Une révolution sportive dominicale
Depuis le lancement de Paris Sport Dimanches en mai 2019, Paris redistribue les cartes du dimanche matinal : fini la grasse matinée, place à l’effort en plein air. Chaque session dure deux heures, de 10 h à 12 h (note : horaire spécial boxe 9 h-11 h) et déploie un sport différent chaque semaine. Cette année, la savate, art noble et véloce à la française, prendra ses quartiers à la lisière de la butte Montsouris, dans le 14ᵉ arrondissement, pour dix dimanches d’efforts, de sueur et d’adrénaline.
Le ring bucolique
Imagine un ring entouré de pelouses, un public de joggers ébahis et le cliquetis des gants sur les poings gantés, sous la canopée des arbres centenaires. Point de rendez-vous : près de la statue à l’entrée rue Nansouty/Reille. Munis de tes affaires de sport, d’une gourde et de ta meilleure mine de boxeur, tu intègres un atelier warm-up, technique de coups de pied et de poing, puis un sparring-street adapté aux niveaux. Le tout orchestré par des coachs de la Fédération, rodés aux rings et aux parquets d’arènes internationales.
Pourquoi la savate cartonne
La boxe française, ou savate, n’est pas née d’hier : depuis la fin du XIXᵉ siècle, Paris-la-braise a vu naître cet art mixant élégance et brutalité, héritage des marins de la marine nationale et des bas-fonds parisiens. Aujourd’hui, elle fait son grand retour sous les arbres, loin des dojos étriqués. À 23 ans, j’ai testé la discipline : le tir de coup de pied bas, c’est comme un tango brutal, et le crochet installé sur gazon, une expérience quasi mystique.
Un entraînement urbain et convivial
Le charme vénère de ce format ? Tu débarques seul·e, en crew ou en famille, et tu repars en gang. Les rangs se font et se défont, les coups fusent dans la bonne humeur, entre deux blagues du coach sur les parisiens qui courent pour rater leur métro. Pas de barrière à l’entrée, juste un besoin criant de redonner au sport sa dimension sociale et sauvage. Les enfants, les étudiant·e·s fauché·e·s et les jeunes pro en quête d’un fight du dimanche matin s’y retrouvent, gobelets de café à la main une fois l’effort terminé.
Le cardio en mode détox digitale
Dans un monde où on scroll plus vite qu’on ne respire, enfiler des gants, c’est un acte presque politique : coup de pied dans l’écran, uppercut contre l’info-trop-pleine. En deux heures, je te garantis que ton pouls monte plus vite qu’un métro bondé, et ton cerveau déconnecte façon détox totale. Au-delà de la brûlure calorique, tu redécouvres la ville autrement : la skyline de Montsouris, le vol des corneilles et le rire des potes marqués à la boue.
Les coulisses du dispositif
Organisé par la Ville de Paris et la Fédération Française de Savate, cet événement fait partie du programme estival de Paris Sport Dimanches, qui propose gratuitement des disciplines variées – muscu, yoga, danse, randos – dans tous les arrondissements. À Montsouris, la FF Savate mobilise ses éducateurs pour encadrer en toute sécurité, bouteilles d’eau en section, tapis de sol et gants mis à disposition pour les oubliés du weekend.
Derrière mon regard noir
J’ai beau être un grincheux, j’avoue que me prendre un low kick contemplatif dans la brume matinale a quelque chose de jouissif. J’ai ri quand un voisin en bermuda imprimé s’est pointé cramponné à ses lunettes de soleil, persuadé que le soleil suffirait. J’ai souffert quand mes mollets ont hurlé, mais j’ai adoré ce mélange de luxe champêtre et de coup de poing urbain. Ma foi sarcastique s’est estompée devant tant de sueur et de partage : qui aurait cru que Paris pouvait mettre la savate à l’honneur entre deux graviers ?
Cette série de sessions, c’est surtout un rappel brutal qu’on n’est jamais trop urbain pour retomber en enfance, jouer à boxer les ombres et se rappeler que le sport, c’est avant tout du fun, même quand ça pèle. L’idée de terminer chaque dimanche avec un esprit vidé, la peau marquée et le cœur en liesse, voilà le luxe accessible à tou·te·s, sans fancy membership ni swipe payant.
Vendredi soir, j’irai chercher mon matos, un brin fébrile à l’idée de mon premier round digne d’Hollywood. Parce qu’au fond, ce n’est pas seulement la boxe qui m’attire : c’est la promesse d’une rébellion matinale, d’une échappée belle dans la ville, et d’un souvenir marquant gravé dans la peau. Et toi, prêt·e à venir boxer tes soucis sous les arbres de Montsouris ?