par | 4 Nov 2024

Boyard vs. Stade de France : quand le foot devient politique

LĆ , on ne parle pas d’un simple match de foot, d’un coup de sifflet ou de quelques acclamations survoltĆ©es. Non, on est en plein dans un ring politico-sportif où Louis Boyard, dĆ©putĆ© du Val-de-Marne, vient de monter, armĆ© de pĆ©titions et de dĆ©clarations enflammĆ©es. Objectif ? Annuler le match France-IsraĆ«l prĆ©vu le 14 novembre au Stade de France. Sa raison ? La situation dramatique Ć  Gaza, que Boyard n’hĆ©site pas Ć  qualifier de "gĆ©nocide". Oui, le mot est lĆ¢chĆ©, lourd, pesant, et soulĆØve autant de passion que de polĆ©miques.
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Ā« Deux poids, deux mesures Ā» : le cri du cœur

Sur les ondes de Sud Radio, le jeune dĆ©putĆ© ne mĆ¢che pas ses mots. Il veut en finir avec ce qu’il appelle le Ā« deux poids, deux mesures Ā» : d’un cĆ“tĆ©, la Russie et la BiĆ©lorussie exclues de la FIFA pour leurs actions militaires en Ukraine, de l’autre, IsraĆ«l, dont la politique en Palestine reste impunie sur la scĆØne sportive internationale. Boyard s’appuie mĆŖme sur l’article 4 des statuts de la FIFA, celui-lĆ  mĆŖme qui exige le respect des droits humains universels. Un texte que l’on brandit rarement, mais qui, ici, fait figure de bouclier moral.

Ce parallĆØle est frappant, troublant mĆŖme, et rappelle cette vieille habitude de la FIFA de naviguer en eaux troubles, parfois aveugle, parfois complaisante. Et qui peut vraiment contredire Boyard sur le fond ? Quand les camĆ©ras braquent leur œil de verre sur les victimes civiles, difficile de dĆ©tourner le regard, difficile de se contenter de la neutralitĆ© hypocrite du sport.

L’impact (ou pas) d’une pĆ©tition

Sur son compte X, Boyard a partagĆ© une pĆ©tition lancĆ©e par l’Association France Palestine SolidaritĆ©, dĆ©jĆ  signĆ©e par plus de 6 500 personnes. Un chiffre qui, soyons honnĆŖtes, n’impressionnera pas grand monde au ministĆØre de l’IntĆ©rieur. Mais pour Boyard, chaque signature compte, chaque clic est une petite onde dans cette marĆ©e d’indiffĆ©rence politique. Ƈa rappelle un peu ces fameuses pĆ©titions en ligne : un clic pour se donner bonne conscience, pour affirmer un positionnement moral, mais qui, au final, n’ont souvent que peu d’impact sur les dĆ©cisions de l’État.

Alors que vaut rĆ©ellement cette mobilisation digitale ? Dans un monde où chaque jour naĆ®t une nouvelle cause, la pĆ©tition de Boyard et de l’AFPS semble dĆ©jĆ  vouĆ©e Ć  l’oubli. Mais elle marque, elle impose une question : jusqu’où le sport peut-il ignorer le contexte gĆ©opolitique ?

Un Stade de France en mode « jauge réduite » ?

Bruno Retailleau, ministre de l’IntĆ©rieur, l’a affirmĆ© : le match aura bien lieu. Mais pour la premiĆØre fois, il Ć©voque l’idĆ©e d’une jauge rĆ©duite. Un compromis ? Un signe de l’embarras de l’État face Ć  une situation qui Ć©chappe au simple domaine sportif ? La vĆ©ritĆ©, c’est que rĆ©duire le nombre de spectateurs pourrait donner l’illusion d’une maĆ®trise de la situation, comme une vague tentative de mĆ©nager toutes les sensibilitĆ©s sans pour autant flĆ©chir sous la pression.

D’autant que, pour cette rencontre explosive, les mesures de sĆ©curitĆ© sont carrĆ©ment surdimensionnĆ©es. Laurent NuƱez, prĆ©fet de police, a promis des fouilles exhaustives et une prĆ©sence policiĆØre renforcĆ©e, avec une possibilitĆ© d’intervention directe dans le stade. On imagine dĆ©jĆ  les forces de l’ordre prĆŖtes Ć  bondir, casques et boucliers en main, surveillant chaque geste, chaque parole. Une ambiance Ć©lectrique où le moindre dĆ©rapage pourrait faire basculer le match dans le chaos.

Entre le politique et le terrain

Ce qui est certain, c’est que ce match du 14 novembre symbolise quelque chose de bien plus profond qu’une simple compĆ©tition sportive. C’est une question d’image, d’éthique, de valeurs. C’est aussi un reflet de notre Ć©poque, où les lignes entre le politique et l’entertainment sont plus floues que jamais, où chaque Ć©vĆ©nement est potentiellement un acte politique. Louis Boyard l’a compris, et qu’on partage ou non sa position, il a osĆ© bousculer l’ordre Ć©tabli.

Alors, oui, le sport et la politique ne devraient pas se mĆ©langer, disent les puristes. Mais dans le monde d’aujourd’hui, est-ce seulement possible ? Le Stade de France, ce 14 novembre, sera le théâtre de bien plus qu’un match. Ce sera une arĆØne où les convictions s’affrontent, où les idĆ©ologies se percutent. Un symbole fort, une dĆ©chirure entre deux mondes qui ne peuvent plus ignorer leur interdĆ©pendance.

Tom, rĆ©dacteur passionnĆ© chez ANousParis šŸ–‹ļø. Je couvre toute l'actu parisienne - culture, Ć©vĆ©nements, et tendances de la Ville LumiĆØre! šŸ—¼