Le spectre des réformes : la goutte de trop
Depuis des mois, les syndicats agitent le drapeau rouge. La réforme des retraites est l’étincelle qui a mis le feu à une colère déjà incandescente. Promettre une retraite à 64 ans alors que beaucoup peinent déjà à boucler leurs fins de mois relève presque de l’humour noir. Ajoutez à cela un mépris palpable envers les enseignants, les soignants et tous ces « héros de l’ombre » qu’on applaudissait pendant la pandémie. Voilà la recette explosive qui nous conduit au 5 décembre.
En chiffres, 30 % des fonctionnaires déclarent envisager de quitter leur poste d’ici cinq ans. Burn-out, salaires figés, postes non remplacés : le secteur public se désagrège sous nos yeux. Imaginez une infirmière jonglant entre 12 patients en soins intensifs ou un professeur gérant une classe de 35 élèves. Vous les sentez, les fissures dans le bateau France ?
Une journée de blocage : la guerre des nerfs
Les prévisions donnent le ton : 70 % des trains annulés, services publics à l’arrêt, manifs géantes dans les rues. Vous pensiez partir en week-end ? Oubliez. Espérez-vous un métro pour aller bosser ? Bonne chance. La grève sera brutale, mais n’est-ce pas le but ? Difficile de ne pas penser à la fameuse réplique de Fight Club : « C’est seulement quand tout s’écroule qu’on peut tout reconstruire. »
Les réseaux sociaux, bien sûr, s’enflamment déjà. Les uns dénoncent une prise d’otage par les syndicats, d’autres applaudissent ce coup de poing contre le capitalisme sauvage. Et puis, il y a ceux qui se contentent de poster des mèmes. Parce que, oui, rien n’adoucit la misère comme un bon vieux Gif de « C’est la catastrophe. »
La grève, une tradition bien française
Soyons honnêtes : la grève est inscrite dans l’ADN français. De mai 68 aux Gilets jaunes, en passant par les jacqueries médiévales, nous sommes les rois du « non » collectif. Cela vous agace ? Peut-être. Mais admettez-le : il y a un certain panache dans cette capacité à tout envoyer valser. Pendant que d’autres nations se noient dans la résignation, nous préférons bloquer le périph’ avec des tracteurs. Et si cela ne fonctionne pas, au moins, on aura essayé.
Mais les grévistes d’aujourd’hui jouent gros. Les politiques comptent sur notre lassitude, sur ce moment où l’on dira « ça suffit. » Pourtant, 64 % des Français soutiennent le mouvement selon un sondage Ifop. Pourquoi ? Parce qu’au fond, on sent tous que la corde est prête à casser.
Macron et sa tour d’ivoire
Et pendant ce temps, que fait Emmanuel Macron ? Il déroule son storytelling néolibéral, parlant d’équilibre budgétaire avec l’aplomb d’un comptable en costard hors de prix. Les aides fiscales aux entreprises ? Pas de problème. Mais pour le financement des retraites ? Mystère. Un brin cynique, vous dites ? Le mot est faible.
Le président semble ignorer que les « premiers de cordée » sont sur le point de lâcher prise. Et son gouvernement ? Il joue la montre, espérant que la fatigue grignote les grévistes avant que les concessions ne deviennent indispensables. Mais si cette stratégie a fonctionné par le passé, aujourd’hui, le terrain est bien plus inflammable.
Pourquoi il faut soutenir ce chaos organisé
On peut critiquer les grèves, râler sur les retards et les désagréments, mais il y a une vérité brutale : ce mouvement est une défense collective. Quand un hôpital ferme des lits ou qu’un enseignant jette l’éponge, ce n’est pas qu’eux que l’on abandonne, c’est nous tous. Chaque annulation de train, chaque poste non remplacé, c’est un pan entier du service public qui s’effrite.
Alors, avant de lever les yeux au ciel face aux cortèges, rappelez-vous : ce ne sont pas eux, les responsables du chaos. Ce sont ceux qui, depuis des décennies, creusent la tombe d’un modèle où l’on prenait soin des autres. Soutenir cette grève, c’est défendre ce qui nous reste d’humanité collective.
Ils ne lâchent rien. Nous non plus.