par | 14 Oct 2024 à 11:10

Le grand écart sur la fiscalité du gaz : incohérences gouvernementales en pleine lumière

Il n’aura fallu que quelques jours pour que le gouvernement affiche au grand jour ses divergences sur la fiscalité du gaz. D’un côté, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher annonce une augmentation des taxes sur le gaz dans le cadre du budget 2025. De l’autre, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin la contredit, affirmant ne pas être favorable à cette mesure. Cette dissonance met en lumière un dilemme qui dépasse le simple cas de la fiscalité : la question de l'équilibre entre transition écologique et réalité économique.
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Une fiscalité sur le gaz en débat

Vendredi dernier, Agnès Pannier-Runacher a déclaré que le gouvernement allait proposer une hausse de la fiscalité sur le gaz dans le cadre du projet de loi de finances 2025. Selon elle, cette mesure s’inscrit dans un effort global pour réduire les niches fiscales sur les énergies fossiles. Les chaudières à gaz, les billets d’avion et autres dispositifs polluants seraient visés, avec pour objectif de rendre les solutions décarbonées plus compétitives.

Pannier-Runacher justifie cette décision en expliquant qu’il est essentiel de « donner des signaux de prix cohérents ». Selon elle, tant que le gaz bénéficiera de conditions fiscales avantageuses, il continuera d’être une option privilégiée, au détriment des solutions plus respectueuses de l’environnement.

Laurent Saint-Martin : un désaccord budgétaire

Cependant, le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, n’a pas tardé à répondre. Le lendemain, sur le plateau de TF1, il a déclaré qu’il n’était « pas favorable » à une augmentation de la fiscalité sur le gaz. Selon lui, le projet de loi de finances 2025 ne prévoit pas une telle mesure, et il ne semble pas enclin à la modifier en cours de route.

Saint-Martin met en avant des préoccupations budgétaires : alors que l’inflation est enfin sous contrôle, il estime qu’alourdir les factures des ménages avec une nouvelle taxe sur le gaz serait contre-productif. Une réponse qui, bien qu’ancrée dans des considérations économiques, entre en contradiction frontale avec l’ambition écologique affichée par le gouvernement.

Transition écologique ou stabilité économique ?

Ce différend reflète un problème de fond : comment la France peut-elle réussir sa transition énergétique tout en maintenant une stabilité économique ? D’un côté, la pression pour accélérer la réduction des émissions de CO2, notamment en taxant plus lourdement les énergies fossiles, se fait de plus en plus forte. De l’autre, l’État doit ménager des ménages encore marqués par les hausses spectaculaires des prix de l’énergie observées ces dernières années.

En réalité, ce débat sur la fiscalité du gaz ne fait que révéler des tensions plus larges. Le gouvernement est partagé entre l’urgence de la transition écologique et la nécessité de maintenir le pouvoir d’achat, surtout pour les ménages les plus modestes. Ce manque de clarté risque de brouiller le message envoyé aux consommateurs, qui doivent pouvoir faire des choix éclairés en matière d’énergie.

Une fiscalité électrique qui augmente

Pendant que la fiscalité sur le gaz est débattue, le gouvernement a d’ores et déjà prévu d’augmenter la fiscalité sur l’électricité. À partir de février 2025, les consommateurs verront leurs factures baisser de 9 %, mais cette réduction sera en partie compensée par une hausse des taxes. Le bouclier tarifaire, mis en place en 2021 pour protéger les ménages contre l’explosion des prix, sera progressivement démantelé, et la fiscalité sur l’électricité reviendra à son niveau pré-crise.

Cette situation peut paraître paradoxale. Alors que l’électricité en France est largement décarbonée, notamment grâce à l’énergie nucléaire, c’est cette source d’énergie qui verra ses taxes augmenter, tandis que le gaz, une énergie fossile, échappe pour le moment à de nouvelles mesures fiscales. Une incohérence qui pourrait freiner l’adoption des solutions décarbonées, alors même que le gouvernement veut les promouvoir.

Un avenir incertain pour la politique énergétique

La querelle sur la fiscalité du gaz illustre les difficultés du gouvernement à élaborer une politique énergétique cohérente et efficace. Les ambitions écologiques se heurtent aux contraintes économiques, et les messages envoyés aux consommateurs sont brouillés par des décisions contradictoires.

La France fait face à un défi majeur : réussir sa transition énergétique tout en protégeant les ménages les plus vulnérables. Mais sans décisions claires et concertées, la route vers la décarbonation risque d’être longue et semée d’embûches. Pour que la transition énergétique soit véritablement efficace, le gouvernement devra trouver un équilibre entre l’écologie et l’économie, sans quoi les objectifs climatiques resteront hors de portée.

Tom, rédacteur passionné chez ANousParis 🖋️. Je couvre toute l'actu parisienne - culture, événements, et tendances de la Ville Lumière! 🗼