Un retour aussi improbable qu’un blockbuster en carton
Valls, c’est un peu le phénix de la politique française. Sauf qu’au lieu de renaître de ses cendres, il traîne une aura de polar politique mal écrit. Depuis sa défaite humiliante à la primaire socialiste de 2017, il enchaîne les faux départs et les mauvais rôles : maire manqué à Barcelone, chroniqueur politique qui n’intéresse personne, puis le silence radio. Et voilà qu’en décembre 2024, il réapparaît sous les néons criards de la République.
Sérieusement, qui aurait parié là-dessus ? Même les scénaristes de “House of Cards” auraient trouvé l’idée trop tirée par les cheveux. Pourtant, Emmanuel Macron, maître en recyclage politique, a décidé de lui offrir une nouvelle chance. À croire que le président adore redonner vie à des figures oubliées pour entretenir son propre suspense.
Outre-Mer : un placard doré ou un tremplin risqué ?
Soyons honnêtes, quand on pense à Valls, les Outre-Mer ne sont pas exactement ce qui vient en tête. Lui, c’est plutôt l’homme des polémiques sécuritaires, des sorties musclées contre la gauche « angéliste » et de cette fameuse sortie sur “les Blancos”. Autant dire qu’il ne part pas avec les meilleurs atouts pour incarner un ministère où l’écoute et la diplomatie priment.
Le choix de ce portefeuille pose question. Est-ce une tentative désespérée de Macron pour calmer une situation déjà explosive dans les territoires ultramarins, ou une manière habile d’envoyer Valls au front pour voir s’il peut encore encaisser les coups ? Après tout, rien de tel qu’un homme au cuir épais pour faire face à des revendications aussi complexes que celles des Outre-Mer.
Manuel Valls, le caméléon qui agace
Si Valls fait tant parler de lui, c’est parce qu’il incarne à merveille cette classe politique qui n’abandonne jamais, même face au ridicule. Son retour divise. Les uns saluent sa ténacité, les autres le considèrent comme l’incarnation d’un système incapable de se renouveler. Et là est tout le paradoxe : Valls fascine autant qu’il irrite.
Son style direct, limite brutal, contraste avec le ton feutré de nombreux ministres actuels. Mais est-ce suffisant pour faire de lui un acteur crédible dans un gouvernement déjà fragilisé ? Rien n’est moins sûr. Et on ne peut s’empêcher de penser que ce come-back ressemble davantage à une tentative désespérée qu’à une réelle stratégie gagnante.
La politique, ce grand cirque sans fin
La nomination de Valls rappelle que la politique française adore les retours de figures controversées. Bayrou, Fillon, Juppé… La scène politique nationale est un cabaret où les vieilles gloires remontent toujours sur scène, quitte à interpréter des rôles secondaires. Valls est simplement le dernier à avoir repris le micro.
Mais au fond, cette résurgence pose une question plus large : pourquoi continuons-nous à recycler les mêmes figures au lieu de faire place à une nouvelle génération ? Peut-être parce que, malgré leurs défauts, des personnages comme Valls savent captiver. Ils irritent, choquent, mais ne laissent personne indifférent. Et dans un paysage politique souvent terne, c’est déjà un exploit.
Manuel Valls est un survivant, un opportuniste, et peut-être le ministre dont personne ne voulait mais dont tout le monde finira par parler. Et c’est là tout le génie de Macron : jouer avec nos attentes pour nous surprendre, quitte à risquer un coup de poker. Quant à Valls, il a prouvé qu’il avait la peau dure. Reste à savoir si ce retour sera son dernier acte ou une énième répétition.