Une lutte éternelle : pauvreté étudiante ou simple économie ?
Depuis 2020, les repas à un euro, d’abord pensés pour les boursiers puis étendus aux étudiants en grande précarité, ont été la bouée de sauvetage pour des milliers de jeunes. Et pour cause : en France, un étudiant sur trois se prive régulièrement de repas. Pour Céline Hervieu, députée socialiste, cette mesure universelle est une nécessité, presque un devoir moral. Imaginez des jeunes, censés être notre futur, sautant un déjeuner faute de moyens – ça donne pas franchement envie de croire en un avenir radieux, n’est-ce pas ?
Et pourtant, cette mesure ne fait pas l’unanimité dans les rangs. Thomas Cazenave, rapporteur spécial du groupe Ensemble pour la République (EPR), n’a pas manqué d’afficher son mépris pour l’universalité du dispositif. Pour lui, subventionner le repas de fils à papa avec le même tarif que celui de l’étudiant galérant avec deux boulots frôle l’injustice. D’où sa critique acerbe de la « régressivité » de la mesure. Oui, mais voilà, l’argument de l’égalité républicaine, c’est la carte maîtresse du camp adverse, avec Aurélien Le Coq en tête de file. Selon lui, en matière de droits, l’universalité est la clé de voûte de la République.
Une solidarité à géométrie variable
La question se pose : faut-il vraiment généraliser le repas à un euro pour tous les étudiants ? Les partisans, dont les voix viennent autant de la gauche que du RN, y voient une main tendue envers une jeunesse qui galère. Ce débat met en lumière l’idée de solidarité : est-elle un droit à revendiquer pour tous, ou une aide à donner à ceux qui en ont véritablement besoin ? Parce que bon, si le CROUS offre déjà des repas à prix réduits, est-il vraiment nécessaire de dépenser 90 millions d’euros supplémentaires pour subventionner l’ensemble des étudiants ? Pour Cazenave, les 3,30 euros actuels pour un repas de CROUS sont déjà un effort conséquent du contribuable.
On est là face à un vrai dilemme. D’un côté, une jeunesse en difficulté qui devrait, en théorie, être soutenue sans distinction. De l’autre, des finances publiques qui s’amincissent chaque jour, et la crainte de tomber dans une solidarité sans distinction, où l’État fait des cadeaux à ceux qui pourraient s’en passer. Bref, le repas à un euro, c’est soit le jackpot social soit un coup d’épée dans l’eau pour les finances.
L’illusion de l’égalité, la réalité de la précarité
Il serait facile de penser que cette mesure signe la fin de la précarité étudiante, mais soyons sérieux : si la pauvreté disparaissait avec un repas à prix cassé, il y a longtemps qu’on aurait bouclé le sujet. La précarité, ce n’est pas qu’un plateau de cantine à un euro ; c’est des loyers exorbitants, des frais de scolarité qui plombent les économies familiales, des stages non rémunérés. Alors oui, ce repas est un petit pas, mais il en faut bien plus pour vraiment changer la donne.
Et les étudiants dans tout ça ? Entre les files d’attente au CROUS et les distributions alimentaires organisées à la va-vite devant l’Assemblée nationale, ils deviennent les symboles vivants d’une pauvreté qu’on préfère voir en statistiques plutôt qu’en réalité. Un peu ironique, non ? Alors qu’on les bombarde de promesses politiques, leur situation reste la même : galérer pour remplir leur frigo. Le repas à un euro pour tous, c’est presque un clin d’œil moqueur dans ce contexte.
Un repas à un euro : mesure phare ou poudre aux yeux ?
Alors, on y va ? On subventionne pour tous et toutes, au nom de la sacrosainte universalité républicaine ? Ou on garde la mesure ciblée pour les plus précaires, histoire de ne pas jeter de l’argent par les fenêtres ? Une chose est certaine : un repas à un euro, c’est bien, mais sans un véritable projet global, ça reste de la poudre aux yeux.