Quand la réforme du DPE devient une fausse bonne nouvelle pour les petites surfaces

Les illusions du gouvernement sur les passoires énergétiques

Imaginez ça : vous êtes propriétaire d’un micro-appartement à Paris, un de ces cocons de 20 mètres carrés où chaque mètre compte. Vous vivez dans la hantise de voir votre bien classé en F ou G sur le diagnostic de performance énergétique (DPE), synonyme de « passoire énergétique ». En clair, une interdiction de location se profile à l’horizon 2028. Et puis, le gouvernement annonce une réforme qui, soi-disant, sauvera 140 000 petites surfaces de l’enfer de l’inefficacité énergétique. Une belle histoire, non ? Eh bien, détrompez-vous.

Un réajustement bienvenu… mais pour qui exactement ?

La réforme du DPE, entrée en vigueur le 1er juillet 2024, vise à corriger un biais qui pénalisait les petites surfaces. En théorie, cela signifie que des logements comme celui d’Alexia, une propriétaire parisienne, passent miraculeusement de F à E. “Je passe de F à E grâce à la nouvelle réglementation. Et ça, ça me permet de ne pas avoir de problématique de location, si ça ne bouge pas en termes d’échéances”, s’enthousiasme-t-elle. Une bonne nouvelle, vraiment ?

Le mirage des chiffres officiels

Le gouvernement nous vend cette réforme comme une bouffée d’oxygène pour 140 000 logements. Mais Hassad Mouheb, président de Fed Experts, une fédération de diagnostiqueurs, s’insurge : “On va être plus du côté des 80 000 logements qui vont sortir de la zone rouge. On sera très loin de ces chiffres annoncés par l’exécutif.” Autrement dit, on est face à une opération de comm’ bien huilée mais déconnectée de la réalité du terrain.

Une réforme qui ne change rien (ou presque)

Si vous aviez un espoir de voir votre T1 bis sauvé par cette réforme, désolé de briser votre rêve. La réalité est que cette réforme ne représente qu’une goutte d’eau dans un océan de passoires thermiques. 140 000 logements sur les 5 millions de passoires énergétiques en France, c’est à peine mieux qu’une rustine sur une chambre à air crevée.

Aurélien Toulouse, cofondateur de VICTOR Investissements, propose une approche plus radicale : “À mon sens, il faudrait rajouter un critère qui est celui de la consommation par personne. Entre être deux dans un 200 m² et deux dans un 20 m², l’impact écologique ne sera pas le même. Et c’est ce qui manque à mon sens aujourd’hui.” En gros, il s’agit d’arrêter de bricoler et de penser à une vraie refonte du système.

Les oublis stratégiques du gouvernement

Cette réforme laisse de côté une question cruciale : pourquoi ne pas réformer plus largement le DPE ? Le problème avec ces micro-réformes, c’est qu’elles évitent soigneusement de s’attaquer aux véritables problèmes structurels. On préfère tapisser les fissures plutôt que de reconstruire les fondations.

Au-delà des apparences : vers une vraie solution ?

Le DPE actuel, même réformé, ne prend pas en compte la réalité écologique du quotidien. Les consommateurs sont pris au piège dans un système qui les culpabilise sans leur donner les moyens de s’en sortir. Pour que la situation change vraiment, il faudrait envisager une approche holistique et audacieuse. Sinon, on continuera à se bercer d’illusions pendant que nos logements continueront de consommer comme des Hummers.

Et maintenant ?

À tous les jeunes propriétaires ou aspirants locataires qui espéraient un miracle de cette réforme : ne vous faites pas d’illusions. La solution ne viendra pas des petites retouches mais d’une véritable prise de conscience écologique et politique. Réclamez mieux, exigez plus. Parce qu’une rustine sur une chambre à air crevée ne vous mènera jamais bien loin. Soyons honnêtes : on mérite tous mieux que ça.

Alors, à vous de jouer. Faites du bruit, secouez le cocotier, et surtout, ne laissez personne vous vendre des réformes en toc. Parce qu’au final, c’est notre planète et notre avenir qui sont en jeu.