Un air irrespirable sous cloche d’ozone
On parle souvent de qualité de l’air, mais là, on est carrément sur un niveau « open bar à ozone ». D’après Airparif, l’organisme qui a le malheur d’avoir pour mission de surveiller notre air poisseux, les concentrations dépassent joyeusement les 180 µg/m³, avec des pics flirtant avec les 210 µg/m³. En langage non technocratique : respirez bien fort… si vous voulez sentir ce que ça fait d’avoir deux paquets de Gitanes dans les poumons avant le petit dej.
Le seuil d’alerte officiel ? 180 µg/m³. Donc logiquement, la préfecture a dégainé l’artillerie lourde : réduction des vitesses maximales autorisées, comme si rouler à 10 km/h de moins allait faire disparaître le smog d’un coup de baguette magique.
Quand l’A86 devient la frontière de la décence respirable
Laurent Nuñez, notre préfet de police, a donc sorti son plus beau stylo pour pondre un arrêté : périmètre de restriction : tout ce qui est à l’intérieur de l’A86, sauf l’A86 elle-même. Oui, c’est aussi absurde que ça en a l’air. Traduction pour les non-initiés : tu peux toujours tracer sur le périphérique, mais dès que tu veux te faufiler dans Paris ou ses alentours, il faudra lever le pied.
Petite démo des nouvelles règles dignes d’un Mario Kart sous Lexomil :
- 110 km/h max au lieu de 130 sur les autoroutes
- 90 km/h là où c’était 110
- 70 km/h là où c’était 90
- Et sur les nationales et départementales : 70 au lieu de 80 km/h
C’est pas encore la zone 30, mais ça s’en rapproche doucement. Avec en prime, contrôles renforcés histoire de bien rajouter du stress à ta clim qui souffle déjà sa dernière bouffée d’air tiède.
Le grand retour du télétravail par canicule interposée
Dans leur grand élan de compassion citoyenne, les autorités nous recommandent de limiter les déplacements en voiture. C’est mignon. Sauf que quand tu dois trimballer ton PC, tes courses et ta dignité sous 40 degrés, le métro transformé en étuve humaine n’est pas forcément plus sexy.
La préfecture pousse aussi au télétravail. Mais là encore, on rit jaune. Parce qu’entre les open spaces climatisés et les appartements parisiens transformés en four solaire sous toiture, le choix est vite fait. Travailler chez soi avec 38 degrés à l’ombre, c’est un peu comme tenter de coder un site sous acide, en nageant dans son propre jus.
Et pendant ce temps, les poids lourds de plus de 3,5 tonnes doivent faire un petit détour par la rocade francilienne. Traduction : les banlieusards vont aussi goûter au plaisir des bouchons en plein soleil.
Le syndrome de la ville poêle à frire
Le plus ironique dans tout ça ? C’est que ces mesures ne sont même pas nouvelles. On nous les ressort à chaque épisode de chaleur intense, comme un vieux sketch mal écrit qu’on se repasse en boucle. Depuis 2003 et la canicule qui a mis Paris à genoux, les alertes pollution se suivent et se ressemblent. On baisse les vitesses, on fait semblant de respirer mieux… et on attend que ça passe.
Le vrai problème, c’est pas juste la température. C’est cette urbanisation à outrance, ces kilomètres de béton qui retiennent la chaleur comme un four à pizza, et notre dépendance crasse à la bagnole. Pendant que certains jouent aux champions de la trottinette électrique et que d’autres continuent de bloquer le périph à coups de SUV climatisés, on regarde collectivement notre ville se transformer en sauna géant, sans jamais se demander si tout ça n’aurait pas un rapport avec le dérèglement climatique.
Survivre à Paris en mode grillade lente
Alors oui, perso je vais continuer à faire mes trajets à vélo. Pas par amour de la performance sportive, mais juste parce que c’est encore le moyen le moins désagréable d’avancer sans crever de chaud, coincé derrière un pot d’échappement. Même si je termine chaque trajet en mode chemise détrempée façon concours de T-shirt mouillé, au moins je réduis mes chances d’être contrôlé pour un excès de vitesse à 71 km/h sur la nationale.
Mais on ne va pas se mentir : cette histoire de réduction de vitesse, c’est un peu comme coller un pansement Hello Kitty sur une fracture ouverte. Ça soulage sur le moment, mais ça change rien au fait qu’à Paris, dès que le thermomètre s’emballe, on respire du poison et on grille sur place comme des steaks trop cuits.
Alors si vous me cherchez cette semaine, je serai quelque part à l’ombre… enfin, s’il en reste encore.