Un vide soudain et menaçant
Lorsque Hidalgo a déclaré qu’elle ne se représenterait pas en 2026, elle a libéré un kaléidoscope d’ambitions. Les barons socialistes se sont réveillés en mode survie : qui héritera de la légitimité de celle qui aura marqué la ville pendant douze ans ? Le signal est clair : on ne vient pas siéger à l’Hôtel de Ville pour y faire tapisserie.
Emmanuel Grégoire, le dauphin blessé
À 46 ans, l’ex-premier adjoint d’Hidalgo se présentait déjà comme son successeur naturel. Son annonce dès le 19 novembre 2024 n’a rien d’un hasard : il a su se forger un palmarès électoral solide en battant Clément Beaune avec 50,87 % des voix au premier tour dans la 7e circonscription. Soutenu par 450 militants socialistes parisiens, Emmanuel Grégoire traîne pourtant un parfum d’ingratitude : son éloignement d’avec Hidalgo a piqué quelques susceptibilités. Prochaine étape, un duel interne face à Rémi Féraud le 30 juin 2025, qui s’annonce particulièrement brûlant.
Pierre-Yves Bournazel, l’alternatif anti-système
Conseiller du 18e arrondissement pour Horizons, la bannière lancée par Édouard Philippe, Bournazel entend se poser en contre-pouvoir. Son carnet de chasse : dénoncer le taux d’absentéisme municipal – qu’il chiffre à près de 10 % – et promettre une fonction publique parisienne remis à l’endroit. Sa posture d’opposant constructif séduit ceux qui en ont marre des querelles gauche-droite, mais pourra-t-il séduire au-delà de son cercle ?
Rachida Dati, l’outsider aguerrie
Figure de l’ancien régime sarkozyste et actuelle ministre de la Culture, Dati joue la carte de la rupture avec la gauche. À la tête du 7e arrondissement, elle réclame une réforme pour élire directement les maires des grandes villes, histoire de dépoussiérer un système jugé trop technocratique. Son franc-parler peut faire mouche, même si certains lui reprochent un ton parfois trop condescendant.
Ian Brossat, le communiste pragmatique
Le sénateur communiste a officialisé sa disponibilité dès novembre 2024, sans détours : « Oui, je suis disponible », a-t-il lâché. C’est tout lui : pas de langue de bois, un discours de terrain centré sur la justice sociale, le logement et la solidarité. Son étiquette rouge reste un handicap dans les arrondissements les plus huppés, mais son aura de militant cohérent pourrait déborder hors de son électorat traditionnel.
Rémi Féraud, le poulain estampillé
Le sénateur socialiste bénéficie d’un soutien direct d’Anne Hidalgo, qui ne cache pas son admiration pour lui. En coulisses, il peaufine son projet depuis des mois, prêt à reprendre le flambeau sans casser la machine associative héritée de son mentor. Reste à savoir s’il se démarquera suffisamment du bilan en demi-teinte de la majorité sortante.
Yannick Jadot, la revanche verte
Le sénateur écolo a fait retentir son appel le 20 janvier 2025 : rassembler « écologistes, socialistes et communistes » pour offrir un souffle neuf à Paris. Hors primaire des Verts, Jadot mise sur une union pragmatique plutôt qu’une querelle de chapelles. Dans une capitale où la question environnementale devient cruciale, son discours trouve un public en expansion.
David Belliard, l’écologiste de terrain
Adjoint chargé des mobilités et de la transformation urbaine, Belliard a remporté la primaire des Verts fin mars 2025, misant sur les rues-jardins, les mobilités douces et l’héritage des Jeux Olympiques. Son profil technique et son expérience municipale lui donnent un sérieux avantage, mais manquera-t-il du charisme brut pour dépasser Jadot ?
Francis Szpiner, l’ordre face au désordre
Ancien maire du 16e arrondissement, l’avocat de 71 ans porte désormais les couleurs de « Demain Paris ». Il se présente en garant de « l’ordre dans la rue et dans les comptes », promettant rigueur et sécurité. Son électorat, plutôt conservateur, pourrait lui offrir un socle solide, à condition qu’il parvienne à moderniser son discours.
Gabriel Attal, la carte joker
La rumeur enfle : l’ex-Premier ministre récolterait 42 % d’intentions de vote si jamais il se lançait. Renaissance n’a pas encore tranché, repoussant sa désignation à la fin de l’été 2025. Si Attal valide sa candidature, il ferait basculer la partie au centre, bousculant toutes les projections.
Paris n’a jamais été aussi vivante. Les joutes d’avant-campagne tranchent avec le ronron habituel : alliances improbables, coups de théâtre et stratégies de choc. Pour ma part, je mise sur un second tour où la gauche classique, l’écologie et un candidat centriste joueront à trois, reflet de villes trop complexes pour être enfermées dans une partition binaire. Et toi, curieux parisien, prépare ton trajet en vélib’ : tu risques d’en avoir besoin pour suivre ce feuilleton politique en plein cœur de la ville lumière.