par | 24 Déc 2024 à 10:12

Clubbing dans les bars d’hôtels : la hype, ou le début de la fin ?

Dans un Paris où la fête se réinvente à chaque battement de cœur, une scène improbable émerge : les bars d’hôtels deviennent le nouveau terrain de jeu des oiseaux de nuit. Plus besoin d’un club en sous-sol moite ou d’une warehouse perchée à 45 minutes en RER B ; la teuf, désormais, se glisse sous les dorures et les lustres des grands hôtels. Mais est-ce vraiment la révolution qu’on attendait, ou juste un coup marketing bien ficelé pour nous faire payer un mojito 25 euros ?
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Une soirée façon Gatsby, mais sans la décadence

Si vous pensiez que l’hôtel se limitait à poser votre valise ou à rouler des draps, détrompez-vous. Aujourd’hui, on y danse. Des lieux comme le Bar Hemingway du Ritz ou le Gigi Paris accueillent des DJ sets dignes des plus grandes boîtes. Ici, pas de bousculade devant le vestiaire ni de regards de videurs sceptiques. Non, dans ces lieux feutrés, tout est calibré pour te donner l’impression d’être le héros d’un roman de Fitzgerald.
Sauf qu’au lieu de boire du champagne au bord d’une piscine en Floride, tu bois ton cocktail sur un tabouret en velours, coincé entre un influenceur TikTok et une trentenaire en escarpins qui filme la déco pour son Insta. Le rêve a un goût de synthétique, un peu comme un vinyle usé : chic en surface, mais creux dans le groove.

Quand l’underground se fait chic

Les amateurs de nuits folles y voient une démocratisation de la fête, un endroit où la techno et l’électro s’invitent dans des cadres autrefois réservés aux costards-cravates. On parle même d’un nouveau souffle pour les lieux de prestige, devenus « accessibles » au commun des mortels. Mais franchement, qui a envie d’écouter un set de techno minimaliste tout en observant un serveur jongler avec des olives pour ton Martini ?
La fête, la vraie, c’est la sueur, les beats qui te vrillent les tympans, et la liberté de te trémousser sans craindre de froisser la nappe en lin blanc. Ici, l’underground se fait chic, mais perd son âme. Un peu comme si Banksy exposait dans une boutique Hermès.

Le retour de l’exclusivité déguisée

On pourrait se réjouir d’une fête plus ouverte, mais soyons honnêtes : ces soirées dans les bars d’hôtels ne sont rien de plus qu’une nouvelle façon de segmenter la fête selon ton portefeuille. Les portes sont certes grandes ouvertes, mais seulement si tu es prêt à lâcher un SMIC pour une tournée. On te vend une expérience « unique », un brin mystérieuse, mais au final, tout est calibré pour te faire consommer toujours plus.
Et cette pseudo-accessibilité ? Une farce. Tout le monde sait qu’il faut « connaître quelqu’un » pour obtenir une table à certains endroits. Autant dire qu’on n’est pas près de voir débarquer Mamadou, qui organise des open decks à Belleville, poser son set entre deux bouteilles de Ruinart.

Nostalgie d’une époque plus sauvage

Rappelez-vous les soirées d’antan : les raves dans des parkings désaffectés, les afters improvisés dans des apparts minuscules, ou même les longues nuits au Rex Club, où le seul luxe, c’était d’avoir un casier à la consigne. C’était imparfait, souvent bordélique, mais tellement vivant.
Aujourd’hui, cette vitalité semble diluée dans une quête d’esthétisme et d’apparences. Les bars d’hôtels offrent une fête aseptisée, où chaque détail est pensé pour Instagram plutôt que pour l’instant.

Danser sous les dorures : une révolution ou une régression ?

Au final, ces soirées dans les bars d’hôtels incarnent une tendance symptomatique de notre époque : tout doit être joli, photogénique, et parfaitement marketé. Mais la fête, la vraie, c’est l’imprévu, l’authenticité, les moments volés au chaos. Sous les lustres des palaces, on danse, certes, mais est-ce que l’on s’amuse vraiment ?
La fête ne devrait pas être une simple parade de luxe, mais un exutoire, une manière de se libérer des codes, et non de s’enfermer dans un cadre préfabriqué. Alors oui, si tu veux jouer les dandys des temps modernes, fonce. Mais si tu cherches l’étincelle brute, celle qui te brûle encore la peau le lendemain matin, regarde ailleurs. Parce que sous les dorures, le feu de la fête est peut-être déjà éteint.

Tom, rédacteur passionné chez ANousParis 🖋️. Je couvre toute l'actu parisienne - culture, événements, et tendances de la Ville Lumière! 🗼