De Châtelet à Sunset : la magie du rebranding temporaire
Alors, qu’est-ce que ça donne ? Un joyeux bazar, évidemment. Imaginez-vous en train de prendre la ligne 1 et d’arriver à « Sunset Champs-Élysées » au lieu de votre bon vieux Franklin D. Roosevelt. Ou alors, faire un arrêt à « Rodeo Drive » pour descendre à Opéra. Tout ça ressemble à une campagne de pub géante ou à un poisson d’avril hors saison. Mais non, c’est bien réel, et tout cela pour « célébrer la fraternité entre les deux villes hôtes des Jeux Olympiques ». On se demande si quelqu’un, quelque part, n’a pas pris l’idée d’un brainstorming trop à la lettre.
Certes, il y a quelque chose de drôle et de légèrement absurde dans cette initiative. C’est un peu comme voir votre grand-père branché tenter de faire des TikToks. On est partagés entre le sourire amusé et le facepalm. Au fond, Paris et Los Angeles n’ont pas grand-chose en commun. D’un côté, la ville des Lumières, l’élégance, la culture à chaque coin de rue ; de l’autre, LA, la ville des anges, du bling-bling et des smoothies protéinés. Et pourtant, les voilà liées par une fantaisie de stations de métro.
Quand le marketing des jeux dépasse les bornes
En matière de marketing, on pensait avoir tout vu. Des mascottes ridicules, des slogans qui donnent la chair de poule, et même des produits dérivés improbables. Mais là, la barre est haute. Rebaptiser des stations de métro, c’est un niveau de méta qu’on n’avait pas encore atteint. Cela aurait pu être génialement ironique si l’intention n’avait pas été aussi clairement mercantile.
Ce que cela révèle surtout, c’est la capacité qu’a le marketing des JO à se réinventer dans l’absurde pour attirer l’attention. Parce qu’on sait bien qu’au fond, cette initiative n’est pas là pour vous faire sourire sur votre trajet quotidien, mais pour créer du buzz, de l’engagement sur les réseaux sociaux, et surtout, vendre encore plus de tickets de métro à des touristes ébahis.
Paris ou Disneyland ?
D’un autre côté, il y a quelque chose d’intrigant dans cette approche presque « Disneylandisée » de Paris. Imaginez si on allait encore plus loin et qu’on rebaptisait des monuments historiques le temps d’une journée : « Hollywood Tower de Notre-Dame », « Walk of Fame de Montmartre », ou encore « Disneyland Versailles ». Non, Paris n’est pas une ville-musée. Mais doit-elle pour autant se transformer en parc à thème géant pour plaire à des sponsors et des marchés internationaux ?
Ce qui est certain, c’est que cette opération, aussi saugrenue soit-elle, ne manquera pas de faire parler. Que vous soyez cyniques ou naïfs, cette initiative touche un point sensible : notre rapport à la ville et à ses symboles. Peut-on vraiment jouer avec l’identité d’une ville comme on renomme des salles de concert ou des stades de foot ? Ou est-ce que tout ça n’est qu’un grand jeu, un clin d’œil qui ne demande qu’à être pris pour ce qu’il est : une blague ?
Le métro, dernier bastion de la culture populaire ?
Dans cette époque où tout devient brandé, où chaque espace est monétisé, les stations de métro sont peut-être le dernier bastion d’une culture populaire brute, non polluée par la publicité déguisée. Elles sont un peu comme des totems urbains, des repères immuables dans une ville en constante mutation. Et pourtant, voilà qu’on nous les transforme en outils de com’ géante. Il y a de quoi grincer des dents.
Mais ne soyons pas trop rabat-joie. Après tout, voir « Beverly Boulevard » sur un plan de métro parisien a quelque chose de surréaliste, d’amusant. C’est un peu comme si Paris avait décidé de faire son propre film parodique, avec un pied de nez au conformisme. Et puis, ça offre au moins une excuse pour poser une question pertinente à vos amis en soirée : « Tu descends à ‘Rodeo Drive’ ou à ‘Mulholland Montparnasse’ ? »
Et si on arrêtait de se prendre trop au sérieux ?
Alors oui, on pourrait râler sur cette énième tentative de surfer sur la vague des JO, de pousser encore plus loin le business du branding urbain. Mais, en même temps, n’est-ce pas aussi l’occasion de voir Paris sous un jour nouveau, même si ce n’est que pour une poignée de jours ? Une ville qui ose se moquer d’elle-même, qui joue avec son image pour surprendre. Parce qu’au fond, que serait Paris sans un peu de folie ?
Peut-être que la vraie leçon ici, c’est que nous devons arrêter de tout prendre au sérieux. Après tout, la vie est déjà assez chargée en stress et en ennui. Si un matin, on peut se réveiller et s’imaginer à Los Angeles en prenant le métro parisien, pourquoi pas ? On se dit qu’au fond, c’est une belle manière de rappeler que la ville est vivante, qu’elle est aussi faite pour rire, même de ses propres clichés.