Une fin de carrière en beauté, mais sans médaille
Nikola Karabatic, le Mozart du handball, a fait ses adieux sur la scène des JO de Paris 2024. Après une carrière longue de 24 ans, le joueur que beaucoup considèrent comme le meilleur de tous les temps a mis un terme à son épopée. Mercredi 7 août, la France a été éliminée en quarts de finale par l’Allemagne, signant ainsi la fin de cette saga épique.
« J’aurais aimé finir avec une médaille autour du cou, mais apparemment j’en ai gagné assez et je n’y ai plus droit, » lâchait-il, avec ce contre-pied verbal qu’on lui connaît bien. Ce type a passé sa carrière à nous prouver que même dans la défaite, on peut être un modèle de grandeur et d’humilité. Le stade Pierre-Mauroy à Villeneuve d’Ascq était en feu, 27 000 spectateurs debout pour lui rendre hommage. Et même ses adversaires allemands s’y sont mis, applaudissant le maître avec respect.
Une carrière jalonnée de succès et d’embûches
Regardons les faits : trois Ligues des champions, 22 championnats nationaux, trois titres de meilleur joueur de l’année. Une feuille de route qui ferait pâlir n’importe quel athlète. Et pourtant, tout n’a pas été rose. Il y a eu cette sombre affaire de paris truqués à Montpellier en 2012, une tache sur un CV presque immaculé. Nikola a toujours nié les faits, mais la condamnation à de la prison avec sursis et 10 000 euros d’amende reste gravée.
Mais ce qui nous reste vraiment, ce sont ses exploits sous le maillot bleu. Triple champion olympique, quadruple champion du monde et quadruple champion d’Europe. Un palmarès à faire pâlir d’envie Zeus lui-même. Mais au-delà des titres, c’est sa présence, son aura, qui ont marqué le handball français et mondial.
Le clan Karabatic : une dynastie de handballeurs
Chez les Karabatic, le handball, c’est une affaire de famille. Son frère Luka, également capitaine des Bleus, et leur père Branko, ancien gardien de l’équipe de Yougoslavie, ont tous influencé Nikola. « Mon papa nous racontait les JO de Moscou. Il était à la fois mon père, mon prof de sport, mon mentor, mon agent, mon conseiller, » raconte-t-il. Avec 365 sélections et 1 303 buts en équipe de France, Nikola a bien honoré l’héritage familial.
L’anecdote avec Jackson Richardson, son idole, est à tomber par terre. Imagine ça : en 2002, le jeune Nikola reçoit une passe décisive de Richardson pour son premier but en bleu. Un passage de témoin d’une génération dorée à une autre. « Quand j’ai arrêté en 2005, je lui ai dit de porter haut et fort le hand français. Il a été à la hauteur, » se souvient Jackson.
Un modèle à suivre
Nikola Karabatic n’a pas seulement été un joueur de handball. Il a été un modèle de discipline et de rigueur. Son alimentation, son sommeil, tout était sous contrôle pour maximiser ses performances. « Niko a carrément révolutionné le sport, » dit Nedim Remili. « Il a rendu les joueurs plus complets. »
Un adieu sur le terrain et dans les cœurs
Nikola Karabatic s’était préparé à ce moment. Il a savouré chaque instant, chaque hommage sur les terrains où il est passé ces derniers mois. La flamme qui l’animait s’éteint doucement, laissant place à une nouvelle vie. « Ça fait plus de 20 ans que je fais ce sport. 24 ans que je n’ai pas skié, ou pratiqué certains sports, être présent aux anniversaires de mes amis, de mes enfants… » dit-il avec une sérénité nouvelle.
Après avoir tout donné au handball, il est temps pour Nikola de recevoir, de profiter de la vie, simplement. Parce qu’au fond, même les légendes ont droit à un peu de normalité. Merci, Nikola, pour toutes ces années de magie.