Entre l’indifférence des pouvoirs publics et l’épuisement des riverains
Imaginez un quartier où chaque sortie pour acheter du pain ressemble à une expédition, où l’on serre son sac un peu plus fort en croisant des regards fuyants. La Chapelle, c’est aujourd’hui le symbole d’un Paris en déclin, où la sécurité semble être un luxe réservé aux arrondissements plus chics. La colère des riverains n’est pas nouvelle, mais elle a atteint un point de rupture. Ils ne veulent plus se contenter des promesses creuses des élus locaux qui, bien souvent, se perdent dans des discours alambiqués sur « le vivre-ensemble » sans jamais poser le moindre acte concret.
On connaît tous ce vieux refrain : les élus arrivent, distribuent quelques sourires, font des promesses, puis repartent pour ne plus jamais revenir. Mais les habitants de La Chapelle ne sont pas dupes. Ils ont compris que s’ils ne prenaient pas eux-mêmes les devants, les choses ne changeraient jamais. Et c’est là que l’association entre en scène. Un regroupement de résidents et commerçants déterminés à redonner à leur quartier un semblant de dignité.
La résistance locale : des mots aux actes
Cette nouvelle association, née de la frustration et du ras-le-bol général, veut plus que des mots. Et on ne parle pas ici de quelques banderoles accrochées aux fenêtres. Les résidents veulent mettre en place de véritables actions de terrain, de la sensibilisation auprès des jeunes à des patrouilles citoyennes. Certains diront que c’est une initiative qui frôle la milice, mais il faut comprendre le niveau d’exaspération des habitants. Quand vous voyez des dealers installer leur marché juste devant votre porte, que des bagarres éclatent sous vos fenêtres à toute heure de la nuit, et que la police se contente de passer, sirènes hurlantes, sans jamais s’arrêter, vous réalisez que l’heure est venue de prendre votre destin en main.
Ce n’est pas la première fois que des citoyens décident de se substituer à l’État. Rappelez-vous de ces comités de quartier dans les années 70 et 80, quand des habitants de banlieue en avaient assez d’attendre que la police daigne intervenir. La Chapelle, c’est aujourd’hui une répétition de cette histoire, un retour à la résistance urbaine, mais avec des smartphones et des réseaux sociaux en plus.
L’impasse sécuritaire : et si on changeait de disque ?
Mais au-delà de l’association, il y a une question plus large à poser : pourquoi, à Paris, certaines zones semblent-elles être abandonnées par les pouvoirs publics ? La question n’est pas de savoir si les habitants exagèrent, mais pourquoi ils en arrivent à de telles mesures. Cela fait penser à cette vieille blague cynique : « Comment appelle-t-on une zone sans services publics ? Une zone de non-droit. » Bien sûr, c’est un peu tiré par les cheveux, mais quand on voit le manque de réaction des autorités, on se demande sérieusement si cette délinquance est une priorité pour eux.
Les statistiques de la préfecture montrent une augmentation des interventions, mais les habitants, eux, ne voient aucun changement concret. Un chiffre n’a jamais stoppé un voleur à la tire, pas plus qu’une statistique n’a empêché une agression. Ce que les gens veulent, ce sont des résultats, pas des graphiques.
Un quartier qui mérite mieux
Il est facile de critiquer les habitants qui s’organisent et d’arguer qu’ils manquent de recul ou de compréhension. Mais essayez de vivre ne serait-ce qu’une semaine sous le stress permanent, avec la peur de rentrer tard chez soi ou de laisser vos enfants jouer dans la rue. Ce n’est pas une question de paranoïa, c’est une réalité quotidienne à La Chapelle.
Il est temps que les autorités cessent de se contenter de mesures cosmétiques et de réellement se pencher sur la situation. Le quartier de La Chapelle ne veut pas être la version parisienne du Bronx des années 70. Il veut être un endroit où il fait bon vivre, tout simplement.
Pour ceux qui jugent les habitants trop sévères, rappelez-vous que l’action citoyenne est souvent la dernière chance de ceux qui n’ont plus rien à perdre. Et à La Chapelle, on a l’impression que le seuil de tolérance a été largement dépassé. Les habitants ne demandent pas des miracles, juste un peu de paix dans leur quotidien. Et si ça passe par la création d’une association qui botte les fesses aux pouvoirs publics, alors qu’il en soit ainsi.