Un écrin historique revisité
Oubliez les stands en plastique froid : ici, les Champs-Elysées se métamorphosent en passerelle gourmande. Le Publicisdrugstore, temple du pop-culture depuis les années 1950, joue à nouveau les caméléons : spots instagrammables, néons arty et mobilier sleek dessiné pour accueillir des food-lovers exigeants. Entre les vastes plateaux de céramique blanche et les étagères colorées de la cave à vins, le festival installe un dialogue entre passé et futur : un carrefour où les brasseries d’antan croisent les bistrots d’avant-garde.
Chefs, plats iconiques et réinventés
Au cœur de la carte, deux plumes culinaires s’entremêlent : Éric Frechon, star trois-étoilée du Bristol, revient avec ses macaronis farcis à la truffe noire, artichaut et foie gras, gratinés au vieux parmesan, et son merlan de ligne en croûte d’amandes et curry. Ces classiques, véritables joyaux de la gastronomie française, côtoient les plats miroirs imaginés par les jeunes talents de Top Chef, Grégoire Touchard et Charlie Anne. Leur défi ? Sublimer l’héritage du Drugstore avec une pincée de provocation : parfois visionnaire, parfois borderline, toujours piquant.
Masterclasses et mixologie à haute tension
Pour qui pense qu’un festival food se limite à picorer, détrompez-vous : les masterclasses vous poussent jusque dans les arcanes de la cuisine moléculaire, tandis que les ateliers mixologie font exploser les codes avec des cocktails fumants et infusions sauvages. Se laisser surprendre, c’est la devise : un shot de gin infusé au genièvre sauvage, une touche de bitter maison, et voilà le breuvage qui fait vaciller les palais les plus blasés. Les DJ sets, conçus pour accompagner ces dégustations, balancent un mix techno-jazz où les vinyles côtoient les beats lo-fi, garantissant une ambiance électrique jusqu’à tard dans la nuit.
Dîner de gala et cercles d’initiés
Le jeudi 16 octobre, Éric Frechon orchestre un dîner de gala rassemblant la fameuse « Bande du Crillon » : Yves Camdeborde, Christian Constant et Christophe Felder. Une table ronde où se jouent les alliances et rivalités subtiles entre mastodontes de la scène culinaire. Les convives compulsent déjà leurs carnets de recettes, notant chaque astuce glanée entre deux coupes de champagne millésimé. Cette soirée privée, presque clandestine, se veut l’épilogue flamboyant du festival : les chandelles vacillent, les parfums s’entremêlent, et la haute gastronomie offre ses derniers feux.
Culture, anecdotes et esprit rebelle
Impossible de parler de ce festival sans glisser un soupçon de culture pop : une projection de Chef, le film de Jon Favreau, où chaque réplique sur le food-truck prend des airs de manifeste, ou un hommage sonore à Daft Punk, duo culte qui a fait vibrer les dancefloors parisiens. Côté anecdotes, certains racontent qu’un célèbre vidéaste a tenté, en plein atelier mixologie, de refaire le fameux cocktail « Overdose » de Breaking Bad : mélange explosif de tequila et piment, sans filet de sécurité. Résultat ? Un silence gêné, quelques hoquets et un fou rire général : la métaphore parfaite d’une gastronomie sans concessions.
Paris, laboratoire des tendances food
Cet événement incarne le lab où se conçoivent les futurs classiques de la gastronomie urbaine. Les millenniales, Gen Z et les plus jeunes en quête d’expériences authentiques y dénichent de nouvelles pistes : burger végétal aux fleurs comestibles, pain perdu revisité façon mochis, ou encore fromages affinés à la bière artisanale. Entre deux bouchées, on débat de l’impact écologique de la culture truffière ou de l’utilisation de nano-ingrédients, preuve que le festival ne cède pas aux modes superficielles, mais cherche à questionner et éduquer.
Réflexions tranchantes et envolées engagées
Sous le vernis festif, se dessine une critique implicite : pourquoi continuer à subventionner les fermes industrielles quand des producteurs locaux offrent une qualité phénoménale ? Le festival, en mettant en lumière les artisans de la France entière, rappelle que le goût est un combat politique. Faut-il vraiment être chef étoilé pour créer l’émoi ? Les food-truckeurs présents prouvent le contraire : la créativité jaillit parfois de la plus humble des cuisines.
Au sortir de ces dix jours effrénés, les papilles sont marquées à vie, les esprits éveillés, et le Publicisdrugstore aura prouvé que la gastronomie peut se vivre comme un festival d’art, où chaque plat est une toile, chaque verre un poème. Pour celles et ceux qui rêvent encore d’un monde où la table devient tribune, d’un Paris qui pulse au rythme des assiettes, il ne reste qu’à laisser l’envie vous guider vers l’allée la plus gourmande de la capitale.