Tribunal ou plateau Netflix ?
Le procès Squarcini, où cette affaire s’est invitée, ressemble à un crossover improbable entre une série judiciaire et un stand-up politique. D’un côté, Arnault, outré, accuse Ruffin de vouloir exploiter ce procès pour « vendre son film ». Oui, vous avez bien lu. L’homme qui vend des sacs à 10 000 euros accuse quelqu’un de monnayer son travail. Ironique, non ?
Pour ajouter à l’absurdité, Arnault s’est présenté comme une victime de Ruffin, suggérant que le député mélenchoniste en faisait une cible facile pour booster sa carrière. Mais soyons honnêtes : Ruffin avait-il vraiment besoin d’une affaire judiciaire pour se faire un nom ? Le mec a déjà réussi à mettre sur orbite un docu anti-capitaliste qui a cartonné au box-office.
Quand le politique devient le nouveau punk
Ce face-à-face, c’est avant tout une collision entre deux visions du monde :
- Arnault incarne une élite oligarchique mondialisée, là où tout s’achète, même le silence.
- Ruffin, lui, joue la carte du prolétaire romantique, qui ne pliera jamais face aux puissants.
Cette dynamique rappelle un vieux refrain punk : « No Future », crié par les Sex Pistols à la face des aristos britanniques. Sauf qu’ici, la guerre des classes se joue en Dior et non en crêtes colorées. Ruffin ne veut pas juste faire tomber Arnault ; il veut qu’on regarde, qu’on applaudisse, qu’on achète son prochain billet de cinéma — avec un sarcasme mordant qui ferait pâlir Guy Debord.
Justice ou spectacle ?
Le véritable procès ici n’est pas celui de Squarcini ou même de Ruffin, mais celui de la relation trouble entre médias, justice et pouvoir. On est en 2024, et l’arène publique s’est déplacée des amphithéâtres aux tribunaux et aux réseaux sociaux. Chaque réplique, chaque accusation devient un mème prêt à être partagé, chaque procès un épisode d’une téléréalité macabre.
Pourtant, malgré toute la théâtralité, une question demeure : qui contrôle vraiment le récit ? Arnault, avec ses avocats affûtés comme des lames de rasoir, ou Ruffin, qui transforme chaque attaque en une scène supplémentaire pour son prochain film ? Et nous, le public, sommes-nous spectateurs innocents ou complices enthousiastes ?
Ce cirque judiciaire, c’est un miroir tendu devant notre époque. On y voit le combat éternel entre Davids et Goliaths, revisité avec des costumes sur mesure et des punchlines dignes de séries HBO. Si Ruffin est le poil à gratter du système, Arnault reste celui qui fabrique les coussins en soie pour qu’on oublie l’inconfort.
Alors, qui gagne ? Peut-être ni l’un ni l’autre. Mais une chose est sûre : on ne pourra pas dire que ce procès manquait de style.