L’invasion basket : les vrais rois, c’est dans la rue
Oublie les parquets en bois vernis et la NBA aseptisée. Ici, on joue en 3×3, dehors, avec le bitume pour témoin et la ville pour public. Samedi 7 juin, la terrasse extérieure du forum des Halles devient une cage de gladiateurs pour le basket. Les gladiateurs, c’est ces équipes venues de tout le Grand Paris, qui ont bouffé du béton lors des qualifs à Aubervilliers et dans le XVIIIe, histoire de gagner leur ticket pour l’arène. Objectif ? Mettre à l’amende Selftalk et Noname, les boss de l’édition 2024, pour prouver que le titre de Paris c’est plus qu’une coupe en toc, c’est un bout de respect dans un écosystème urbain qui ne pardonne rien.
Le 3×3, c’est l’essence même du basket : rapide, technique, trash-talking dans la bouche et regards qui tuent sous la lumière crue de la Canopée. Ici, le basket redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un sport de rue, d’ego et de collectif qui s’affrontent à chaque possession. Ce n’est pas du sport, c’est une culture, et à Paris, c’est une question de vie ou de mort sociale. Oublie les clubs feutrés et les douches parfumées, à Playin’Paris, le vestiaire c’est la ville.
Showcases, beats et battles : le hip-hop en mode grande messe
C’est simple, Playin’Paris n’a jamais prétendu être un simple tournoi de basket. C’est un rituel urbain, une convocation générale de tous ceux qui vivent pour le bpm et la rime ciselée. Le DJ Contest du vendredi va faire chauffer la Canopée avec une déferlante de talents qui s’affronteront dans des épreuves techniques inspirées du mythique DMC – la Mecque mondiale des battles DJ. Les platines ne sont pas faites pour les mains tremblantes, surtout avec Dirty Swift et DJ Stresh pour chauffer la salle et juger la créa.
L’année dernière, c’est un ricain, DJ Dynamix, qui a mis tout le monde d’accord. Cette année, on veut du sang neuf, du talent maison, de la virtuosité bien française et une audace qui ferait rougir David Guetta. Les survivants auront la chance de voir s’éclater les sets de Crazy B, septuple champion DMC (rien que ça, tu peux ranger ta clef USB), de la phénoménale T-Sia (internationale, rien que le titre t’en impose), et de Rony, gagnante de la seconde édition du contest Playin’Paris, histoire de rappeler qu’ici, la couronne se gagne chaque année sur l’autel de la technique pure et du groove vénère.
Artistes en feu : l’hymne urbain à ciel ouvert
Ce week-end, oublie Spotify et Netflix. Viens prendre une vraie claque musicale avec des showcases live qui tabassent. Clara Charlotte, découverte sur Netflix dans « Nouvelle École », balance une vibe à mi-chemin entre la soul, le R&B et le rap. Originaire d’Orléans, elle sait manier le micro avec la même dextérité qu’un handle sur un terrain. Ses lyrics ? Tranchants, sensuels, jamais tièdes. On est loin du rap d’ascenseur, ici c’est la vraie vie, avec ses uppercuts et ses zones d’ombre.
Et puis, il y a Dakeez. Un type qui a déjà sa place au Panthéon du hip-hop français, quadruple champion de France, danseur, auteur, compositeur, bref, la totale. Sa musique ? C’est la bande-son d’une génération qui a grandi entre béton, trap, R&B et la douce violence de la trapsoul. Voir Dakeez sur scène, c’est comme voir la ville elle-même rapper : imprévisible, sincère, bouillante.
Dans la mêlée, tu croiseras aussi DJ Lass, qui électrise la foule avec des sets où la technique rivalise avec le show. Mais attention, Playin’Paris ne se contente pas de musiques et de ballons : place aux performances artistiques avec, en prime cette année, un show France-Brésil pour la saison culturelle 2025. B-Girl Tweoi et B-Boy Till viendront déchirer le parquet improvisé de la Canopée avec des figures de breakdance à faire passer tes vidéos TikTok pour des tutos stretching.
Playin’Paris : ce que la Ville Lumière n’a jamais su dompter
Chaque année, Playin’Paris attire une foule hétéroclite, venue célébrer la culture urbaine dans ce qu’elle a de plus authentique. Au-delà du sport, de la musique, des battles et de l’énergie brute, il y a cet esprit de communauté, de partage et de performances sans filet qui manque cruellement au Paris des musées aseptisés et des brunchs Instagram.
C’est l’antidote parfait à la monotonie de la capitale. Pas de filtre, pas de fake, juste la rue, la vraie, qui explose sous la Canopée. C’est un coup de poing, une invitation à sortir, à crier, à exister. Tu viens comme tu es, tu repars transformé, lessivé, grandi. La ville a encore un cœur qui bat, et il te donne rendez-vous là, sur le béton des Halles.
Le mot de la fin, brut et sincère
Si tu fais partie de ceux qui pensent que Paris c’est mort, que la jeunesse s’emmerde et que la culture urbaine n’est plus qu’une posture en stories, je te conseille d’aller te frotter à Playin’Paris. Tu verras que le vrai Paris, celui qui ne dort jamais, qui sue, qui rit et qui danse, t’attend au tournant. J’y serai, probablement en train de me faire humilier au DJ contest, de rater un panier ouvert ou de me prendre une leçon de style par Clara Charlotte, mais j’y serai — parce que c’est ici que la capitale se réinvente, chaque année, au rythme des basses et des dribbles.