Trump, ou l’art de flairer la faille
Si Donald Trump a un talent – et oui, il en a un, aussi dérangeant que cela puisse être – c’est celui de sentir les failles, un peu comme un loup devant une brebis boiteuse. Et l’Europe, avec ses dissensions internes et sa paralysie stratégique, est une proie de choix. Pour lui, les Européens ne sont qu’une bande d’idéalistes naïfs, accrochés à leurs rêves de paix mondiale pendant qu’il joue au Monopoly avec les dictateurs.
Son premier coup de fil, post-élection, à Viktor Orbán n’est pas une coïncidence. Orbán, ce Trump miniature, est l’incarnation même de ce qui gangrène l’Europe : populisme, repli nationaliste, et mépris affiché pour la cohésion européenne. Tandis que le leader hongrois appelle à une « paix » en Ukraine – comprenez : à capituler face à Poutine – les Européens sont coincés dans leurs divisions comme un chat dans un sac en toile.
Et que fait Trump pendant ce temps ? Il aiguise ses couteaux.
Le couple franco-allemand en coma profond
Si l’Europe avait une colonne vertébrale, elle serait franco-allemande. Mais en ce moment, cette colonne est plus proche du spaghetti trop cuit. Entre un Macron qui s’épuise à jouer les diplomates de pacotille et un Scholz aussi charismatique qu’une chaise de bureau, l’Europe avance à cloche-pied, sans vision ni leadership.
On pourrait presque entendre Trump ricaner depuis Mar-a-Lago. Après tout, une Europe désunie, c’est du pain bénit pour lui. Cela lui permet de diviser pour mieux régner, de transformer les institutions européennes en une bande de figurants dans un mauvais film d’action où il est, bien sûr, la star.
Margaret Atwood, prophétesse involontaire
Margaret Atwood l’avait dit : « Le désespoir n’est pas une option. » Cette phrase, tweetée à l’aube de la première présidence Trump, prend aujourd’hui des allures de mantra. Mais soyons honnêtes, l’Europe actuelle ressemble davantage à une dystopie qu’à une utopie. Avec l’extrême droite qui grimpe comme une vigne sauvage, la démocratie européenne vacille.
Atwood, avec son célèbre roman La Servante écarlate, avait imaginé un monde où l’autoritarisme et la religion dévorent la liberté. Aujourd’hui, Orbán, Meloni et consorts semblent lire ce roman comme un mode d’emploi. Pendant ce temps, les dirigeants européens se noient dans des réunions stériles, incapables de voir le train de l’histoire leur foncer dessus.
Une fin de partie pour l’Europe ?
Alors, que fait-on ? On pourrait se lamenter, organiser des sommets inutiles et espérer que Trump soit distrait par un autre scandale domestique. Ou on pourrait enfin se réveiller. La vraie question n’est pas de savoir si l’Europe peut survivre à Trump, mais si elle peut survivre à elle-même.
Personnellement, je parie sur une étincelle, une révolte salvatrice. Parce que l’Europe, malgré ses faiblesses, a une histoire de résilience. Mais attention : cette étincelle devra venir de la base, des citoyens, des mouvements qui refusent de laisser les populistes et les autoritaires jouer avec leur avenir.
Margaret Atwood avait raison : le désespoir n’est pas une option. Mais l’inaction l’est encore moins.