Un brunch ou une stratégie de séduction ?
Passé le tapis rouge, on comprend le message : ici, on vient s’offrir une parenthèse de plaisir parfaitement calibré, pas une leçon d’ostentation. Le prix – 89 € par adulte, 44,50 € pour les mini-gourmets de 3 à 12 ans – reste un petit investissement, mais n’exige pas de vendre un rein sur Vinted. Pendant que certains enchaînent toujours les tickets resto du lundi, d’autres préfèrent swapper leur latte soja pour le buffet palace du dimanche. À chacun ses priorités ; celle-ci sent bon la brioche chaude.
L’art de l’excès maîtrisé
Le chef n’est pas là pour faire dans la demi-mesure : saumon gravlax, mini-pâtisseries qui brillent plus qu’un filtre Insta, et ce pain qui craque sous la dent comme si la baguette avait décroché le rôle principal. Pas de truffe pour déguiser l’assiette en sapin de Noël ; l’idée est plutôt de sublimer le classique sans tomber dans l’overdose. Les assiettes circulent, le service est cousu d’or mais virevolte léger, et le palais attrape au vol des canneliers bien dosés.
Le champagne, cet élixir de l’insouciance mesurée
Ici, une coupe offerte ouvre le bal – pas de robinet magique à bulles. Assez pour faire pétiller les conversations sans transformer la table en soirée mousse. On goûte, on lève son verre, puis le brunch déroule son carpet d’agrumes pressés minute et de mocktails travaillés pour ceux qui préfèrent rester sages. Dans une ville où l’espresso frôle les 4 €, placer 89 € sur deux heures de bonheur effervescent reste un calcul finalement très parisien.
Le Marriott, temple du brunch ou mirage doré ?
Difficile de nier le spectacle parfaitement huilé : nappes blanches, serveurs en mode cérémonie, ambiance feutrée qui cajole l’égo. Pourtant, on ne sent ni snobisme poussif ni tape-à-l’œil indigeste. Le Marriott joue la carte d’un luxe décomplexé mais accessible, un petit théâtre gourmand où le curieux côtoie le flambeur sans tirage de chemise. À l’heure où le monde carbure au batch-cooking, se payer une scène gastronomique sur l’avenue la plus célèbre de Paris tient du micro-road-trip sensoriel.
Parce qu’un peu d’or ne fait jamais de mal
En 2025, croquer la capitale, c’est parfois accepter ce contraste permanent : resto néon sous le périph’ un soir, buffet palace le dimanche. Le brunch du Marriott rappelle qu’un Paris opulent mais bienveillant existe encore, capable de rassembler dans la même salle la fashionista en trench et le touriste en baskets. Alors oui, certains compteront leurs centimes, mais d’autres choisiront de troquer trois brunchs tièdes contre une expérience qui claque. Et si l’on ressort avec l’estomac heureux et le sourire un peu plus large ? Mission accomplie.
Je te le dis sans détour : je suis ressorti le ventre rond, le portefeuille légèrement amaigri mais l’humeur boostée comme après un riff de guitare funk. Est-ce que ça deviendra mon rituel hebdo ? Probablement pas – mes noodles minute ont encore de beaux jours. Mais comme cure de luxe express, c’est le genre de parenthèse qui vaut quelques bulles bien senties.
— Et si tu veux vérifier, in real life, si le beurre-salé se marie mieux avec un panorama sur les Champs qu’avec ta cuisine Ikea, tu sais où bruncher.