Ā« Deux poids, deux mesures Ā» : le cri du cÅur
Sur les ondes de Sud Radio, le jeune dĆ©putĆ© ne mĆ¢che pas ses mots. Il veut en finir avec ce quāil appelle le Ā« deux poids, deux mesures Ā» : dāun cĆ“tĆ©, la Russie et la BiĆ©lorussie exclues de la FIFA pour leurs actions militaires en Ukraine, de lāautre, IsraĆ«l, dont la politique en Palestine reste impunie sur la scĆØne sportive internationale. Boyard sāappuie mĆŖme sur lāarticle 4 des statuts de la FIFA, celui-lĆ mĆŖme qui exige le respect des droits humains universels. Un texte que lāon brandit rarement, mais qui, ici, fait figure de bouclier moral.
Ce parallĆØle est frappant, troublant mĆŖme, et rappelle cette vieille habitude de la FIFA de naviguer en eaux troubles, parfois aveugle, parfois complaisante. Et qui peut vraiment contredire Boyard sur le fond ? Quand les camĆ©ras braquent leur Åil de verre sur les victimes civiles, difficile de dĆ©tourner le regard, difficile de se contenter de la neutralitĆ© hypocrite du sport.
L’impact (ou pas) dāune pĆ©tition
Sur son compte X, Boyard a partagĆ© une pĆ©tition lancĆ©e par l’Association France Palestine SolidaritĆ©, dĆ©jĆ signĆ©e par plus de 6 500 personnes. Un chiffre qui, soyons honnĆŖtes, nāimpressionnera pas grand monde au ministĆØre de lāIntĆ©rieur. Mais pour Boyard, chaque signature compte, chaque clic est une petite onde dans cette marĆ©e dāindiffĆ©rence politique. Ća rappelle un peu ces fameuses pĆ©titions en ligne : un clic pour se donner bonne conscience, pour affirmer un positionnement moral, mais qui, au final, nāont souvent que peu d’impact sur les dĆ©cisions de lāĆtat.
Alors que vaut rĆ©ellement cette mobilisation digitale ? Dans un monde oĆ¹ chaque jour naĆ®t une nouvelle cause, la pĆ©tition de Boyard et de lāAFPS semble dĆ©jĆ vouĆ©e Ć lāoubli. Mais elle marque, elle impose une question : jusquāoĆ¹ le sport peut-il ignorer le contexte gĆ©opolitique ?
Un Stade de France en mode Ā« jauge rĆ©duite Ā» ?
Bruno Retailleau, ministre de lāIntĆ©rieur, lāa affirmĆ© : le match aura bien lieu. Mais pour la premiĆØre fois, il Ć©voque lāidĆ©e dāune jauge rĆ©duite. Un compromis ? Un signe de lāembarras de lāĆtat face Ć une situation qui Ć©chappe au simple domaine sportif ? La vĆ©ritĆ©, cāest que rĆ©duire le nombre de spectateurs pourrait donner lāillusion dāune maĆ®trise de la situation, comme une vague tentative de mĆ©nager toutes les sensibilitĆ©s sans pour autant flĆ©chir sous la pression.
Dāautant que, pour cette rencontre explosive, les mesures de sĆ©curitĆ© sont carrĆ©ment surdimensionnĆ©es. Laurent NuƱez, prĆ©fet de police, a promis des fouilles exhaustives et une prĆ©sence policiĆØre renforcĆ©e, avec une possibilitĆ© dāintervention directe dans le stade. On imagine dĆ©jĆ les forces de lāordre prĆŖtes Ć bondir, casques et boucliers en main, surveillant chaque geste, chaque parole. Une ambiance Ć©lectrique oĆ¹ le moindre dĆ©rapage pourrait faire basculer le match dans le chaos.
Entre le politique et le terrain
Ce qui est certain, cāest que ce match du 14 novembre symbolise quelque chose de bien plus profond quāune simple compĆ©tition sportive. Cāest une question dāimage, dāĆ©thique, de valeurs. Cāest aussi un reflet de notre Ć©poque, oĆ¹ les lignes entre le politique et lāentertainment sont plus floues que jamais, oĆ¹ chaque Ć©vĆ©nement est potentiellement un acte politique. Louis Boyard lāa compris, et quāon partage ou non sa position, il a osĆ© bousculer lāordre Ć©tabli.
Alors, oui, le sport et la politique ne devraient pas se mĆ©langer, disent les puristes. Mais dans le monde dāaujourdāhui, est-ce seulement possible ? Le Stade de France, ce 14 novembre, sera le thĆ©Ć¢tre de bien plus quāun match. Ce sera une arĆØne oĆ¹ les convictions sāaffrontent, oĆ¹ les idĆ©ologies se percutent. Un symbole fort, une dĆ©chirure entre deux mondes qui ne peuvent plus ignorer leur interdĆ©pendance.