Une ambiance morne autour de la sélection
4-0 pour la Belgique. Chez nos voisins, il n’y a guère que le champion cycliste Remco Evenepoel qui affiche une telle confiance en amont du huitième de finale des Diables rouges contre l’équipe de France à l’Euro, lundi 1er juillet à 18 heures. Les Belges se présentent à la Merkur Spiel-Arena de Düsseldorf dans la peau des outsiders, même si les Bleus ont, comme eux, terminé à une décevante deuxième place dans leur poule. Avant ce nouvel épisode d’une rivalité ravivée par la demi-finale du Mondial 2018 (1-0) et celle renversée par les Français en Ligue des Nations début octobre 2021 (3-2), voici ce qu’il faut savoir sur la Belgique.
La scène a surpris, mercredi, au sortir de la qualification des hommes de Domenico Tedesco grâce à un nul contre l’Ukraine (0-0). Sifflés et injuriés par leurs propres fans déçus d’une prestation petit bras, les Belges ont fait demi-tour avant d’arriver devant le virage sous l’impulsion de leur capitaine Kevin De Bruyne. La presse nationale ne les a d’ailleurs pas épargnés, qualifiant les joueurs d’ « insipides » et « sans panache ».
« Je trouve dommage les réactions disproportionnées au niveau des supporters et des commentaires. Avoir des discours à l’emporte-pièces… Il faut que ce soit constructif sinon on n’ira nulle part, » a longuement commenté l’ex-Parisien Thomas Meunier dans la foulée, affecté face à la presse. « Pour moi, l’indifférence crée beaucoup plus de culpabilité que des sifflets. Se taper six heures de route pour insulter les joueurs, je ne pense pas que ce soit une finalité qui puisse arranger tout le monde ».
Lukaku, soulier d’or sans la VAR
Depuis le début de la compétition, le sort s’acharne contre Romelu Lukaku. Contrairement à la dernière Coupe du monde où il avait multiplié les énormes ratés et condamné son équipe à une élimination humiliante au premier tour, l’avant-centre prêté à Rome par Chelsea cette saison a cette fois réglé la mire en trouvant par trois fois le chemin des filets. Mais que ce soit contre la Slovaquie à deux reprises (défaite 0-1) et contre la Roumanie (victoire 2-0), ses buts ont toujours été annulés, à juste titre.
Sans cela, il trônerait tout en haut du classement des buteurs de cet Euro en compagnie de Georges Mikautadze (Géorgie), Ivan Schranz (Slovaquie) et Jamal Musiala (Allemagne). « On a l’équipe pour bien défendre sur lui, » a estimé William Saliba jeudi. « Je pense qu’il n’y a pas beaucoup de défenseurs qui apprécient affronter Lukaku. Il faut être concentré, ne pas se jeter. On sait qu’il est costaud. Il ne faut pas trop le coller non plus. » Il devra néanmoins faire attention avec son compère Dayot Upamecano en charnière, car le meilleur réalisateur de l’histoire de la Belgique (85 buts en 118 matchs), n’est plus resté muet quatre rencontres de suite depuis six ans.
La fin d’une génération dorée
Exit les Eden Hazard, Vincent Kompany et Marouane Fellaini… La sélection belge arrive déjà depuis deux tournois sur une fin de cycle. En Allemagne, la génération dorée née dans les années 2010 ne compte plus, parmi les titulaires, que Romelu Lukaku donc, Kevin De Bruyne et un Jan Vertonghen vieillissant en défense (37 ans). C’est d’ailleurs dans ce secteur que la Belgique apparaît la plus friable. Tandis que Thibaut Courtois, longtemps blessé et en froid avec le sélectionneur, a laissé les cages à Koen Casteels, l’arrière-garde où figurent le Rennais Arthur Theate, l’ex-Rémois Wout Faes et Timothy Castagne ne rassure pas autant que celle des Français.
Devant, le renouvellement de l’effectif semble plus abouti avec l’éclosion de l’ailier Jérémy Doku (Manchester City) et de Loïs Openda (Leipzig). Même si au plat pays, on attend surtout les premières minutes de Charles De Ketelaere, vainqueur de la Ligue Europa avec l’Atalanta. Ce dernier ronge son frein avec les Diables rouges depuis la nomination de Tedesco, frileux d’aligner la jeunesse malgré un coaching réputé novateur à 38 ans.
Voilà où en est la Belgique aujourd’hui. D’un côté, une équipe qui doit lutter contre ses démons intérieurs, et de l’autre, une génération dorée qui s’étiole lentement. Les Diables rouges ont-ils ce qu’il faut pour se redresser face aux Bleus ? Les bookmakers ne misent pas grand-chose dessus, mais le football reste un sport imprévisible. Peut-être que, comme dans un bon film d’horreur, les Belges nous réservent le twist final. Ou peut-être, comme beaucoup de sagas hollywoodiennes, c’est juste la fin d’une époque. La réponse lundi, sur le terrain.