Matignon, le terrain de jeu de la majorité
Le décor est planté : Élisabeth Borne ouvre son carnet de rendez-vous à tout va pour calmer les esprits et montrer qu’elle écoute. Mais soyons honnêtes, cette mascarade de dialogue ressemble plus à une opération communication qu’à une réelle main tendue. Et ce n’est pas la première fois qu’un Premier ministre joue la carte du rassembleur pour mieux maintenir le cap d’une majorité vacillante. Sauf que les Insoumis, eux, ne mordent pas à l’hameçon. En snobant Matignon, ils se positionnent comme les seuls défenseurs du peuple, contre un gouvernement qu’ils jugent autoritaire et hors-sol.
Une stratégie de confrontation permanente
Boycotter Matignon, c’est vendre l’image d’une opposition pure et dure, à mille lieues des petits arrangements politiques. Mais à force de rester dans le registre du refus, La France Insoumise risque de passer pour un parti incapable de jouer le jeu démocratique. Le refus du dialogue, ça plaît à la base militante, mais qu’en pensent les électeurs hésitants, fatigués des postures ? En promettant une motion de censure systématique, les Insoumis ne font-ils pas exactement ce qu’ils reprochent au gouvernement : ignorer les nuances et préférer l’affrontement à la négociation ?
Le théâtre des égos
Derrière cette mise en scène, difficile de ne pas voir une part de calcul personnel. Jean-Luc Mélenchon, toujours dans l’ombre de ses anciens lieutenants, semble orchestrer ces mouvements comme un metteur en scène jaloux de son public. Mais le jeu peut vite lasser. Une opposition constructive, ce n’est pas une série Netflix où chaque épisode se termine par un clash. Le danger pour les Insoumis, c’est de devenir prévisibles, voire caricaturaux, dans leur quête de l’anti-système à tout prix.
Une société en quête de solutions
Pendant ce temps, les Français regardent le spectacle d’un œil désabusé. Entre une majorité qui peine à convaincre et une opposition qui crie au loup à chaque occasion, la lassitude gagne. Ce boycott de Matignon, bien qu’impressionnant sur le papier, a-t-il vraiment un impact sur la vie quotidienne des citoyens ? L’inflation, les inégalités, la réforme des retraites : voilà les vrais sujets qui méritent de l’énergie et du débat. Et si les Insoumis concentraient leur rage sur des propositions concrètes plutôt que sur des coups médiatiques ?
Le problème, c’est que la politique d’aujourd’hui fonctionne comme un match de catch : du spectacle, des déclarations fracassantes et, au final, pas grand-chose pour résoudre les vrais problèmes. Peut-être que La France Insoumise gagnerait à changer de registre, pour surprendre et, qui sait, rassembler au-delà de son socle militant. Mais cela demanderait de sortir du confort des certitudes. Et ça, c’est une autre histoire.