un brunch ou une stratégie de domination ?
Derrière les paillettes et le bling-bling du buffet, une question me taraude : qui peut vraiment se payer ce genre de luxe en 2024 ? Pendant que certains comptent leurs tickets resto en espérant s’offrir un demi-croissant au coin de la rue, d’autres sifflent leur troisième flûte de champagne sur l’avenue la plus chère de Paris. Une belle métaphore de notre société, non ?
Le Marriott, avec son ambiance feutrée et ses serveurs qui vous sourient comme si vous étiez le Président, incarne à merveille ce capitalisme décomplexé. Ce n’est pas un simple brunch, c’est une stratégie de domination culinaire. Une manière subtile de rappeler à ceux qui peuvent encore se le permettre que le luxe est un privilège, et que, même en pleine crise, certains n’ont aucun scrupule à afficher leur opulence.
l’art de l’excès maîtrisé
Le Marriott ne fait pas dans la demi-mesure, soyons clairs. Chaque plat est un chef-d’œuvre millimétré, digne d’un épisode de Chef’s Table sur Netflix. Du pain frais qui craque sous la dent aux tartares de poisson qui vous font douter du concept même de régime, tout est fait pour titiller les sens. Mais est-ce que la qualité justifie le prix ? On parle ici d’une addition salée qui pourrait faire froncer les sourcils à ceux qui calculent leur budget énergie cet hiver.
Mais voilà, c’est l’art de l’excès maîtrisé. On te file de la truffe sur ton œuf poché comme si c’était du ketchup chez McDo, et toi, tu te dis que pour une fois, tu vis la vie de ces types qui commandent du champagne comme on commande une pizza. Et ça, c’est jouissif.
le champagne, cet élixir de l’insouciance
Impossible de parler de ce brunch sans évoquer le champagne à volonté. Ou devrais-je dire, l’élixir de l’insouciance. Car soyons francs : qu’est-ce qu’on peut encore se permettre de boire à volonté dans cette ville sans que ça coûte une fortune ? Le robinet, peut-être. Mais ici, on nous sert le Graal, et à chaque gorgée, on sent l’ivresse de cette bourgeoisie insaisissable qui s’offre des plaisirs futiles pendant que les autres comptent leurs centimes.
Le champagne, c’est ce petit truc en plus qui fait que le brunch devient une expérience sociale. Parce que quand tu as bu trois verres de Moët, soudain, le type à côté de toi, que tu aurais ignoré dans le métro, devient ton meilleur pote. Et c’est bien là la magie de cet endroit : il rassemble des gens qui ne se seraient jamais parlé autrement, sauf peut-être pour demander si c’est bien la ligne 1 qui va à La Défense.
le Marriott, temple du brunch ou illusion dorée ?
Alors, oui, c’est indéniable : le brunch du Marriott sur les Champs-Élysées a de la gueule. Mais est-ce vraiment un modèle à suivre ? Peut-être pas. À l’heure où le monde brûle (littéralement et figurativement), on pourrait se demander si claquer 130 balles dans un brunch est vraiment la meilleure des idées. Mais bon, on est à Paris, et ici, tout est question d’apparence, non ?
Finalement, le brunch du Marriott est plus qu’un simple repas. C’est un spectacle. Un show où chacun joue son rôle à la perfection : le riche, le flambeur, le curieux, l’envieux. Moi, je me contente de siroter ma flûte de champagne, en me disant que parfois, même l’illusion d’une vie dorée vaut bien quelques bulles.
Parce qu’après tout, dans cette époque où tout part en vrille, un peu de luxe mal placé ne fait jamais de mal. Et si ça peut nourrir l’âme, au moins autant que l’estomac, pourquoi pas ?