Première vague : bienvenue dans la fosse aux sirènes
Le centre aquatique olympique de Saint-Denis, cette bête de béton et de bois tout juste inaugurée, ouvre ses portes aux premières compétitions officielles en accueillant la deuxième étape de la Coupe du monde de natation artistique. Entre le 3 et le 10 mai, l’élite mondiale de cette discipline enfile maillots à paillettes et bonnets fleuris pour une répétition générale avant les Jeux olympiques de Paris. C’est l’occasion rêvée pour mettre le bâtiment flambant neuf à l’épreuve.
Un édifice à peaufiner
Première impression ? Le coffrage en bois imposant du centre aquatique attire le regard comme une épave rouillée au fond de l’océan. Une expérience immersive, certes, mais les indications sont aussi claires que de la soupe de méduse, laissant les visiteurs en quête du Saint-Graal aquatique. La plateforme reliant le Stade de France est fermée pour des raisons de sécurité, obligeant certains à faire un détour labyrinthique. Pas de quoi entamer l’enthousiasme d’Emmanuelle, venue depuis Chambéry avec ses filles passionnées de natation artistique, qui trouve néanmoins l’organisation au top une fois sur place.
Un plongeon esthétique
En parlant d’organisation, impossible de passer à côté de l’esthétique. La lumière naturelle baigne les bassins dans une lueur boisée qui évoque une paisible promenade dans la forêt. Audrey Lamothe, nageuse canadienne, est fascinée par cette oasis écolo au milieu du béton, tandis que sa coéquipière Jacqueline Simoneau parle d’une véritable source d’inspiration. C’est avec cette énergie qu’elles décrochent le bronze dans l’épreuve du duo libre, coiffant de justesse les Japonaises Moe Higa et Mashiro Yasunaga.
Mari Moilala, première nageuse finlandaise à plonger dans le bassin olympique, est conquise. Selon elle, les eaux claires permettent de sublimer leur performance artistique. Un must pour ces athlètes en quête de repères avant l’été prochain.
Un bassin encore tranquille
Sur terre, cependant, les gradins restent tristement clairsemés. Les mordus de natation artistique sont majoritairement venus en clubs, et la buvette, rachitique, peine à répondre aux demandes des quelques spectateurs présents. Se désaltérer ou avaler un sandwich devient un véritable marathon contre la montre, mais l’accès aux entraînements des plongeurs de l’équipe de France offre une compensation visuelle non négligeable.
Virginie Dedieu, qui commente l’événement, apprécie la clarté et la beauté du site, mais regrette son plafond bas et le manque de gradins pour un lieu qui accueillera des compétitions olympiques. 5 000 places seulement ? C’est presque aussi modeste qu’une piscine municipale pour une enceinte qui devrait crouler sous l’énergie olympique.
La dernière nage
Avant l’effervescence finale, le centre aquatique se prépare avec une série de tests supplémentaires. Les fans de water-polo s’exalteront le 6 mai avec une confrontation franco-américaine, suivie par les finales masculines du championnat de France les 7 et 8 mai. Le meeting international de plongeon, prévu du 8 au 10 mai, offrira une ultime occasion de régler la mécanique avant le grand plongeon dans la gloire olympique.
C’est un avant-goût corsé qui aiguise nos appétits pour l’été prochain. Reste à savoir si ce centre aquatique, aussi inspirant soit-il, tiendra ses promesses sous la pression des caméras et de la foule. Les Jeux de Paris 2024 seront un moment charnière, et je ne sais pas pour vous, mais je suis prêt à plonger tête la première dans ce spectacle.