtoyer des décideurs, comme si les selfies et la politique avaient le même poids dans une société moderne.
Une France sous l’emprise de la superficialité
Ce qui est fascinant – ou effrayant, selon votre point de vue –, c’est à quel point la trajectoire de Berdah reflète l’époque. Nous vivons dans une société où le contenu de 15 secondes a plus d’impact qu’un débat d’une heure. Où un placement de produit peut avoir plus d’influence qu’un discours électoral. Berdah, c’est le symptôme d’une époque où tout doit être consommé rapidement, sans réflexion ni profondeur.
Et soyons clairs : la politique qui l’accueille dans ses rangs envoie un message déprimant. Si le pouvoir s’associe à des figures du buzz, que reste-t-il des idéaux, des débats de fond, des convictions ? Si tout devient une question de visibilité et de « branding », alors pourquoi ne pas élire directement des influenceurs comme présidents ? Après tout, ils savent faire tourner un algorithme mieux que quiconque.
Mon avis : jusqu’où irons-nous ?
Voir Magali Berdah s’infiltrer dans les cercles politiques me donne une drôle de nausée. Pas parce qu’elle n’a pas le droit d’avoir des ambitions – tout le monde en a – mais parce qu’elle symbolise une dilution inquiétante des rôles et des valeurs. La politique n’est pas censée être un spectacle, mais un service. Ce n’est pas un défilé de célébrités, mais un espace de réflexion.
Alors oui, Berdah a une influence, c’est indéniable. Mais cette influence doit-elle être utilisée pour conseiller des élus ou influencer des décisions publiques ? Je n’en suis pas convaincu. Parce que derrière les strass et les paillettes, il y a un vide que la République ne pourra jamais combler. Et ce vide, c’est celui de l’intégrité et de la vision.