par | 1 Juil 2025

Emmanuel Grégoire met Paris en courant alternatif

On aurait cru la Rotonde Stalingrad transformée en sauna politique. Lundi 30 juin, dans une moiteur qui collait les slogans aux T-shirts, Emmanuel Grégoire a arraché la primaire socialiste à Paris avec 52,61 % des suffrages – 807 bulletins qui lui ouvrent la tête de liste pour 2026. Derrière : Rémi Féraud (44,33 %, 680 voix) et la discrète Marion Waller (3 %, 46 voix) ramassent les miettes. Pas de suspense hollywoodien : juste un grand « Hourra ! » et quelques bières tièdes pour arroser la revanche d’un ex-premier adjoint qu’on disait grillé.
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Une primaire sous haute tension

C’est peu dire que cette campagne a été étriquée comme le 11ᵉ arrondissement un jour de canicule. Trois candidats, quelques débats plan-plan et, au-dessus de leurs têtes, l’ombre portée d’Anne Hidalgo, sortie mais pas sortie. L’édile, encore assise dans le fauteuil municipal jusqu’en 2026, avait officiellement planté son drapeau dans le camp Féraud, annonçant même qu’elle ne lèverait pas un doigt pour Grégoire s’il gagnait. Autant dire qu’elle vient d’avaler un cactus. Le PS parisien, que la maire tenait encore serré il y a dix ans, vient de lui tourner le dos sans prévenir, façon ghosting génération TikTok.

Hidalgo, la reine sans royaume

Hidalgo, c’est la tragédie grecque sous néons LED : montée au zénith en 2014, elle finit la décennie avec un générique de fin pas très flatteur. Son bras droit d’hier est devenu son caillou dans la chaussure neuve. La mairie se retrouve maintenant à jouer Game of Thrones sur fond de pistes cyclables et de sapins de Noël éco-friendly. La question qui tue : la maire va-t-elle vraiment soutenir l’homme qu’elle a traité de traître à demi-mots ? Pour l’instant, elle a sorti un communiqué aussi tiède qu’un café d’après-réunion, félicitant « son » Emmanuel et caressant Rémi dans le sens du poil. On a vu plus passionné.

Grégoire, le come-back kid

Le nouveau boss du PS parisien, c’est un peu le type qu’on pensait rangé au placard des « ex-adjoints qui écrivent des tribunes ». Élu député en 2024 pour se refaire un CV national, Grégoire revient dans le game municipal comme un rappeur old school qui signe un maxi surprise. Dans son micro sans fil, il promet de « défendre le bilan » de son ex-patronne, tout en expliquant qu’il saura « faire mieux ». Traduction : je garde les pistes cyclables, mais je repeins la stratégie à ma sauce. Ça va sentir la testostérone sous les arcades de l’Hôtel de Ville.

Gauche éparpillée façon puzzle

Ne nous mentons pas : le problème de Grégoire n’est pas de séduire les nostalgiques du PS façon Delanoë, mais de coller ensemble un Rubik’s Cube appelé « gauche parisienne ». Les écologistes, les Insoumis et les socialos stagnent chacun entre 15 % et 20 % dans les derniers baromètres. Ça fait joli sur un camembert, moins sur un bulletin de vote. Grégoire jure qu’il refusera une alliance avec LFI : courage ou kamikaze, on verra. En attendant, ses militants hurlent « Unité ! » comme on scande un refrain en after.

La droite qui se frotte les mains

Pendant que la gauche joue à « chacun son totem », Rachida Dati aligne les pourcentages comme un trader accro aux dopamine hits. Un sondage Elabe sorti la semaine dernière donne la ministre-maire du 7ᵉ à 34 % des intentions de vote, creusant un fossé confortable avec la concurrence socialo-écolo. Dati, c’est la chute de reins politique : ça aimante même les électeurs qui jurent ne pas aimer la droite. En prime, la scission récente des Républicains parisiens n’a fait que dégager la piste, comme un gosse qui pousse ses Lego pour plus d’espace au sol.

Paris, entre sueur et urnes

On pourrait croire que tout cela se joue loin des préoccupations des jeunes qui scannent leur Q R code sur du houmous bio avant d’aller bosser en freelance. Faux. La mairie de Paris, c’est la régie qui décide si ton studio sera inhabitable ou juste hors de prix, si ta trottinette aura une piste dédiée ou finira confisquée, si tes nuits blanches seront calmées par la police municipale ou par le chant des livreurs Deliveroo. Grégoire le sait : s’il veut transformer ses 807 voix militantes en raz-de-marée urbain, il devra parler loyers, verdure et nightlife sans passer pour le tonton qui veut être « cool ».

Pourquoi je garde un œil (et toi aussi)

Je t’entends déjà soupirer : « Encore un feuilleton politique ». Sauf que celui-ci dégouline d’enjeux concrets. Dati qui joue la carte sécuritaire chic, Grégoire qui promet plus de logements et moins de bagnoles, Hidalgo en roue libre… Paris est sur le point de choisir le DJ qui va mixer nos vies urbaines pour la prochaine décennie. Et si tu penses que ça ne changera rien, demande à ceux qui ont vu émerger les trottinettes, les terrasses XXL ou les verbalisations anti-clopes sur les quais. La ville est un animal en mue, et les municipales, c’est le moment où on décide si on lui greffe des ailes ou des roulettes.

Perso, je poserai mon transat citoyen en première ligne, pop-corn à la main, pour regarder ce duel Grégoire-Dati – avec, en guest, une gauche fracturée qui apprend la sororité sur TikTok. Parce qu’au-delà des manifs et des hashtags, le pouvoir se joue parfois dans un comptage d’enveloppes un soir de canicule. Et si tu trouves que la politique pue la naphtaline, viens respirer l’odeur du bitume brûlant : tu verras, ça réveille.

Tom, rédacteur passionné chez ANousParis 🖋️. Je couvre toute l'actu parisienne - culture, événements, et tendances de la Ville Lumière! 🗼